10. Obsession

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TW: Certaines actions et paroles sont potentiellement susceptibles de gêner certains. Il ne s'agit en aucun cas de romantiser la violence. Ce récit n'est qu'une représentation fictive qui trouve néanmoins sa part de réalité dans les faits et les actes. La violence existe et on ne la romantise pas. L'amour ne frappe pas et ne terrorise pas.



X.

Les cris ne s'arrêtaient plus. L'homme face à elle rampa précipitamment au sol avec terreur et la regardait se rapprocher de lui. Lorsque son dos se cogna contre le corps sans vie de cette petite fille gisant à terre, il gémit et laissa échapper un long sanglot. Alors, il posa ses deux mains contre sa figure comme pour se protéger de ce danger aux cheveux noirs si longs, et ferma les yeux.

Pétrifié, il se tenait prêt à succomber lui aussi au poison de cette sorcière sans cœur.

Le feu s'était embrasé dans la précipitation et était devenu incontrôlable. On entendait les toits des maisons voisines s'effondrer. Les hurlements des derniers malheureux coincés dans leur triste sort ; stridents, effroyables, résonnaient inlassablement au loin.

— Je suis la fille du Deux et de son Mal, dit-elle.

Les pleurs s'intensifièrent.

— La peur ne me tourmente plus.

Sa voix sifflait comme un serpent. Sa bouche bougea à peine. Elle était une ombre dangereuse, mortelle et magnifique, qui perpétuait la mort. Elle s'accroupit alors face au pauvre homme. En souffrance, complètement happé par la terreur, il pleurait et tremblait intensément.

— Je suis le fruit d'une violence sans fin. Là est mon ultime devoir.

Et tandis que l'inconnu eut le malheur de baisser ses mains pour l'apercevoir, le regard d'Ansol disparut.

Sombre, lugubre, absent de toute vie, ses yeux désormais remplis d'une vague occulte captèrent ceux de l'individu au sol. Lorsqu'il vit cette nouvelle vision d'horreur, il dégagea lentement son visage, incapable d'ignorer davantage l'entité maléfique qui se dressait face à lui.

Il voulut prononcer un mot, une dernière parole, mais son bourreau ouvrit à son tour la bouche.

Du fond de sa gorge retentit tout à coup un étrange bourdonnement ; un bruit d'abord sourd, étouffé, et puis fracassant.

Bruyant et terrifiant, un essaim de mouches noires surgit des entrailles de la jeune femme. Les insectes foncèrent sur l'homme et l'envahirent de l'intérieur d'une vitesse foudroyante.

Il voulut hurler, mais les bêtes l'en empêchèrent.

Il se mit à convulser à terre pendant de longues secondes, toujours sous le regard stoïque d'Ansol.

Il s'arrêta d'un coup. Mort.


* * *


Ansol se réveilla en sursaut, la poitrine en alerte à cause de l'effroyable souvenir bourdonnant. Le cou en sueur, elle se redressa et essuya instinctivement sa bouche avec précipitation. Au même instant, Darya fit son apparition dans la pièce.

— Ansol, on ne cesse de te demander ! s'empressa-t-elle de dire celle-ci.

Mais l'alchimiste ne réagit pas tout de suite. C'était le trou noir.

Assise par terre, elle portait encore son sac et ses bottes. Elle pouvait encore voir les traces brunes de ses semelles pleines de terre sur le sol. Elle avait beau fixer ses empreintes et accorder à Darya ce profond regard, rien ne lui revint.

Les Mouettes aux Ailes RougesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant