Aux amitiés qui s'évanouissent en silence, dans une épaisse douleur que le temps s'efforce d'apaiser, en vain. Aux mots que je t'aurais dits si j'en avais eu la force. Aux mots que j'aurais aimé t'entendre me dire, si tu m'avais mieux aimée.
C'est le coeur mouillé que je t'écris, une dernière fois, que je t'aime une dernière fois. Les quelques débris de notre amour rangés, dans un carton miteux, au coin de mon coeur encore tiède.
Cela fait des mois que cette lettre traine dans un coin de ma tête sans que je ne parvienne à l'écrire. j'y pense occasionnellement pourtant, sans me résoudre à y déposer des mots. Parce qu'aucuns mots ne sauraient contenir en eux et dire la peine qui s'est nouée en moi.
J'aimerais savoir si tu en souffres autant que moi. Si parfois, toi aussi, les larmes toquent aux portes de tes yeux et te supplient de les libérer. Si toi aussi, tu n'as pas su trouver la force d'essuyer les tâches qu'ont laissé notre amour débordant dans le monde. Si toi aussi, tu as gardé nos photos, au nom du souvenir, qui te paraissait si tendre, et que tu ne te résous pas à oublier. Si ton passé, celui que tu racontes à tes nouvelles rencontres, est pétri de moi.
Moi, je garde la forme de ta main sur mon coeur, parce que sans elle, il s'agite et ses caprices m'épuisent. Ce qu'il se passe en moi, je crois, c'est que les miettes de mon amour pour toi viennent se cogner contre lui, et lui arrachent des pleurs, que je ne sais pas calmer. Je le berce comme je peux tout en espérant qu'un jour il saura dormir sans rêver de toi.
La vérité, c'est que je ne fais que de déguiser ma colère et ma frustration, en une jolie et douce tristesse. En réalité, mes jolis mots sont fatigués, j'ai épuisé ma belle encre et j'ai des courbatures au coeur de t'avoir aimé si fort et si longtemps. Alors, me voila, dans une ultime tentative pour me débarrasser de ces sentiments qui me pourrissent le corps. Ces sentiments qui me tuent mais qui m'animent car je ne vivais que pour t'aimer et désormais j'ère, dans le néant du monde dont le silence me rappelle tous les jours que tu m'as quitté.