"Je puise en moi mes trésors". Nemea verrouilla son téléphone en grimaçant, regrettant amèrement de s'être abonné à ce blog débile sur la spiritualité. Elle savait plus que quiconque que la spiritualité n'était pas l'affaire de tout le monde. Elle était même persuadée que certaines personnes incarnaient l'exemple même de bas instinct. D'une soif irrépressible de bas instinct, incontrôlable, vulgaire et particulièrement dégradante.
Elle soupira une énième fois puis se rhabilla machinalement en jetant à peine un regard à l'homme inconscient allongé dans le lit cassé, qui avait cédé dans la nuit. Elle ne pouvait s'empêcher d'y voir une symbolique: l'esprit sain de cet homme s'était brisé en même temps que ce lit en bois massif... sous ses assauts sexuels débridés.
Il se réveillera sûrement du coma dans quelques semaines, 'il n'y a aucune complication, bien-sûr. Après un centième soupire, elle quitta le motel pourri où ils avaient passé la nuit et se rendit compte que sa voiture était restée sur le parking du bar qui se trouvait à deux rues de là. Décidément tout lui faisait soupirer aujourd'hui. Mais elle fut tout de même contente de ne pas se retrouver de l'autre côté de la ville.
Il faut dire qu'elle n'aurait pas pu tenir, elle avait atteint ses limites et la lune était à son apogée.
C'était une magnifique super lune irradiant tout son être et toutes les molécules qui l'entouraient. Toutes ses radiations la touchaient certes directement chacune de ses cellules. Mais elle sentait aussi indirectement ces rayons réfléchissant sur les molécules l'entourant. Elle se sentait atteinte tous les côtés. Comme une multitude de miroirs avec le seul but de l'illuminer du rayon de la lune.
Mais ce n'étaient rien comparé à ce qu'elle renvoyé, elle. Toute cette énergie se condensait malheureusement en elle. C'était dangereux. Elle était comme un phare mobile, comme un pollen rare et concentré auquel les abeilles ne pouvaient résister.
Elle n'avait pas le choix, elle a dû se faire une raison et s'en servir raisonnablement avant de partir en vrille. Elle espérait que cet homme n'avait pas de famille à nourrir, surtout maintenant qu'il était cliniquement inapte. Il avait dit que non, lorsqu'elle l'avait approché la veille mais il aurait très bien pu mentir.
Après un nouveau soupire elle arriva enfin à sa voiture, une berline luxueuse noir aux vitres teintées. C'était un cadeau d'un pigeon de politicien véreux. Un sénateur pas foncièrement mauvais, juste particulièrement lubrique.
Nemea n'avait même pas eu à le toucher, juste le regarder intensément dans les yeux avait suffit à lui faire tourner la tête. Certaines personnes sont plus réceptives que d'autres. Juste l'attention feinte de Nemea avait suffit à le droguer, littéralement. Par ce contact visuel, son cerveau avait sécrété tellement d'endorphine que cela avait suffit à le rendre dépendant.
Au début, elle regretta son action, puisque l'homme avait pris des habitudes de harceleur psychopathe. Elle dû donc se la jouer maline et instaurer une dynamique de domination dans leur relation. S'il se tenait tranquille, il aurait droit à 5 minutes en sa présence par mois. Au début il l'avait très mal pris et commença même à s'agiter, toutefois après l'ombre d'un léger chantage affectif, il plia sans aucune concession.
En attendant la rencontre mensuelle, elle reçoit des présents plus ou moins utiles en plus de se faire entretenir quotidiennement.
Elle se gara devant une grande demeure en pierre rouge et au jardin luxuriant, abrité par une forêt sombre et envahissante. La toute dernière acquisition du sénateur, il espérait pouvoir enfin lui tenir la main. Quel crétin, pensa-t-elle en levant les yeux au ciel. Mais un sourire satisfait aux lèvres, cette nouvelle propriété était plutôt à son goût.

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Les héritiers de la Lune
ParanormalNemea souffre depuis son adolescence et représente un danger pour les autres. Ne contrôlant ni ses pulsion ni ses aptitudes à caractère sexuelle. Elle tente désespérément de survivre et de se débarrasser de cette malédition obscène, si possible sans...