Severus étouffa un sifflement de douleur en déglutissant. Non sans un certain désespoir, il releva les yeux vers le miroir qui lui faisait face. Pour baisser les yeux pratiquement au même instant. Il se faisait pitié à lui-même. Sa peau plus pâle que jamais contrastait drastiquement avec les cernes foncées qui s'étendaient sous ses yeux noirs. Ses cheveux étaient toujours aussi gras et aussi sombres. Il tâta sa gorge d'un air blasé. Sa voix habituelle commençait à revenir, mais parler et avaler était toujours douloureux.
Il se demanda un instant si quelqu'un d'autre avait déjà eu une pareille blessure, aussi stupide. Sans doute pas... Son père lui avait fait éclater au visage le verre d'eau qu'il était occupé à boire, et il avait accidentellement avaler un morceau de verre, d'où la voix éraillée qui lui valait tant de moqueries depuis son retour à l'école.
Les moqueries... et voilà que les Maraudeurs s'y remettaient. Il avait eu de la chance, un peu plus tôt, d'échapper à leur mauvaise blague. La potion que Potter lui avait presque fait avaler était sans aucun doute de l'Amortentia –qui sait de qui le binoclard l'aurait fait tomber amoureux! Il eut un soupir. La potion avait eu une étrange odeur. Habituellement, elle aurait senti pour lui le lys et le bois brûlé. Pourtant, cette fois, ces senteurs avaient été couvertes par un autre parfum, une fragrance auquel il n'aurait pu trouver de nom, mais qui évoquait une agréable nuit d'été... de l'herbe, de l'eau et un peu d'essence... Étrange.
Et le comportement de Black! Pourquoi l'avait-il si brusquement relâché? Il ne s'en plaignait pas, bien sûr, mais il était franchement perplexe face à un tel comportement. Black n'aurait jamais perdu une occasion de le ridiculiser, alors pourquoi l'avoir libéré juste à temps? Y avait-il quelque chose d'autre à soupçonner? Les Maraudeurs voulaient-ils le mettre en confiance?
Il se promit mentalement de ne pas relâcher sa garde, quoiqu'il arrive. Il avait bien assez de problèmes actuellement et ne faciliterait pas la tâche aux Maraudeurs de lui compliquer davantage la vie.
Comme pour se moquer de lui et de sa nouvelle résolution, la porte de la salle de bain s'ouvrit soudainement derrière lui. Il écarquilla les yeux –personne ne venait jamais ici, au nom de Merlin!- en tendant immédiatement la main vers sa baguette. Le Serdaigle de sixième qui venait d'entrer eut un glapissement de terreur et leva les mains en signe de passivité. Severus soupira, frustré contre lui-même. Il allait virer parano.
-Oublie ce que t'as vu, Boot, siffla-t-il. Si qui que ce soit en entend parler, j'aurai ta peau. Compris?
L'autre hocha vigoureusement la tête (fait compréhensible; peu d'étudiants auraient osé contrarier un Severus Snape vous menaçant de sa baguette magique) avec une expression effrayée. Le Serpentard n'attendit pas plus longtemps, attrapa sa chemise et sa cravate sur le lavabo et les enfila rapidement avant de quitter la salle de bain d'un pas rapide, se réprimandant mentalement pour sa négligence.
-Padfoot?
-Mmmh?
-Pourquoi tu lis Drogues et dépendances moldues : explications et adaptations? Tu ne t'es pas mis au LSD, quand même?
-Meuuuuh non! C'est juste pour, euh, ma culture générale.
-Tu as besoin de connaître les dommages physiques causés par les cigarettes moldues pour ta culture générale? Répéta Remus d'un ton incrédule.
-...Mêle-toi de tes affaires, Moony.
-Sirius, là, tu as une idée particulière en tête.
-Peut-être bien.
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I need some help
RomansaSeverus Snape, dix-sept ans, Serpentard. Aussi cynique, aussi amer, aussi fermé que Sirius l'a toujours connu. Et puis il avait vu ces cicatrices sur le dos de l'autre, et puis il avait visité ce sinistre quartier qu'était Spinner's End... Slash SSS...