CHAPITRE 1: la lune et les étoiles

99 5 9
                                    

KIM TAEHYUNG.

L'amour a toujours constitué un mystère, pour moi. C'est, à mes yeux, un sujet bien trop vaste et inconnu et je n'ai jamais eu l'occasion de m'y risquer. Il constitue tellement de possibilités, de portes à ouvrir, que la simple idée de m'approcher de l'une de ces portes —qu'elle ouvre sur quelque chose de positif ou de négatif— m'effraie plus que quoi que ce soit d'autre. Je n'ai jamais été un professionnel des relations sociales, même en amitié : les seules vraies amitiés que j'ai entretenues jusqu'alors me lient aux six autres garçons encore endormis dans les chambres voisines. Et je mentirais si je disais en comprendre la nature ou même l'origine.

Lorsque j'ouvris les yeux ce matin là, le cerveau toujours dans le brouillard, la lumière du jour ne perçait pas encore l'obscurité. Je tentai en vain de me rendormir : toute trace de sommeil semblait m'avoir déserté. Je m'étirai et quittai mon lit en baillant pour rejoindre l'immense salon. Aucun de mes amis n'était réveillé. Je m'installai sur le gigantesque canapé d'angle perpendiculaire à la baie vitrée donnant sur le jardin et admirai le lever du soleil. A mes yeux, ce spectacle valait toutes les richesses du monde. Cette affirmation m'avait souvent attiré les foudres de mes proches pour qui les sentiments —aussi abstraits fussent-ils— étaient la principale source d'inspiration.

Le ciel avait choisi de mélanger le orange, le rose et le bleu en un dégradé  parfait. L'horizon se dessinait petit à petit, passant du noir au vert à une vitesse presque affolante. La vue était magnifique. Je restai là, le nez collé contre la vitre, pendant de longues minutes et décidai de me lever pour déjeuner seulement lorsque le soleil avait pris place dans un ciel de couleur normale.

Je me rendis à la cuisine et entamai la préparation d'une soupe au bœuf et aux légumes, d'un plat de riz et de viande pour mes amis et moi.

Cuisiner était l'une de mes nombreuses passions. Je savais à peu près tout faire et les membres du groupe ne se gênaient pas pour en profiter, surtout Namjoon pour qui la préparation du moindre repas constituait une véritable épreuve.

La cuisson des aliments fut rapide. Je les transférai dans plusieurs plats que je disposai ensuite sur la table située parallèlement au bar. Je sortis ensuite sept paires de baguettes et les posai face à chaque place.

J'étais tant absorbé par mes préparatifs que je n'entendis pas Jimin entrer.

_           Bonjour, Taehyung, me salua t-il d'une voix encore empreinte de sommeil.

Je sursautai si fort que je manquai de renverser la chaise à côté de laquelle je me trouvais, déclenchant les rires de mon meilleur ami.

_            Bonjour, Jimin, répondis-je après avoir calmé les pulsations de mon cœur.

Il s'installa à table, un sourire fendant encore son visage, et se servit un bol de soupe, une assiette de riz et deux morceaux de viande.

_            Tu es levé depuis longtemps ? Me demanda t-il avant de fourrer une boulette de riz dans sa bouche.

Je réfléchis. Je n'avais pas eu le réflexe de regarder l'heure en sortant de ma chambre, ce matin.

_            A quelle heure se lève le soleil, en mars ?

Ma question parut l'interloquer. Il réfléchit à son tour.

_            Aux alentours de six heures et demi, je crois, mais quel est le rapport ?

Je lui expliquai mes activités de ce matin et il parut comprendre. Il prit d'ailleurs un air soucieux.

_            Qu'y a-t-il ? L'interrogeai-je. Tu as avalé de travers ?

EuphoriaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant