Chapitre 2 : Granville ? On a un problème...

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- Vous êtes en relation avec le 17 – Police Secours, votre numéro de téléphone est identifié et l'appel sera enregistré. Merci de ne pas raccrocher... Vous êtes en relation avec le 17 – Police Secours, votre numéro de téléphone est identifié et l'appel sera enregistré. Merci de ne...

- Police Secours, bonsoir, dit une voix masculine, presque robotique, comme celle d'une personne fatiguée de répéter la même chose à longueur de journée.

- Une personne est dans ma maison ! répondit une voix féminine à peine audible.

- Tout d'abord, pouvez-vous me communiquer vos nom et prénom ?

- Je suis Inès Cogan, mon mari est...

- Merci madame. Qui est dans votre maison ?

- Je ne sais pas, je suis bloquée dans ma chambre. Je n'arrive pas à ouvrir la porte, vite.

- La porte est-elle bloquée ?

Oui, elle est bloquée de l'extérieur. Dépêchez-vous, j'entends du bruit dans la chambre de mon fils. J'ai peur !

- Les secours sont déjà en route, madame. Ne raccrochez surtout pas. En attendant leur arrivée, nous allons continuer à parler, vous le voulez bien ?

- Oui, mais je ne sais pas pour combien de temps. Dépêchez-vous, je l'entends marcher...

La patrouille est à moins de deux kilomètres de votre domicile. Ne raccrochez pas et mettez-vous à l'abri !

Alors que l'officier qui se trouvait à l'autre bout du fil continuait de converser avec la mère en détresse, un bruit assourdissant fit écho dans le casque audio du policier.

- Madame, êtes-vous toujours là ?

- Il est là ! À L'AIDE !

La voix à peine perceptible avait laissé place à une succession de cris et de hurlements de plus en plus effroyables. Le standardiste n'eut tout juste le temps de reprendre son souffle qu'un frisson de terreur parcourut l'intégralité de ses follicules pileux. De l'autre côté du combiné, plus un bruit ne se fit entendre. Le silence faisait suite à l'épouvante. Dix secondes qui paraissaient une éternité. Puis, des bruits de pas. Ensuite, plus rien. L'alerte était lancée. Une mère et son enfant venaient probablement de se faire assassiner en direct.

***

Il était ici. Elle était là. Lui, dans sa chambre. Elle, dans la sienne. Tout se ressemblait. Les policiers étaient à peine rentrés dans l'habitation que les similitudes se montraient déjà. Ils étaient, tous deux, allongés sur le lit, les draps imbibés de ce rouge terriblement caractéristique. Une odeur de fer venait à présent remplir les narines des personnes présentes dans la pièce. L'hémoglobine recouvrait l'entièreté de la chambre familiale. Personne ne pouvait y franchir le seuil de la porte. De loin, les gardiens de la paix pouvaient remarquer que la mère était allongée dans la position qu'ont les saintes exposées dans les basiliques et autres lieux religieux. Une note semblait se trouver sur elle, posée là, juste au-dessus de son abdomen éviscéré.

- Qu'une personne appelle le commissaire Prevost, hurla une jeune inspectrice de police avant de se jeter dans l'évier de cuisine pour y déverser le bol alimentaire de son diner, avant de reprendre la parole. Ce n'est pas une banale affaire, c'est une boucherie, un massacre !

- Je l'appelle tout de suite. Je crois que je n'ai jamais vu une chose pareille, répliqua l'un des collègues.

- Personne n'a jamais vu ça...

***

Alors qu'une trombe d'eau s'abattait sur Paris depuis le début de l'après-midi, le commandant Granville rentra enfin chez lui. Son smartphone indiquait vingt-deux heures passées. Il était vraiment dans l'air du temps, le dernier portable, la dernière montre, la dernière voiture, sauf peut-être pour les vêtements, la veste en harris tweed avait toujours sa préférence. À vrai dire, il y a bien longtemps que la comtoise avait quitté son emplacement primaire du séjour, tout comme le radio réveil de la table de chevet, pour pouvoir rejoindre les combles. La technologie et la mode, c'était quand même bien pratique, enfin quand tout fonctionnait au sens propre comme au figuré. Sybarite pour certains, matérialiste et condescendant pour d'autres, Siméon préférait le terme dandy. Quant à le critiquer, autant qu'il choisisse lui-même le terme. Il devait être un peu trop vieux pour rentrer dans la case de la métrosexualité. Il y a bel âge qu'il avait quitté la case des trentenaires. À son corps défendant...

Le Dépeceur - une enquête signée Siméon GranvilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant