Partie 12

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Jemima n'arrêtait pas de faire des allers-retours entre le salon et la cuisine sans en prendre quelque chose. Elle s'inquiétait vraiment pour Esther car cela se voyait que la jeune femme avait eu peur de l'homme croisé dans la rue. Comme si elle le connaissait, Esther était même à la limite prête à s'envoler. Elle d'habitude si gaie et taquineuse n'avait roulé la langue que pour demander la direction de la salle de bain. Le coeur en émoi, Jemima croisa les bras en comprenant qu'elle ferait mieux de faire le repas du soir, puis après cela, peut-être que son amie acceptera de s'ouvrir à elle de nouveau.

Elle fit une sauce tomate à base de poisson carpe qu'elle ajusta sur le riz à Esther, puis apporta le repas à son amie suivit d'une boutique d'eau glacée avant de se servir à son tour.
La dégustation se fit dans le calme, Jemima lançait des petits yeux à Esther afin de voir si tout allait bien mais ne put déchiffrer les émotions de celle-ci. Qui était l'homme de tout à l'heure ? D'où la connaissait-il ? Jemima ne pourrait savoir cela que si elle demandait, mais elle ne voulait en aucun cas gêner. Elle mit fin à cette longue spéculation en continuant de déguster.

Ailleurs, Lewis pensait également à son amour. Il avait toujours eu peur de laisser Esther seule pendant une longue période mais cette fois-ci l'urgence était vraiment de taille. Il fallait qu'il se déplace sinon aucun projet ne pourrait être lancé.
Allongé sur le lit d'un hôtel cinq étoiles à Gao. Le jeune homme sentit le désir de l'appeler et espérait que monsieur DEMBELÉ aille mieux pour qu'il prenne la main de sa fille, prenne soin d'elle et la couvre d'amour. Pour qu'elle soit sa côte, sa confidente, sa meilleure amie et la mère de ses enfants.

Dehors, les gouttes commençaient à tomber et le vent se faisait violent. Lewis se leva afin de fermer les fenêtres de la pièce que plusieurs coups résonnaient à la porte.

-- Juste une seconde, cria t-il à son visiteur.

Il termina rapidement ce qu'il faisait et alla ouvrir la porte pour tomber sur une femme de chambre. " Estelle" était son nom. Lewis braqua ses yeux sur elle en réfléchissant à la simultitude de son prénom à celle de sa petite amie. " Esther, Estelle" drôle de point commun, se dit-il en étouffant un sourire. Mais la femme en face de lui, du haut de ses un mètre cinquante cinq, se sentit vraiment mal à l'aise par la beauté froide de Lewis. Elle lui projetta une salutation fort intimidée après avoir posée le couscous au poulet sur la table de chambre et s'en alla illico presto de là.

Lewis referma la porte de la pièce en se disant qu'il téléphonera Esther d'ici peu mais il fallut près de trois minutes pour qu'il entende de nouveau frapper à la porte et cette fois-ci, c'était Zeinabou à la porte. Elle avait un carnet rouge de documents en main.

-- Bonsoir monsieur, j'espère que vous allez bien. Tenez, dit-elle en feuilletant le carnet.

Tandis qu'elle sortait deux fiches concernant l'emploi du temps de la journée du lendemain, son stylo bleu tomba au sol. Elle s'abaissa afin de le prendre et c'est alors que quelques unes des fiches s'echapèrent du carnet.

-- Excusez-moi monsieur de vous retardez. Vous pouvez refermer la porte, je prendrai toutes ces feuilles d'ici peu, dit-elle en s'abaissant de nouveau.

Elle n'avait rien à craindre grâce à la longue robe berge qu'elle portait. Ainsi, elle pouvait se permettre de s'abaisser sans craindre que quelqu'un ne puisse regarder sa silhouette avec attention. Lewis la regardait avec empathie. Ce n'était vraiment pas évident pour elle de ramasser aussi facilement toutes ces feuilles avec ce vent violent qui frappait les fenêtres laissées ouvertes du couloir. Il eut envie de lui demander de refaire d'autres programmes mais pensa à tout le travail qu'elle avait dû se taper précédemment et décida alors de l'aider à ramasser les fiches.

