P.D.V. de Matel
"Tu m'en voulais et je comprenais.
J'avais compris ta surprise, ta déception, le fait que je t'aie caché une chose aussi importante.
Mais que voulais-tu Salif?
Comprenais-tu que cacher ma maladie était pour moi un moyen de vivre?
Oui vivre parce que j'étais presque déjà morte.
D'ailleurs, j'aurai anticipé les choses si on ne m'avait pas rappelé que j'étais croyante et que se ôter la vie était interdit.
Parce que je vivais avec la peur.
Ma maladie se répandait chaque jour davantage dans mon système.
A chaque crise, j'étais à la fois tétanisée par la peur de partir mais paradoxalement soulagée par l'espoir que ce soit la fin.
Mais il semblait que cette fin ne voulait pas venir.
Il semblait qu'elle savait que je l'attendais avec impatience donc elle se faisait désirer.
Pour autant m'en vouloir, ça se voyait que tu n'avais aucune idée de ce que j'endurais au quotidien.
Non.
Et le pire c'est que tu n'étais pas décidé à me laisser m'expliquer.
Parce que ce jour même, après que tu sois rentré, j'avais fais de même, ma journée déjà fichue.
J'avais longuement pleuré dans ma chambre et avais essayé de te joindre à maintes reprises sans réponse.
Le lendemain tu n'étais pas venu en cours tout comme le restant des jours de cette semaine.
Alors la suivante, je m'étais rendu à ton appartement mais personne n'y étais.
Tu étais resté dans l'ombre pendant près d'un mois.
Un mois d'absence qui avaient suscité la colère du surveillant général, venu dans la classe pour nous faire un discours sur les absences injustifiés et les conséquences qu'ils pouvaient engendrer chez nous.
Il avait parlé de sanctions dont bien-sûr je n'étais concernée.
Rien ne me concernait dans cette classe qui avait fait de moi une fantôme avant même que je ne parte.
Aussi je m'étais permise d'insister à nouveau, juste pour ne pas que tu t'attires les foudres de la direction à cause de moi.
Parce que contrairement à moi, tu en avais besoin ton bac. Tu étais encore jeune et avait la vie devant toi.
Donc j'avais parlé à Elisa, dans l'espoir qu'elle te demande de revenir et tu sais ce qu'elle m'avait répondu? Rien.
Elle m'avait servi un silence humiliant devant ses deux autres potes, comme si elle m'en voulait pour quelque chose.
Non, elle était juste jalouse de nous, de notre lien qui n'existait plus.
Pourtant c'était bien elle qui voulait me parler au début, hélas il semblait que c'était pour me demander de ne plus t'approcher et comme toute la classe avait deviné que ça n'allait plus entre nous, elle a dû se dire qu'elle n'avait plus besoin de me menacer, de simplement plus me parler.
On était à la semaine des premiers devoirs du semestre et j'avais arrêté d'aller en cours pour dispenser mon énergie et mieux réviser chez moi.
Je recevais les cours et informations via le groupe qu'avait créée le responsable de notre classe et m'efforçais d'être à jour avant les évaluations.
Je me souviens qu'on était à la veille des épreuves de mathématiques quand j'étais en train de réviser dans ma chambre et que ma mère est venue me rejoindre et me dire avec un grand sourire que j'avais de la visite.
Bien-sûr je m'attendais à voir une de mes tantes ou oncles qui passent assez régulièrement pour s'enquérir de mon état.
Sauf que quand je m'étais rendu dans le couloir, sans aucune enthousiasme, c'est sur toi que j'étais tombée.
Tu semblais un peu nerveux, hésitant mais quand nos regards se sont croisés ce jour là, j'ai de suite lu le soulagement dans le tien.
Ça m'avait rapidement fait deviner qu'on a dû te faire part de mes absences et que tu t'étais inquiété.
Mais sur le moment, je n'en avais pas tenu compte.
L'essentiel était que tu étais là et bien que ce ne soit pas dans mes habitudes de montrer des preuves d'attachement, j'avais couru pour sauter dans tes bras sans réfléchir.
Parce que tu m'avais manqué et que j'étais plus qu'heureuse de te voir.