Chapitre 24

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Dorian

Je n'arrive pas encore à enregistrer tout ce qui s'est passé dans les trente dernières minutes. D'abord, je fais du rentre dedans à Daryl en espérant passer une nuit en sa compagnie afin de terminer ma vie sur une bonne note. Ensuite, je me prends son indifférence en pleine gueule alors que je n'ai jamais osé faire ce genre de chose. Mon estime en a pris pour son rhume, elle qui flirte sans cesse avec la mort. Mais ce qui est arrivé par la suite m'a fait revoir mes projets morbides. Je suis, semble-t-il, en couple avec le gars le plus craquant que je connaisse et qui réussit même à me faire oublier ma vie de merde.

Actuellement, je repose sur la moquette, à l'endroit même où Daryl m'a laissé me morfondre alors qu'il s'est éclipsé vers la salle de bain. Les bras en croix, mon cerveau bouillonne de pensées contradictoires. D'ordinaire, je me fais draguer et non l'inverse. Pourtant, j'ai tout fait pour attirer le mec qui se trouve dans la pièce d'à côté. Si je vais le rejoindre, à supposé que la porte n'est pas verrouillée, va-t-il s'imaginer que je suis un pervers ?

Incapable de me décider, je tourne sur le ventre et enfouis mes mains dans mes cheveux, les ébouriffant encore plus qu'ils ne le sont déjà. J'ai tellement envie de me retrouver dans les bras de Daryl ! Je gronde de désespoir face à mon dilemme. Je n'ai jamais vraiment eu le choix ; prendre une décision, aussi simple que rejoindre mon copain, me rend plus que nerveux.

Et si j'étais mort aujourd'hui, et que mon âme torturée a atterri en enfer ? Une incarnation de Daryl, créée par Lucifer, pourrait tourmenter ma conscience afin de continuer l'excellent travail que mon père a réalisé sur moi pendant toutes ces années.

Je dois en avoir le cœur net. Si je suis décédé en exécutant mon saut, Daryl ne sera pas dans cette pièce et mon supplice recommencera à l'infini. Je me décide donc à m'agenouiller, toujours incertain que je veuille revivre pour l'éternité les paroles si parfaites du blond pour ensuite me faire jeter, encore et encore. Si je reste ici, peut-être que tout s'arrêtera. Bien sûr, ce n'est pas du tout ce que mon corps décrète. Je me surprends à me relever et à marcher en direction de la porte au fond de la chambre. Il est fort probable que ce soit le scénario qu'a prévu satan pour me punir d'avoir attenté à ma vie.

Lorsque je lève la main vers la poignée, je la vois trembler sous l'appréhension. Un coup d'œil vers le miroir qui surplombe le comptoir me renvoie une image épouvantable. Mes yeux rougis font compétition à ma crinière en bataille. Mon teint qui est d'ordinaire plutôt clair paraît presque diaphane. Une seule chose ne semble pas avoir changé, c'est ma musculature que j'entretiens avec minutie afin de garder la forme nécessaire pour mes courses. J'hausse les épaules et passe une main dans mes cheveux qui ont décidé de ne pas coopérer. Un long soupir de désespoir passe mes lèvres. Comment Daryl peut voir quelque chose d'intéressant dans cette épave que je traîne depuis des années ? C'est un bruit joyeux derrière la porte qui me sort de mon inspection corporelle.

Il sifflote !

Qu'il ait entonné une mélodie ne me surprend pas du tout. Il a toujours cette merveilleuse façon de me parler, de m'aborder ou de me regarder qui démontre sa joie de vivre. Ce qui m'étonne, c'est plutôt la chanson qu'il a choisie. Il siffle My heart will go on de Céline Dion. Je l'écoute un bon moment, le front posé contre la porte. Est-ce qu'il est vraiment en train de penser à notre relation de cette manière ? Je suis le rythme tout en me remémorant les paroles de cette chanson mythique.

« Near, far, werever you are »
(Près, loin, où que tu sois)

« I believe that the heart does go on »
(Je crois que le coeur doit continuer de battre)

Burn outOù les histoires vivent. Découvrez maintenant