Camille, 24 ans, fuit la France et Nicolas. Cinq ans d'une relation passionnée et destructrice pèsent sur l'image qu'elle se fait d'elle-même et de l'amour.
Et si, à l'autre bout du monde, une personne, également en quête d'elle-même, lui ouvrait un...
Il me manque. Il me manque terriblement... Qu'est-on en train de devenir ?
*
Ce fut une nuit sans la lumière rassurante de la Lune. C'était angoissant pour Camille. Alors elle tira ses rideaux. Chose qu'elle n'avait fait que rarement depuis son arrivée à Séoul. Masquer ce qui l'inquiétait était un mécanisme de défense dont elle avait du mal à se débarrasser. Il lui était resté une impression étrange depuis le dernier appel qu'elle avait reçu de Namjoon. Elle peinait à la définir. Du moins, elle refusait de la nommer et de l'écrire.
"Pas question de retomber dans les doutes, les angoisses et la suspicion ! Tu as laissé tout ça en France !"
Elle s'endormit sur son Moleskine pleine d'interrogations. "Faire simple est vraiment compliqué".
Le soleil était sur le point de se lever quand son téléphone s'illumina silencieusement sur son chevet.
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5h57 : Les premiers rayons du soleil tentaient une percée entre les rideaux tirés. Une jolie lumière orangée s'étalait sur le tapis depuis la fenêtre jusqu'au lit. Les draps blancs remuèrent légèrement.
06h13 : Une main vivant sa propre vie se tendit vers le téléphone.
06h21 : Les bras de Camille s'enroulaient autour de la taille de celui qui lui avait tant manqué. Ses jambes vinrent se coller aux siennes. Son oreille, tout près de son dos dévêtu, écoutait le bruit de la respiration douce du jeune homme. Elle se rendormit apaisée.
07h03 : Une vive lumière envahissait la chambre. Dans les draps de satin gris, Namjoon caressait le visage de Camille, faisait glisser les mèches rebelles derrière son oreille et la regardait avec une infinie tendresse. Quand elle ouvrit les yeux de nouveau, il était bel et bien là. Elle lui sourit.
— Bonjour, ma toute belle. lui chuchota-t-il en faisant glisser la bretelle de sa nuisette afin de couvrir son épaule de petits baisers.
— Joonie... soupira la jeune femme tout en se lovant contre son torse. Tu m'as manqué.
— Ne bouge pas. J'ai une petite surprise pour toi !
Elle tenta de le retenir en enroulant ses bras et ses jambes autour de lui, ce qui le fit rire. Il colla un baiser bruyant sur son front.
— Je ne vais pas loin, Jagiya.
Elle regarda son long corps à demi nu se déplier pour sortir de leur nid. Il prit une petite boite noire avec une inscription en lettres majuscules dorées. PIAGET. Il revint s'asseoir tout près d'elle. Elle se redressa et le regarda avec des yeux interrogateurs. Il ouvrit alors l'écrin avec un sourire timide et en sortit un joli bracelet argenté. Avec une infinie douceur, il attrapa le poignet droit de Camille et, malgré des gestes maladroits, y attacha le bijou d'une beauté toute simple.
Camille ressentit toute une foule d'émotions simultanées. C'était impossible de faire le tri ! La surprise, la joie de recevoir un cadeau inattendu de sa part, l'embarras, une profonde affection face à ce visage respirant la tendresse... si bien qu'elle ne prêta pas tout de suite une grande attention au présent.
— Il te plaît ? demanda-t-il tout heureux.
Camille fit tourner son poignet à la lumière et admira la fine chaîne qui scintillait sous les rayons du jour.
— Je sais que tu aimes les choses simples. dit-il d'une voix très douce presque basse. J'avais envie que nous nous offrions une paire de bague, mais...
Elle fut comme sortie brutalement de sa rêverie.
— Quoi ? Des bagues ?
Il comprit vite l'étonnement de Camille. Il oubliait parfois qu'elle ne vivait pas ici depuis toujours. Il s'expliqua alors rapidement :
— Jagiya, ce n'est pas ce que tu crois ! Ici, les amoureux s'offrent des "couple rings". Je... j'ai... commença-t-il à bégayer.
Elle se jeta à son cou pour l'embrasser. C'était trop ! Trop de suavité, trop d'amour... et cela lui avait tant manqué.
— Oui, si tu veux ! On ira les choisir ensemble, Joonie.
Ses longues mains se posèrent sur la taille de Camille. C'était leur place. Tout était exactement à la bonne place.
*
Le soleil maintenant bien haut dessinait des ombres sur le dos et les fesses nus de Camille allongée sur le ventre. Namjoon faisait courir son index sur la peau douce et s'amusait de la voir frissonner.
Elle admirait le bracelet.
— Merci, Joonie ! Je l'aime vraiment beaucoup. En argent, c'est parfait. Et les sept petites gouttes de cristal sont très mignonnes ! J'espère ne pas les arracher par mégarde.
— C'est de l'or blanc, Jagiya, et des petits diamants...
Sans se soucier d'être totalement nue, elle bondit sur ses genoux et tenta de retirer le bracelet.
— Qu'est-ce que tu fais ?
— Je ne peux pas ! Je ne peux pas le garder ! C'est trop pour moi !
Ses grandes mains emprisonnèrent vivement les doigts nerveux de la jeune femme.
— Ssshhhh... c'est mon cadeau. Il te plaît, non ? Ne panique pas tant ! "Pas pour toi". Alors pour qui ? Crois-tu qu'il faille le mériter ? Crois-tu que toutes les belles choses ne reviennent qu'aux gens méritants ? Bien sûr que c'est pour toi ! Bien sûr que j'avais envie de te l'offrir à toi puisque je le peux, puisque je t'aime... à personne d'autre.
Elle resta interdite un court instant. Il la serra tout contre lui passant une main dans ses cheveux.
— Je t'aurais ramené un coquillage, tu aurais été aussi heureuse, n'est-ce pas ?
