The Baby Sitter Of The Devil's Brother

Chapitre 1 : Lucifer

-Pourquoi est-ce que tu as pris une putain de baby-sitter à Michel alors que je suis là ? Dis-je sèchement en lui montrant ma présence.

-Nous partons deux mois et je n'ai pas assez confiance en toi pour te laisser la maison et ton frère pendant ce temps, me répond ma maternelle sans remonter les yeux sur moi, bien plus intéresser par son téléphone que par moi.

Son monstrueux fils.

-Parce que le laisser à un parfait inconnu c'est plus responsable ? J'aimerai te rappeler que lorsque tu taffes et que le père aussi, vous êtes bien content que je sois là pour m'occuper du petit, craché-je alors que son désintérêt me fait doucement vriller.

-J'ai rencontré la personne qui prendra soin de ton frère, elle est très gentille et bien éduquée, je suis sûre qu'elle saura y faire malgré la complexité de ton frère.

Je m'avance violemment vers elle et lance de la même manière :

-Ne parle même pas de ce que tu ne connais pas ! Tu ne sais rien. Tu ne sais pas ce qu'endure Michel et tu ne sais pas non plus comment y faire face alors que moi si. Vous n'en avez rien à foutre de nous, si on rentre dans vos cases et qu'on bouge comme les gentils petits pions qu'on est, vous êtes satisfait. Mais aujourd'hui, Michel et moi n'avons plus de parents et lui n'a plus que moi, fulminé-je avant de lui hurler dessus. Et putain, regarde-moi quand je te parle !

Lorsque je crie, elle daigne enfin poser ses yeux couleur bronze, l'exact contraire des miens pour directement les ramener sur son sac à main qu'elle range.

-Elle arrive demain matin, la discussion est close Lucifer.

Un prénom aussi maudit que l'originel porteur de celui-ci.

Elle me contourne alors que je serre des poings pour éviter d'envoyer tout valser et en première ligne ma soi-disant mère. Lorsque le bruit de ses talons claquant sur le carrelage n'est plus perceptible et que la porte se referme, j'attrape un vase et l'envoie se briser sur le mur en face de moi. J'ai envie de tout retourner, de tout briser mais lorsque j'entends un petit reniflement venant du haut des escaliers je me calme instantanément.

-Qu'est ce que tu fais debout Michel ? Je demande en montant les marches quatre à quatre.

-Je t'ai entendu crier, répond-t-il les yeux larmoyant.

-Excuse-moi, je ne voulais pas te réveiller.

Je le prends dans mes bras et caresse sa tignasse ébène alors que ses petits bras m'enlacent à leur tour.

-Tu vas partir toi aussi ?

Je me crispe à sa question.

-Non. Jamais je ne t'abandonnerai. Jamais.

-Alors pourquoi maman a demandé à quelqu'un de venir ? Questionne-t-il avant de se reculer et de plonger ses yeux bleus qui semblent atteindre mon âme déchue.

Tout comme l'ange dont je porte le prénom.

-C'est pour te faire passer de super vacances, commencé-je en espérant le convaincre sans l'être moi-même. Elle va t'emmener faire plein de choses trop trop bien et elle va s'occuper de toi comme si t'étais un prince.

-Et toi ? Tu feras des trucs avec nous hein ?

Je grogne ne m'imaginant certainement pas faire ami-ami avec cette nana qui court surement après l'argent de nos parents.

-Oui, si tu veux, dis-je préférant lui faire plaisir.

Il hoche la tête avec un léger sourire avant de retourner dans sa chambre en trainant derrière lui son doudou couette. Moi j'ai besoin de fumer et vite. Je fonce moi aussi dans ma piaule, ouvre un de mes tiroirs qui a un double fond et en sort mon herbe. Je prends mes sachets pour me rouler une clope et sors sur le balcon. Assis sur la rambarde en fer, je laisse mes jambes pendre dans le vide sans avoir peur. Je coince le bout de mon joint entre mes lèvres avant de l'allumer tout en inspirant. Et lorsque la première taffe est inhalée, je me sens déjà mieux. Je me permets un moment où je me perds, où rien n'a d'importance pas même le vide sous mes pieds qui pourrait m'être fatal.

Seulement, la fameuse baby-sitter vient hanter mon calme. Automatiquement mon hyper vigilance s'active et je me sens obliger de prévoir, de contrôler. Si elle dégage rapidement, les parents n'auront d'autre choix que de me laisser gérer, que de me faire confiance. Michel ne se sentira pas mal aimé et moi je n'aurai pas à partager la baraque avec une inconnue. Je souffle tout en crachant la fumée qui m'intoxique un peu plus à chaque respiration, qui me pourrie le cerveau un peu plus mais qui me fait le même effet qu'une bonne baise. Je dois trouver le moyen de la faire fuir quitte à l'humilier, la pousser à bout, dans tous les cas elle partira. 

Attention baby-sitter, tu t'apprêtes à descendre en enfer pour garder le frère du diable.

Je souris comme un con sur ma rambarde à l'imaginer prendre ses jambes à son cou, cette image me conforte dans ce que je pense : c'est une mauvaise idée qu'elle vienne ici. Elle ne peut rien nous apporter, la seule personne dont Michel à besoin c'est moi. Je secoue la tête lorsque j'entends qu'on toque doucement à ma porte. Je laisse mon joint dans mon cendrier et vais ouvrir sachant très bien qui est derrière.

-Tu viens jouer avec moi ?

Michel me regarde avec ses grands yeux couleur océan, aussi vaste et impénétrable que celui-ci et je ne peux qu'accepter sa demande. Directement, un énorme sourire vient fendre son visage angélique. Ce gamin est mon portrait craché sans euphémisme. On a les mêmes cheveux couleurs ébènes, les mêmes yeux clairs même si les miens tirent plus sur le gris. La forme de son visage est identique à la mienne et la seule chose qui nous différencie c'est la maturité qui a sculpté le mien ainsi que ma barbe de quelques jours.

Nous descendons donc tous les deux et son excitation se fait ressentir lorsqu'il saute sur le canapé en me tendant une manette qu'il avait préalablement préparée. Il lance le jeu dès que je l'attrape et je fais ce que je fais toujours lorsqu'on joue ensemble : je fais tout pour me retrouver après lui mais en le poussant à s'améliorer car sinon je le dépasserai. Il est la seule chose auquel je tiens encore.

Même si ceux qui portent nos prénoms se livrent une bataille acharnée, je te promets d'être leur opposé jusqu'à ce que ma vie prenne fin.