CHAPITRE 7

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JUDE

Mon Dieu ! Qu'est-ce que...

Je m'éveille brusquement alors qu'une nouvelle mélodie classique résonne dans tout le manoir. Ce n'est pas la même qu'hier mais je parie que c'est encore un morceau de Wagner ou de Mozart. L'orchestre est si puissant qu'on dirait qu'il joue réellement juste derrière ma porte. Cette musique est en train de me rendre complètement sourd. Je déteste cette foutue tradition chez Windorf. Je maudis même celui qui a un jour proposé de réveiller tous les élèves de l'internat avec de la musique classique.

Alors que Wagner ou Mozart retentit à plein tube dans les couloirs du bâtiment, je prends mon oreiller et me le colle sur la tête pour étouffer le bruit. Je ne supporte pas d'être réveillé ainsi. Je suis certain que d'autres sont dans le même cas que moi. Je crois même que personne n'aimerait ce genre de réveil en fanfare.

Je reste ainsi pendant cinq bonnes minutes jusqu'à ce que la musique se taise progressivement dans les enceintes murales du couloir. Elle ne résonne plus qu'en bruit de fond. Tout le monde doit être bien réveillés à présent. Il faudrait avoir avalé des somnifères de cheval pour ne pas l'être.

Après avoir plus ou moins végété dans mon lit, je décide qu'il est temps de me lever si je ne veux pas me mettre en retard. Je repousse mes draps à contrecœur, jette mon oreiller derrière moi et inspire un bon coup avant de me redresser. Je m'étire longuement et quitte mon lit en poussant un grand soupir. Je ne suis pas sûr de vouloir débuter cette nouvelle journée mais je n'ai pas vraiment le choix.

Je traîne des pieds jusqu'à la petite salle de bain et commence par me laver activement les dents. Je me rince la bouche et passe de l'eau sur mon visage. Je coiffe rapidement mes cheveux d'un simple coup de main, retire mon pantalon de jogging et le jette dans le panier prévu à cet effet. Je fouille ensuite dans mon placard pour y trouver des vêtements. J'enfile un caleçon, un jean, un t-shirt beige et une paire de chaussettes.

Avant de sortir de ma chambre, je glisse mon téléphone dans la poche arrière de mon jean et mets mes baskets. Je ferme la porte à clé et traverse le couloir en direction de la salle à manger. D'autres comme moi suivent le même chemin. Le petit-déjeuner est servi jusqu'à huit heures et demi. C'est l'heure de pointe où tout le monde vient avaler quelque chose avant que les cours ne commencent.

Quand j'entre dans la grande salle, je repère aussitôt la table que je dois à tout prix éviter. Elton, Faulkner et l'affreux Oscar sont assis tous les trois près d'une des grandes fenêtres. Ils piaillent comme des coqs en se lançant de la nourriture. On voit tout de suite que ce sont des perturbateurs. Si leurs parents n'étaient pas riches à million, ils n'auraient sûrement eu aucune chance d'être acceptés ici.

Le moment que j'ai passé avec eux me laisse encore un goût amer en bouche. Ils étaient si suffisant, si arrogant. J'ai cru halluciner quand j'ai compris qu'ils étaient les investigateurs du bizutage des boursiers. Je suis incapable de comprendre ce qui peut motiver des gens à être volontairement méchants. Ces abrutis ont prit la peine de forcer plusieurs portes pour voler des affaires qui ne leur appartenaient pas. Ce bizutage leur a demandé beaucoup d'efforts. Ils n'ont pas rechigné malgré tout.

Ne voulant pas risquer d'être invité à leur table, je fonce vers le buffet en baissant la tête. Je fixe le sol comme un idiot pour espérer ne pas avoir à croiser leurs regards. Je ne veux pas qu'ils me voient. Je me dépêche de traverser la salle en longeant les murs. Toutes les tables sont occupées si bien que je me fonds facilement dans la masse. Tout le monde est en train de déjeuner.

Devant le buffet, je fais un rapide inventaire de ce que je pourrais prendre. Mon ventre est creux et mon estomac crie famine. Je meurs de faim et tout ce qui se présente à moi me donne envie. Je pourrais prendre de l'omelette, des toastes ou encore un gros bol de céréales. Je me rabats finalement sur une pomme et quelques biscuits que je compte bien emmener avec moi dans ma chambre.

The Pretty BoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant