Prologue

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Point de Vue : ???

D'un petit village entouré de collines, une colonne de fumée s'élève toujours plus haut dans le ciel, aussi noire que la nuit...
Des cris par dizaines résonnent aux alentours, empreints du plus grand désespoir.
Des cadavres de tous âges s'amoncellent, témoins d'un véritable massacre...Comment un village auparavant si tranquille est-il devenu brasier ?
Sur la place principale, au milieu des débris et du sang, un jeune homme essaie de tirer son grand-père par la main et de fuir. Mais le vieil homme a du mal à suivre, son corps n'a plus sa vigueur d'antan, et hélas...Ils sont trop rapides : un mouvement vif, des bruits sourds et deux corps s'ajoutent aux autres.

Non loin de là, un bâtiment est encore épargné par la fumée, les flammes et les Ombres. Un petit groupe de survivants s'y est réfugié, bloquant la porte d'entrée avec tous les meubles qu'ils ont pu trouver. Au fond de la large pièce sale de poussière, enfants comme adultes s'entassent dans un coin, le plus loin possible de la porte : certains pleurent tandis que d'autres essaient de les rassurer tant bien de mal et de leur intimer le silence. Au milieu de ce chaos, une mère est assise sur le sol, tenant son enfant dans ses bras, essayant de calmer ses larmes. Ses vêtements sont déchirés, ses cheveux bruns emmêlés et son regard n'est qu'en partie éteint car une lueur d'espoir vacille malgré tout, pour son enfant. Des années auparavant, elle a déjà perdu son mari d'une attaque similaire et sait que les chances de s'en sortir sont extrêmement faibles voire nulles, mais elle ne veut pas sombrer dans le désespoir car cela signerait son arrêt de mort.

Soudain, un murmure de peur se répand parmi la foule, tandis que les monstres encerclent la petite auberge attirés par l'odeur du sang et par les cris étouffés. La jeune femme, voyant sa dernière lueur réduite à néant, décide de chanter une ultime fois pour son fils aimé. Qu'ainsi la mort lui semble plus douce, pense-t-elle en souriant amèrement et en retenant ses propres larmes. Et ainsi, c'est d'une voix douce et aimante qu'elle entame la berceuse connue dans les croyances populaires comme un hommage et une prière pour les Étrangers :

- "Ô Étranger,
Viens à nous, pauvres Oubliés,"

Un craquement retentit, alors que la porte commence à céder...les adultes valides poussent de toutes leurs forces sur les meubles afin de maintenir le dernier rempart les séparant des créatures. Pendant ce temps, les blessés, faibles et parents ne peuvent que prier les dieux et se serrer les uns contre les autres. Quant à elle, malgré l'agitation et la peur, sa voix ne tremble pas et elle augmente la puissance de son chant pour couvrir le bruit :

"Que ta puissance nous guide vers la victoire,
Que ton chemin te mène vers la gloire.
Ô Envoyé de Gaia,
Notre ennemi tu vaincras,"

De nouveaux grattements plus puissants cette fois retentissent : une Ombre est entrain de faire une brèche dans le barrage et les battants de la porte sont sur le point de céder. Brusquement, tout s'accélère quand des griffes noires arrachent le bois et que la créature s'introduit dans la pièce, semant la mort où qu'elle aille... Pourtant, la mère poursuit d'un rythme plus rapide :

"Puisses-tu briller parmi les Ombres funestes,
Auréolé de ton aura céleste.
Que s'arrête l'ère des Cendres,
Que la mort elle-même tu puisses pourfendre,"

Elle cache les yeux de son enfant qui s'est recroquevillé dans ses bras. Elle ne retient plus ses larmes, elle sait que c'est la fin. Elle serre contre elle son petit, et termine de chanter comme un appel lancé aux dieux :

"Ô Héros, laisse ici ta mémoire,
Et viens ranimer notre espoir..."

Et c'est sur ces dernières notes, un dernier sourire aux lèvres, que la Mort l'emporte.

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⏰ Dernière mise à jour : May 28, 2023 ⏰

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