Ce n'est finalement pas à minuit que j'avais éteint les lumières, mais à une heure du matin. Inutile de préciser que le lendemain matin, je n'étais pas aussi fraîche que d'ordinaire. Marguerite, Chloé et Auriane avaient dû ruser pour me faire sortir du lit. Et cette manigance impliquait notamment, un grand sceau d'eau. Pas besoin de vous faire un dessin pour que vous compreniez de quoi il s'agit. Mon lit n'avait pas l'air de pouvoir survivre à cette attaque quand je l'avais laissé le matin même en allant dire bonjour aux anciens prisonniers dans le baraquement. Comme la dernière fois, ils allaient tous très bien, quoique Evan commençait à trouver le temps long, aussi loin de sa famille, ce que je comprenais très bien. Et cette situation me mit en rage. Un enfant ne devrait jamais être séparé de ses parents sauf s'ils lui font du mal ou qu'ils ne sont pas capables de s'occuper de lui. J'espérais de tout cœur qu'ils seraient tous libérés très bientôt. J'appris aussi que Maya devait venir dans cette « prison » demain, puisqu'elle serait en état de se déplacer correctement, sans douleur d'après le médecin. Je passais une bonne partie de la journée en leur compagnie avant de partir vers les écuries. Mais à peine fus-je arrivée, qu'un jeune homme se précipita à ma rencontre.
- Mademoiselle Iris ! Vous êtes demandé par Leurs Altesses Royales !
Je fronçais les sourcils. Théo et Aurore me cherchaient ?
- Pour quelle raison ?, demandais-je.
- Je l'ignore, j'ai seulement reçu l'ordre de vous amener jusqu'à eux.
Bien que sceptique, je me laissais guider par ce jeune employé du palais, à travers les jardins, puis dans le palais, jusqu'à un petit salon. Enfin, petit ce n'en avait que appellation. À l'intérieur, Théo et Aurore discutaient, mais on aurait plutôt dit qu'ils se disputaient. Alors que j'entrais, je pus entendre une partie de leur dispute.
- Tu aurais dû m'en parler Aurore ! Comment veux-tu que je te protèges si tu ne me dis pas ça ?, énonça vivement Théo.
- Me protéger ? Mais je suis une grande fille qui sait se débrouiller merci bien ! Je ne t'en ai pas parlé plus tôt pour éviter cette réaction !, rétorqua Aurore, ses yeux lançant des éclairs.
- Et bien ! Que d'énergie ici !, les interrompis-je en sentant la colère monter d'un cran supplémentaire.
Aussitôt, leur attention se reporta sur moi, permettant à la tension de redescendre. Aurore m'adressa un grand sourire et se leva pour m'embrasser.
- Pourquoi m'avoir fait venir ? Vous voulez que je fasses l'arbitre dans votre affrontement ?, badinais-je. Je vous préviens de suite, tous les coups sont permis, y compris physiquement.
Ma remarque eut le mérite de les faire sourire.
- Sérieusement, qu'y-a-t-il ?, repris-je.
Leurs sourires s'estompèrent un peu. Puis, Aurore prit une grande inspiration.
- Je lui ai recompter la discussion avec Mère.
J'eus tout à coup l'impression que du plomb avait remplacé tous mes organes internes. Voyant que je ne réagissais pas, elle continua.
- Théo n'a pas très bien réagi à la nouvelle de Mère, mais si on t'a fait venir ce n'est pas pour ça.
- Pourquoi alors ?
- Père et Mère vont venir essayer de convaincre Aurore d'accepter cet...arrangement et il compte sur mon soutien, expliqua Théo, avec une moue de dégoût.
- Ça ne me dit toujours pas pourquoi je suis là, dis-je.
Je n'arrivais pas à voir le lien entre leur discussion de famille et ma présence.

VOUS LISEZ
Le Prince Sans Couronne
AdventureLa France est une monarchie. La Vème République n'a jamais vu le jour. Pourtant, personne n'a jamais vu les princes et princesses du royaume. Le roi et la reine sont visibles, mais aucune trace des enfants. Iris, la fille d'un cordonnier, vient de...