"Mesdames et messieurs, dans quelques instants nous allons procéder au décollage du vol à destination de l'aéroport de Venise – Marco Polo. Merci de bien vouloir rester assis, attacher vos ceintures et suivre attentivement les consignes de sécurité"
"Ladies and gentlemen, in a few moments we will proceed with the take-off of the flight to Venice – Marco Polo airport. Please remain seated, fasten your seat belts and carefully follow the safety instructions"
Venise, la sérénissime. C'était incontestablement la ville des amoureux par excellence. Celle
qui accueille plus de 30 millions de visiteurs chaque année. Cette ville exerce chez moi une certaine fascination notamment lorsque je m'intéresse à son histoire.
Pour autant, je ne me rends pas à Venise pour siroter des spritz en terrasse ou déguster des gelato devant le pont des soupirs. Je suis là pour le travail et je ne compte pas m'éparpiller. J'ai été envoyé par l'institut Montesquieu, un centre de recherche en histoire afin d'étudier la période de la Renaissance, mais aussi la famille la plus influente de Venise à cette époque.
J'ai pour ainsi dire des milliers de documents qui n'attendent que moi pour être consultés aux archives de la ville. L'objectif est que je perce tous les mystères autour des Borgia et leur ascension politique pendant la Renaissance. Je sais ce que vous pensez... cela n'a rien de sexy ; pour autant, c'est mon travail et je l'adore. J'ai toujours été un rat de bibliothèque qui a toujours adoré étudier, j'ai passé ma vie à être la première de la classe avec les meilleures notes à l'Université, mais à côté de cela; je n'avais pas beaucoup d'amis et je ne sortais pas beaucoup pour me sociabiliser... je l'avoue. Je préférais passer mes samedis soirs à étudier ou regarder des documentaires plutôt que de faire la tournée des bars avec les autres étudiants de ma fac.
Lorsque nous atterrîmes à l'aéroport de Venise, Maya me tira de mes rêveries en retirant un de mes écouteurs de mes oreilles.
- Meuf ! Bouge-toi un peu, je n'ai pas envie de sortir parmi les derniers !
- On va pas se lever maintenant l'avion n'est pas encore stabilisé. Grommelais-je.
- Allez! Ne fais pas ta rabat-joie et bouge-toi parce que j'ai hâte de me prélasser en terrasse.
Je ne voulais pas la contredire davantage, car je savais que pour ma meilleure amie, Venise
rimait avec vacances et elle avait le droit d'être beaucoup plus enthousiaste. Pour autant, je savais qu'à l'arrivée on allait être coincées au moment de récupérer nos bagages en soute. On ne partait que pour deux semaines, mais pour Maya, il était hors de question de voyager léger. Cependant, je suis capable de tout lui laisser passer. Maya a toujours été là... dans les bons comme les mauvais moments. Elle a été un soutien sans faille quand j'ai vécu les pires moments de mon existence et que je m'interrogeais sur l'utilité de continuer à me battre.
Après avoir passé la douane, nous attendîmes patiemment de récupérer nos valises lorsque je surpris Maya faire les beaux yeux à un bel italien. Décidément, elle n'avait pas le temps celle-là. De mon côté, je cherchais désespérément le taxi boat qui nous permettrait de faire la navette entre l'aéroport et l'île de Venise.
Dans l'objectif de rejoindre cette fameuse navette, j'échangeais quelques mots dans un italien que je décrirais comme "convenable", avant de faire signe à Maya que le taxi était là. Cette dernière embrassa la joue de ce bel inconnu qui lui fit un clin d'œil.
- Allez Maya bouge toi un peu ! Soufflais-je
- Ça va j'arrive ! Il y a pas le feu !
Agacé, je soufflais dans ma barbe alors que je chargeais ma valise dans le taxi boat. Je refusais d'attendre le prochain dans une demi-heure sous prétexte qu'elle était sur le point de décrocher son premier numéro de téléphone des vacances. Je peux paraître exécrable mais je manquais cruellement de temps pour tout ça. J'avais une conférence a organiser pour le département des sciences et je devais avancer aussi sur ma thèse.
Certes, je savais tout ce qu'il y avait à savoir pour le commun des mortels concernant la famille des Borgia, mais je me rendais à Venise justement pour en apprendre davantage, pour connaître ce que personne d'autres n'avait découvert.
Je me suis mise en relation par l'un de mes directeurs de thèse pour rencontrer le Professeur Antonio Arrès qui avait des connaissances indiscutables en matière de pouvoir politique, de complots et de mystères. Il défendait notamment une thèse selon laquelle Lucrèce Borgia n'était autre qu'une sorcière et qu'elle aurait ainsi inspirée la naissance de la confrérie des sorcières de Salem, un siècle plus tard. Bien évidemment, je ne comptais pas le contredire sur ce point bien que son analyse me paraissait quelque peu invraisemblable. Après tout, qui était-je pour mettre en doute la parole d'un historien de renommée internationale ?
Et bien que je n'étais qu'une pauvre petite doctorante parisienne de 25ans qui se démenais pour ne pas passer le reste de son existence à écrire des articles insignifiants que personne ne lisait et qui avait du mal à boucler ses fins de mois; je ne devais pas pour autant me faire remarquer auprès de mes pairs en insultant leur travaux. Cela me conduirait directement aux oubliettes. Je risquerais d'être complètement blacklisté des évènements mondains de la recherche scientifique.
Amoureuse de l'histoire, j'ai toujours cru que rédiger une thèse pour me lancer dans la carrière d'universitaire était une bonne idée; mais après 3ans de recherches et de rédaction, je commençais a me poser de sérieuses questions. Étais-je faite pour cela ? Moi qui rêvais d'aventures, de découverte. Ne m'étais-je pas trompé de voie ? N'aurais-je pas du devenir archéologue tout simplement ? Le métier de l'archéologie semblait tellement plus passionnant contrairement au fait de passer des journées entières dans les bibliothèques à dépoussiérer de vieux bouquins.
Le taxi boat fini par s'immobiliser et nous signale que nous sommes arrivées au terminus. Péniblement et bien trop chargée, nous descendons Maya et moi du bateau. L'arrivée sur la terre ferme me fait du bien. Je commençais à en avoir l'estomac noué a force de tanguer sur ce bateau ; où est-ce mes songes quant à mes perspectives d'avenir qui me donnait la nausée ?
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L'INCONNU DE VENISE
RomanceAngela est une boulimique du travail. Fraîchement diplômée en droit, cette jeune femme d'à peine 25 ans ne vit que pour son nouveau poste d'historienne au centre de recherche de l'institut Montesquieu. Pour autant, sa vie va complètement basculer l...