𝐊𝐀𝐌𝐈𝐒𝐀𝐓𝐎 𝐀𝐘𝐀𝐓𝐎

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𝐊𝐀𝐌𝐈𝐒𝐀𝐓𝐎 𝐀𝐘𝐀𝐓𝐎 avait le sourire aux lèvres.

Il parcourait de ses doigts minces un papier fin, et imprégné d'un agréable odeur de soie. Cette odeur familière...

Une sonnerie le tira néanmoins de sa rêverie. Avec grâce, il se leva et alla ouvrir la porte.

" Entrez, je vous en prie."

Elisabeth,son éternelle expression pleine de gentillesse collée au visage, entra et prit place en face d'Ayato. Ce dernier soupira.

"  - Merci d'être venue.

- Je t'en prie. "

Il réfléchit quelques instants.

" - J'ai essayé de voir Sara hier. Elle n'était pas là.

- Mademoiselle s'est rendue sur l'île de Watatsumi. Elle n'est pas rentrée hier soir. "

Un sourire vint éclairer le visage aux traits adoucis d'Ayato.

" - Elle est allée voir la prêtresse,n'est-ce pas ? Sangonomiya Kokomi, je crois.

- Tu n'as pas changé,mon petit. Toujours aussi perspicace. "

Il se gratta la nuque.

" - Alors c'est elle, son amante ?

- Et bien, qu'en penses-tu, toi.

- J'en suis convaincu, je dirais même persuadé. "

Il y eut un silence. La vieille servante des Kujou , celle qui s'était si bien occupée de Sara et d'Ayato avec la tendresse d'une mère, ne le lâchait pas des yeux.

Il avait toujours ce respect dans le regard quand il s'adressait à Elisabeth. Lorsqu'il avait perdu ses parents, son monde s'était écroulé. Du jour au lendemain,il avait hérité de tâches spéciales qu'il devait accomplir. Il devait également s'occuper de sa précieuse petite Ayaka, et de son entraînement. Cela n'avait pas été facile. Il avait dû apprendre à se protéger, à se forger tout seul alors qu'il était si jeune, qu'il avait toute la vie devant lui. Mais il y'avait des moments dans la vie, où on n'avait plus le choix. Et lui, le chef du clan Kamisato, avait décidé d'avancer, et de ne jamais regarder en arrière. Sinon, il était fini.

" - Si tu m'as fais venir, c'est pour une bonne raison je suppose. Que veux-tu me dire ?

- Vous supposez drôlement bien, Lilibeth. "

Il se râcla la gorge.

" J'ai impérativement et urgemment besoin de votre aide. Pourquoi ? Pour convaincre Sara de parler autour d'elle du mariage, ainsi que les servantes. Lilibeth, vous êtes au service du clan Kujou depuis si longtemps. Vous vous êtes forgée une réputation, un respect. Vous avez si bien élevé Sara qu'elle vous considère comme sa mère, ce qui fait de vous sa confidente si on ne compte pas l'autre poisson de l'île de Sangonomiya. Vous êtes sa plus proche conseillère, vous êtes la seule à être en position de m'aider. Grâce à Ayaka et Thomas, les choses commencent enfin à bouger, mais ce n'est pas encore suffisant. Si on continue ainsi, avec vous, on pourra régler ce malentendu - le plus rapidement possible. "

Elle n'avait pas prononcé un seul mot. Elle s'était contentée de l'écouter, patiemment.

Il attendit. Sa réponse, bien plus importante que n'importe quoi à cet instant.

" Mon petit, corrige moi si je me trompe, mais la raison pour laquelle tu ne veux pas de ce mariage, ce n'est pas parce que le coeur de Sara est déjà pris, pas vrai ?"

Ayato ne répondit rien, et la vieille femme comprit qu'elle avait vu juste.

" Je crains que tu n'aies raison."

L'expression du bleuté se refroidit instantanément.

" Je refuse de me marier. Pendant toutes ces années, j'ai repoussé ces garces, qui prétendaient m'aimer. Que des mensonges, si vous voulez mon envie. Elles ne connaissaient rien de moi, à part mon statut et mon argent. Je n'ai pas craqué une seule fois, dans un unique but. Celui de ne jamais partager la tête du clan avec quelqu'un. L'amour n'est qu'une faiblesse. Regardez donc par vous mêmes, ce qui est arrivé à mes défunts parents. Je refuse de me laisser mourir à cause de mes sentiments. Ainsi, le mariage ne fait pas parti de mes plans. "

Il reprit son souffle. Elisabeth, lorsqu'il releva les yeux, le regardait avec une colère froide.

" Si je comprends bien, tu as peur. De l'amour. Ayato, c'est déçevant. Tu crois vraiment qu'avec cette cruelle façon de penser, tu seras protégé ? La seule chose que tu réussiras, ce sera d'en ressortir brisé. Tu ne peux pas lutter contre toi-même indéfiniment, et tu le sais parfaitement. Et tu finiras par t'en vouloir, parce que tu auras raté ta vie et il sera trop tard."

Elle se leva brusquement.

" - C'est ton égo qui parle ?  Tu penses que montrer de l'amour, c'est être faible ? Bon sang, mais ce n'est pas comme ça que tu as été élevé, Ayato ! Il n'y a pas que le pouvoir dans la vie !

- Le pouvoir, lui, ne meurt jamais ! Je ne laisserais pas le clan Kamisato sombrer à nouveau !

- Détrompe-toi. Un beau jour, tu possèdes le monde entre tes mains. Et puis tu finis par tout perdre. "

Ayato se mit à trembler, soudain effrayé à cette idée si réaliste. Un air grave sur le visage, Elisabeth ne le lâchait pas des yeux.

" Fais attention, Ayato Kamisato. Tu es en train de jouer, et ça va finir par se retourner contre toi."

Furieux, il passa en coup de vent derrière elle et quitta la pièce.

Elle s'approcha du bureau et toucha du bout des doigts la lettre en papier de soie. Elle reconnut immédiatement l'écriture arrondie du destinataire, et soupira.

" Tu es en train de prendre le mauvais chemin, mon petit. Tu es effrayé, mais c'est déjà trop tard... Car l'amour a déjà tissé ses fils sur ton coeur. "



























a suivre !

𝐍𝐎𝐒 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐁𝐄𝐋𝐋𝐄𝐒 𝐀𝐍𝐍𝐄𝐄𝐒 / thomatoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant