Les ténebres

18 3 2
                                    

Parfois ça m'arrive encore d'entendre ses cries...Ses cries de douleurs et de supplices.
C'était ma grande sœur.
Mon coeur se serre.
Je flotte...Je flotte dans les ténèbres...
Un Klaxon retentit. Un avertissement.
Pourtant il me semble venir de loin...

Où suis-je ?

Mon corps est comme paralysé, et aussi dur qu'une figurine sculpté dans le bois. Je tente de bouger mes orteils mais échoue lamentablement. Je ne peux rien faire.

Allez, Allez...

Je ne sais pas ce qui se passe, mais j'ai le pressentiment que je dois ouvrir les yeux.
Maintenant.
Mes paupières tremblent...
Un fardeau. Je porte un fardeau.
Je suis incapable, de contrôler mon corps.
Nouveau Klaxon

Putain !

Je respire doucement, et vide mon esprit.
Je dois me sortir de-là.
Je suis déjà morte une fois...Ou deux.
Morte physiquement, mais mon esprit était parfaitement conscient.
Depuis la mort de ma sœur, énormément de psychologues m'ont fait comprendre, qu'il n'y avait rien d'alarmant.
Que je faisais simplement une crise d'angoisse.
Une crise d'angoisse...
Évidemment, je ne les ai pas cru. Cette chose là est différente et je l'ai toujours su.
J'ai beau lutter de toutes mes forces.
Encore et encore...
Mais les ténèbres me retiennent,
Comme une géante tentacule noir.

Qu'est-ce qui m'arrive ?

Je n'ai jamais eu la réponse à cela, ni même personne de mon entourage. Malgré que mon entourage ne se limite qu'à mes deux tantes.

Ouvre les yeux.
Un frisson me monte dans l'échine du dos.
Où suis-je ?

Il faut que je me réveille. Si seulement je pouvais ne serait-ce que bouger mon pied...Ou bien alors...
Soudain, mes yeux s'ouvrent.
Je n'ai pas le temps de comprendre où je suis, que des phares de voiture m'aveuglent.
Mon cœur s'accélère... Vite...
Trop vite...
Alors que je tente de me décaler de la route verglaçante, une douleur cuisante et fulgurante dans les jambes, m'arrache un gémissement de douleur. Mon corps est toujours aussi lourd...
Je constate avec effroi que la voiture ne ralentit pas.

C'est trop tard...

De la sueur perle sur mon front, tandis qu'une terreur glaciale s'insinue au creux de mon ventre : Vais-je mourrir comme ça ?
Cette pensée m'est insupportable.
Je n'ai que dix-sept ans. Ou du moins je devrai les avoir ce week-end..
Et une chose est sûre, je ne finirai pas comme ma sœur.
Je dois me battre.
Ce dernier mot résonne en boucle dans ma tête.
Je ferme les yeux et...
Dans un dernier espoir de survie, je pousse de toutes mes forces sur mes jambes. La douleur palpite, lancinante. Mais je l'ignore...
Mes cuisses tremblent légèrement. Je persiste puis avec un hurlements strident, je parviens à ramper jusqu'à la bordure du trottoir. Je me hisse à l'aide de mes bras, endoloris.
Ma vue se trouble. Je m'immobilise.
Le conducteur freine, subitement.
Je fais un effort surhumain, pour regarder le visage qui apparaît devant moi.
Une vieille dame à la peau opaline et aux cheveux blanc sort du véhicule le teint livide.
Serait-elle mon dernier espoir ?
« Bon dieux ! Petite...Petite ?! Vous m'entendez ? »
Sa voix transperce mes tympans.
Je ne suis pas sûre d'être vraiment lucide, mais j'ai l'impression qu'un vague sourire se dessine sur ses lèvres gercés.
Des étoiles apparaissent devant mes yeux, avant que je ne puisse émettre le moindre son.
Je sais juste , que je n'ai plus de force.
je pousse un dernier souffle et sombre une nouvelle fois dans les ténèbres...
————————————————————————
J'ouvre mes paupières. La nuit envahit la route.
Je suis allongée sur la banquette arrière d'une voiture. Mes vêtements mouillés me collent péniblement à la peau...
« Où...Où suis-je ? »
C'est ce qui me vient en premier à l'esprit.
Je regarde l'autoradio , d'où provient une musique des années soixante-dix.
« En sécurité mon ange... » Me répond une voix fébrile et affaiblie par l'âge.
Je sens des picotements dans mon coup.
Je me redresse avec une grimace. Ma tête me fait souffrir...Et mes muscles... j'ai l'impression qu'ils ont été brisé dix fois.

Suis-je vraiment en sécurité ?

Par réflexe, je touche la poche intérieur de mon jean. Elle est vide.
« Je me suis permise de prendre ton téléphone. » M'informe la dame en fixant la route obscure « J'ai réussi à joindre ta mère. Seigneur merci ! Je ne sais pas ce que j'aurais fait sinon... je vais te ramener chez toi, petite. »
Ma mère ? Comment es-ce possible ?
Un fragment de seconde, j'y crois...
Je me revois à quatre ans , courir dans ses bras du caramel sur la bouche.
Puis je comprends seulement après, qu'elle a eu, en réalité, ma tante et non ma mère, qui est morte dans un accident de métro.
L'année dernière à Paris, elle a perdu connaissance sur les rails...
Ma gorge se noue.
Une averse s'abat subitement, sur le toit de la voiture chassant mes émotions.
Je tressaille.
« Quel misérable temps ! » Se plaint la vieille dame, en activant ses essuie-glaces.
Je me recroqueville sur moi-même.
Autour de son coup, le collier en émeraude qu'elle porte ne me laisse pas indifférente.
Un collier comme celui-là, devait être bien au-dessus de mes moyens...
À travers la fenêtre, je reconnais la forêt de Greverdek. Sombre et froide.
Un frisson me monte dans l'échine du dos.
« Que m'est-il arrivée ? » je demande brusquement
La vieille dame , a la peau blanche me lance un regard dans le rétroviseur et son air sombre accélère mon rythme cardiaque.
« Il vaudrait mieux que tu te reposes pour le moment... »
« Mais je ne me souviens de rien. » J'insiste d'une voix suppliante.
Elle cille mais demeure silencieuse.
Une immense fatigue me saisit, soudainement.
Sans m'en rendre compte, je ferme à nouveau les yeux, une minute plus tard.
Et dans mon sommeil, j'aurais juré l'entendre fredonner une berceuse...

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : May 09, 2022 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

L'ombre de moi-même Où les histoires vivent. Découvrez maintenant