Alors qu'il souleva la fueille la plus proche de lui, Zeinabou commença à paniquer. Et s'il la renvoyait après cette mésaventure ?

Elle trouvait cette idée stupide mais pas tant que cela en repensant à son ancien employeur qui rien que pour le fait de s'être trompée de quelques minutes sur le planning concernant un rendez-vous pour le domaine de plantation de mangues qu'elle gérait, l'avait renvoyée. Que dire là de son nouveau patron qui s'abaissait afin de ramasser des feuilles de documents si importantes ?

-- Monsieur.. je.. pardonnez-moi, j'avais posé le pouce sur le carnet mais il a fléchi lorsque je me suis abaissée et j'ai perdu le contrôle des documents, s'expliqua t-elle rapidement.

-- Miss Kamara, calmez-vous ! Soufflez un bon coup. Je ne vais pas vous blâmer pour un accident.

Zeinabou souffla de soulagement. Elle ne pouvait pas perdre son poste maintenant. Cela faisait à peine deux mois qu'elle travaillait pour lui et n'allait pas risquer de se faire une fois de plus virer.

-- Merci beaucoup monsieur, je vous promets de faire plus attention la prochaine fois que ce sera à mon tour de vous apporter certains documents.

-- Bien. Passez une bonne nuit.

Il prit les deux documents que lui remirent la demoiselle et boucla pour de bon la porte. Après un bain, il se nourrit. Demain est un autre jour, se dit-il en fermant les yeux. Subitement, le bruit de pluie se retira peu à peu laissant place à son téléphone. L'appel lui venait d'un numéro inconnu.

-- Allô bébé, murmura une voix féminine.

-- Comment vas-tu prunelle ?

-- Boubacar m'a retrouvée et ma battue chez mes parents, Pleura Esther.

-- Encore lui ? Qu'est-ce qu'il te veut à la fin. Ne t'a t-il pas assez humiliée. Grogna t-il de rage.

-- Mes parents m'ont piégé, Papa n'avait eu aucun accident et lorsque je suis venue constater cela ici même à la maison. Mon père m'a giflé et c'est là que Boubacar est sorti de nulle part, interpellé par ma mère et a commencé à me faire du mal. Il m'a ensuite avoué avoir soudoyé mes parents pour qu'ils feignent de n'avoir aucun problème avec le fait que j'ai fui mon ménage, jusqu'à ce que je leur fasse confiance et qu'ils m'offrent de nouveau à lui. J'ai peur. Seul Jaret est contre cette idée et c'est lui qui m'a prêté son téléphone. Je suis enfermée dans une chambre et demain, Boubacar viendra me chercher si on ne fait rien. Sache que je t'aime et que je tiens énormément à toi.

-- Ne parle pas comme un adieu. Jamais cet homme ne t'aura, je viens te chercher dès demain matin pour...

-- Esther s'il te plaît tu peux venir prendre ta glace sinon elle risque de se déformer. Cria Jemima.

Une information que Lewis suivit de plein fouet.

-- Où es-tu ? Demanda t-il.

Esther réfléchissait à quoi dire sans rien trouver.

-- C'est madame Traoré qui vient de parler là n'est-ce pas? Tu es alors chez les Traoré et non à la maison.

-- Je...oui tu as raison, balbutia Esther. Je suis chez les Traoré et je t'ai fait un poisson d'Avrrrriiil !

-- On est pas en Avril ma chérie.

-- Oui c'est vrai. Mais je t'ai quand-même fait une blague. Vas-y dors bien mon chaton, ciao. Fit-elle avec précipitation avant de raccrocher à une vitesse incroyable.

Sans comprendre pourquoi, Lewis serra le mobile dans sa main en ayant les pensées sur cette précédente blague. Elle lui semblait plutôt être un mensonge préparé qui a été interrompu car ce n'était pas la première fois qu'Esther lui racontait des mensonges de ce genre et à chaque fois, c'était parce qu'elle voulait le voir. Il pensa au fait qu'il devait vraiment lui manquer voilà pourquoi elle l'avait appelé dans le but de l'alarmer. Lewis déposa donc l'appareil et ferma les yeux.

Si seulementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant