chapitre 1

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Sam

Certains me connaissent sous mon nom de code, Sam, d’autres se contentent de demander mes services. Tueuse à gages depuis cinq longues années, je propose mes services pour différentes organisations : les gouvernements, la mafia et parfois même pour les plus grands cartels du monde !
Je n’obéis à personne ou presque. 
J’accepte les missions que l’on me donne seulement si j’y trouve mon compte. 
Comment j’en suis arrivée là ? C’est simple, en fait. Personne ne sait qui je suis ni à quoi je ressemble. J’ai su garder mon identité secrète durant toutes ces années, ça m’a donné l’avantage… sur mes concurrents. 

Novembre 2013 - Au commencement -

J’ai quitté la maison à l’âge de ma majorité. Je n’avais pas de boulot, pas d’argent, des parents absents. Découragée et abandonnée à mon sort, je m’étais alors engagée dans l’armée comme on s’accroche à une bouée de sauvetage ! Je m’y suis découvert une passion et un véritable talent pour le tir, c’est tout naturellement que j’ai été formée comme tireuse d’élite pendant plus de dix-huit mois, avant de rompre mon engagement définitivement, après quatre ans de dur labeur et de loyaux services.
Mon premier contrat fut commandité par l’armée française pour une prise d’otages. Je m’en souviens encore comme si c’était hier ! 
J’étais postée sur un toit, juste en face du bâtiment, mon fusil d’assaut sur son bipied, allongée à même le sol, je regardais à travers la lunette de visée. J’avais le premier terroriste en ligne de mire ! Tout était silencieux. C’était le calme avant la tempête… 
Quand plusieurs coups de feu ont retenti dans le bâtiment, les victimes tombaient une à une, face contre terre. Il n’y avait aucune pitié dans le regard de cet assassin. Le chef m’avait alors donné l’ordre, via mon oreillette, d’exécuter la cible. Mon tir était parti aussi rapidement que la consigne avait été donnée. Des gouttes de sueur perlaient sur mon front. Mes mains et mon corps tremblaient sous l’effet de l’adrénaline, ou de la peur d’avoir raté mon coup. Je ne saurais le dire, après tout, c’était ma toute première victime. Malgré les réactions de mes membres, j’ai ressenti un pur moment de satisfaction lorsque ce connard est mort. 
Étais-je donc devenue une femme sans pitié et sans cœur ? Une question que je m’étais posée — quelques secondes — avant de me concentrer sur le deuxième homme à abattre. J’avais tout vu en détail, ma balle brisait la vitre, pour venir perforer le crâne du deuxième preneur d’otages. Aussitôt, il était tombé au sol, inerte. J’avais réussi ma mission avec succès. Une fois mon matériel rangé, j’ai repris mon souffle, essuyé les gouttes de sueur qui dégoulinaient de mon front et rejoint mon escadron. Les missions se sont enchaînées et mes premières impressions ont laissé place à une soif de sang incommensurable. Depuis mes années d’expérience au sein de l’armée, je me suis éloignée de toute civilisation. J’ai trouvé mon havre de paix en achetant et rénovant une baraque au fin fond de la campagne. Pas une âme qui vive à des kilomètres à la ronde… C’est le pied, pour la solitaire que je suis.

De nos jours

Enfin de retour en France, mon pays natal, après une longue mission de six mois pour une organisation secrète américaine. Ma cible : un des plus grands narcotrafiquants du pays. Quand j’y songe, je l’ai eu en beauté cet enfoiré. J’en ai bavé pour m’infiltrer et gagner sa confiance. J’ai dû assister à la vente de drogue et consentir aux viols de jeunes femmes et d’enfants, dans l’écœurement le plus total. Sans montrer la moindre compassion alors que mon corps bouillonnait de rage. Finalement, dans cette histoire, j’ai réussi à manipuler le grand chef avant de l’abattre d’une balle en pleine tête ! Le gouvernement américain m’a gracieusement remerciée et mon compte offshore s’est vu alimenté d’une coquette somme.

Les sacs posés sur le seuil de ma maison, je me saisis de mon téléphone et ouvre mon application de télésurveillance. Rien à signaler. C’est légèrement soulagée que je pénètre à l’intérieur, arme en main, sur le qui-vive. En entrant, j’écoute le moindre bruit et contrôle chacune des pièces avant de me diriger vers les fenêtres, que j’entrouvre pour faire disparaître cette odeur de renfermé. C’est souvent comme ça, après des mois d’absence… Une fois l’air purifié, je referme tout et pars me réfugier dans la salle de bain. Devant le miroir, je vérifie mon allure, me déshabille et file sous la douche. 
Détendue, je coupe l’eau et m’enroule dans une serviette propre. Je m’habille en vitesse avec ce que j’ai sous la main et je vais faire quelques courses à la supérette du coin. Je retourne dans mon sanctuaire, range mes achats dans le frigo et prépare mon repas. 
Installée sur mon canapé, je déguste mon plat tout en regardant attentivement les chaînes d’informations à la télé. Une autre de mes passions. Le présentateur parle d’un tueur en série qui serait recherché depuis plusieurs jours. Il aurait assassiné cinq jeunes filles aux traits similaires : brune, de taille moyenne et à la poitrine généreuse. Les unités spéciales dans ce domaine ont été déployées, mais l’assassin reste introuvable. Je ne sais pas pourquoi, mais mon instinct se réveille à cet instant en visualisant la photo de la dernière victime. Quelque chose me dit que je vais être contactée sous peu. Ça ne loupe pas, au même instant, ma ligne sécurisée sonne. Il s’agit des services secrets qui me proposent un contrat pour retrouver ledit "tueur" dont je viens d’entendre parler aux infos. Selon leurs sources, la police le traque activement, malheureusement, ils n’arrivent toujours pas à mettre la main dessus. 
Sans hésiter, je l’accepte, demandant à recevoir tous les renseignements disponibles via une adresse mail spécifique pour la mission, et raccroche toute euphorique.
À nouveau, je quitte ma demeure et rejoins le cybercafé qui se trouve à trente kilomètres. Je commande un café au comptoir, pars m’installer sur l’un de leurs ordinateurs le plus loin possible de l’entrée, afin de garder un œil sur les allées et venues. J’enfile ma paire de gants, tape mon adresse mail, ouvre le message et commence ma lecture. 
Il s’agit d’un homme d’une quarantaine d’années. Grand et de forte corpulence. Il est veuf depuis deux mois, sa femme était brune à forte poitrine, tout comme les jeunes femmes assassinées. Cause du décès : suicide. Elle a été retrouvée pendue. « Mais bien sûr ». 
L’individu attaque ses futures proies dans un périmètre de vingt kilomètres autour de mon domicile, près d’une grande surface. J’imprime les renseignements, sa photo, effectue pendant plus de quatre heures des recherches sur le Web, glisse le tout dans mon sac et retourne chez moi. Je jette ma besace et ma veste sur le canapé. Mange un sandwich et retrouve le confort de ma chambre pour une bonne nuit de sommeil.

À la sonnerie de mon réveil, je prends le temps de m’étirer, déjà lasse de ce que me réserve cette nouvelle journée. Je profite du calme environnant pour faire un brin de ménage et changer la disposition de certains meubles. En fin de soirée, j’enfile une combinaison bleu marine, ma perruque brune et des lentilles de couleur verte. Glisse mon arme dans mon dos, prends mon blouson en cuir et quitte la maison. Je vérifie que je ne suis pas suivie et emprunte la direction du supermarché. Ma voiture garée sur le parking sans aucune surveillance, je guette les lieux jusqu’à tard dans la nuit pour voir si l’homme se trouverait sur place. Pendant trois jours, j’effectue cette même routine ennuyante ou aucun mouvement n’a lieu et c’est dans ce genre de moments que le temps me paraît infiniment long. Quatrième jour, stationnée toujours au même endroit, je soupire en fixant ma montre pour la dixième fois en moins de cinq minutes. Quand tout à coup, un véhicule surgit et ralentit. Il s’immobilise à quelques mètres de ma berline lorsqu’un couple en sort. Je m’avance un peu plus près de ma vitre pour les observer. À ma plus grande surprise, c’est mon suspect. Il est en compagnie d’une jeune femme brune qui se débat et hurle à l’aide pour s’extraire de son emprise. C’est donc le plus naturellement du monde que je quitte ma voiture et décide de les suivre. En entendant certainement mes pas, l’homme se retourne rapidement vers moi, sa proie s’échappe en courant. Putain ! C’est vraiment lui, je n’ai aucun doute. Il est tel que sur la photo, grand, gras, les yeux avides de désir avec un air de pervers sur son visage bouffi. Il s’approche à grands pas, prêt à me prendre en otage, tandis que mon cerveau se délecte déjà de ce que je vais lui faire subir. "C’est ça, allez, rapproche-toi, mon gros". Maintenant, à moi de jouer. Je me trouve au plus près de lui. Quand il voit mon flingue dans ma main droite, il blêmit et se fige sur place, il est pris à son propre piège. Son regard lubrique vire à la peur et cette vision me fait exploser de rire.
 Il doit me prendre pour une folle ! Hé oui, connard, pris à ton propre jeu. 
Je sens l’excitation pulser dans mes veines et la haine envelopper chaque parcelle de mon corps. Ce genre d’individu ne mérite aucune pitié. Savoir qu’il n’avait aucun scrupule pour violer et tuer ces femmes me donne la gerbe, mais surtout l’envie de le faire souffrir d’autant plus. Je le fixe encore une fois avant d’amorcer mon premier tir. Ma balle vient se loger dans son genou gauche. Sous l’effet de la pression, il tombe et hurle de douleur. Insensible à cette réaction, j’en décoche une deuxième qui déchire sa peau se logeant dans son épaule et ma victime s’effondre sur le bitume, le souffle court. Lassée de l’entendre geindre, je le traîne derrière moi malgré son poids. Je lui ordonne de grimper dans le coffre, prends les bidons d'eau puis reviens sur mes pas pour effacer toutes traces de lutte avant de reprendre mon chemin. À quelques bornes de chez moi, je m’engouffre dans les bois, planque ma voiture derrière une vieille cahute. J’ouvre ma portière et cet enfoiré s’est évanoui en route. Pour l’aider à sortir, je le réveille en le giflant. Le con râle, ce qui m’énerve au plus haut point. Je décide de le faire taire en enfonçant mon semi-automatique dans sa bouche et lui demande de sortir. Il est tellement lent et doué qu’il s’éclate la tronche à même le sol. Je l’entends gémir de douleur avant qu’il ne se mette à ramper. Je le laisse franchir quelques mètres et tire l’ultime coup. Ce pervers s’éteint sous mon regard resté impassible. Je range mon flingue et le silencieux dans ma boîte à gants, sors mon téléphone jetable et envoie via mon GPS l’endroit où se situe la victime, pour qu’on vienne la récupérer ainsi que le mot « Fait », puis quitte les lieux au plus vite. 

De retour dans mon sanctuaire, je retire mes accessoires, mes vêtements et pars me doucher afin d’effacer toutes les traces de cette soirée. Le sang colore l’eau et je me délecte de cette vision. Apaisée, je termine de me laver et prépare mon diner. Au même moment, une notification apparaît sur mon portable ! Décidément, on me dérange toujours pendant que je mange. Il est question cette fois d’un de mes contacts : une connaissance proche de l’un des plus grands cartels mexicains. Il me demande de l’aide pour faire tomber leurs ennemis, la plus puissante famille du Brésil, qui détient la moitié du pays. Pour m’infiltrer, j’aurai le soutien des Mexicains déjà présents sur place. J’hésite… Plus d’une fois, j’ai failli y laisser ma peau. 
Je préfère prendre ma décision à tête reposée. Je pose mon appareil sur la table basse, termine mon repas et vais me coucher. Demain, j’aurai les idées plus claires et je lui donnerai une réponse. 

Beauté Mortelle Tome 1 (Roman Auto-edité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant