La chance devait être de notre côté car le trajet dura moins de deux journées, et on parvint à Foodvalten aux aurores, alors que le soleil venait à peine de percer l'horizon pour inonder l'océan de lumière. Je m'empressai donc de réveiller les garçons, Zoro serrant Chopper contre son cœur, tandis que notre embarcation empruntait le canal permettant d'accéder à l'île. À vrai dire, il n'y avait qu'une seule entrée, le tour de l'île étant composé de hautes parois rocheuses à pic, et je m'étais attendue à un comité d'accueil, ou du moins à apercevoir des gens, mais il n'en fut rien. Les deux habitations bordant l'entrée du canal étaient vides, et les berges l'étaient tout autant. Alors, sur nos gardes, tandis que le médecin de bord restait à la barre, on sortit sur le pont, prêts à combattre si besoin était.
- Pourquoi est-ce qu'il n'y a personne?
- Nous ne sommes pas seuls, murmura pourtant Zoro.
Je croisai immédiatement les bras devant moi, prête à toute éventualité. Pourtant, je ne voyais personne. Les arbres environnants semblaient seuls, les buissons ne bougeaient pas. Et, face à nous, la ville était dissimulée derrière un épais nuage de brume, m'empêchant de voir quoi que ce soit. Mais les sens de Zoro étaient infaillibles, alors je ne me relâchai pas.
Peu à peu, des toits émergèrent de la brume, et les quais apparurent. Mais il n'y avait pas âme qui vive. Au loin, j'entendais pourtant un genre de brouhaha, comme si, quelque part sur l'île, des centaines de personnes parlaient en même temps. Mais ici, au bord de l'eau, il n'y avait personne. Alors, dès que notre bateau s'immobilisa, on mit pied à terre, sans pour autant se détendre. Quelque chose clochait réellement ici.
- On reste ensembles, suggéra Zoro. Si les hommes de Barbe noire sont vraiment dans les parages, on prend le moins de risques possible.
On hocha la tête comme un seul homme, obéissant aux ordres de celui qui avait été le second de notre équipage, et qui était aujourd'hui indéniablement notre capitaine. Alors, se couvrant les uns les autres pour observer de tous les côtés, on avança dans la ville, s'enfonçant dans les rues désertes. Il flottait ici une étrange atmosphère, comme si des combats sanglants avaient fait rage, à peine quelques heures auparavant, et qu'on assistait maintenant à une accalmie avant la tempête. L'air été lourd, chargé d'inquiétude. Je sentais de la sueur couler le long de mon dos déjà tremper, je sentais mes genoux trembler, menaçant de me lâcher à tout moment. J'étais habituer aux situations stressantes, mais ne pas savoir si les puissants hommes de Barbe noire étaient à mes trousses était à un tout autre niveau.
Soudain, sur ma gauche, une ombre apparut.
- Mille fleurs!
Des mains apparurent pour attraper l'ombre, qui se révéla être un homme entre deux âges, armé d'un vulgaire poignard qu'il laissa tomber au sol dès que mes doigts l'enserrèrent. Et, alors que ses grands yeux bruns effrayés plongèrent dans les miens, il... éclata en sanglots :
- Qu'est-ce que vous nous voulez encore? Allez vous-en!
Presque choquée, je relâchai mon pouvoir et l'homme tomba au sol, pleurant toujours à chaudes larmes, son arme abandonnée près de lui. Alors, je remarquai son apparence : un pantalon déchiré, des bleus sur ses bras laissés à découvert par sa chemise à moitié arrachée, des marques de suie sur les joues, comme s'il avait échappé à une attaque au couteau suivie d'un incendie. Il était dans un état pas possible. Immédiatement, Chopper accourut :
- Monsieur, qu'est-ce qu'il s'est passé? Est-ce que vous êtes blessé quelque part?
L'homme releva les yeux, aussi étonné que moi, et avisa notre médecin d'un œil méfiant.
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Pour le capitaine
FanfictionRejetés par le reste de l'équipage après un malentendu, Robin, Zoro et Chopper n'ont pas d'autre choix que de quitter le Sunny pour naviguer à trois. Mais ils décident, malgré la trahison qui les hante, de tout faire pour retrouver la confiance perd...