Terassée par un horrible cauchemar qui vint la terroriser au environ de quatre heures du matin, Giana ouvrit les yeux en sursaut, parfaitement calée dans les bras de son ennemi juré. Depuis qu'il s'était endormi à ses côtés, ses bras n'avaient pas bougé de sa taille, la gardant fermement presser contre lui.
Giana en fût plus qu'étonné. Ce n'était pas la réaction à laquelle elle s'était attendu après toutes les péripéties émotionnelles par lesquelles ils étaient passés hier. Elle qui croyait qu'il lui ferait la tête le reste de la soirée, s'était lourdement trompée.
Et maintenant, il était là, dans son lit sans aucune explication à lui donner. Pas de "désolé d'avoir fait ça ou ci", rien. Elle ne l'acceptait pas.
Giana se positionna sur le ventre en faisant attention à ne pas le réveiller et partait pour rejoindre l'autre lit, quand ses plans changèrent en cours de route, séduite par l'homme endormie qui bousculait son cœur tous les jours que Dieu faisait.
Giana ne résista pas à l'envie de le contempler après s'être levée du lit. Les mains autour de son ventre, elle ne parvint pas à décoller son regard du visage du Soldat qui ressemblait plus à celui d'un homme séduisant tout à fait normal qu'elle aurait pu croiser au détour d'une ruelle, qu'à un mafieux sicilien dangereux et sadique et dont les penchants sexuels tendaient vers le sadomasochisme. Une pratique qu'elle n'était pas sûre d'apprécier.
Comme il a l'air paisible.
Giana se pencha sur lui. Une main au-dessus de son visage, elle fût sur le point de balayer ses mèches noires sur le dessus de son crâne quand son estomac gronda famine, l'empêchant de faire un geste de plus. Craignant de le réveiller, Giana préféra s'éloigner. Elle prit la fuite et s'enferma dans la salle de bain, le sang battant follement à ses tempes.
Là, elle effectua un rapide toilettage, histoire de paraître à son avantage si jamais il venait à se réveiller lui aussi. Entre se brosser les dents et donner une allure présentable à ses cheveux en bataille, Giana ne mit pas longtemps à s'apprêter.
Tu te fais belle pour lui là ? Je rêve !
Cette petite constatation la fit lâcher sa brosse à cheveux qui s'échoua avec fracas dans le lavabo.
Troublée, elle croisa son regard dans le miroir en se demandant si tout ça n'était pas de la folie. Il commençait à lui plaire, c'était indéniable.
Giana avisa le collier qui ornait encore son cou et ne put s'empêcher de le toucher, encore une fois. Ce sentiment d'appartenance qui l'avait étreint toute la matinée d'hier refit surface et elle ne pût s'empêcher de se sentir dépendante de lui.
Était-ce cela qui conditionnait son comportement vis-à-vis de lui ? Les sentiments contradictoires qu'elle ressentait dès à présent pour cet individu qui l'intriguait désormais d'une façon ou d'une autre, était-ce réellement à cause de ça ? Giana n'était plus tout à fait sûre.
Elle s'était mainte fois surprise à vouloir percer le secret de cet homme, mais ce qu'elle voulait par-dessus tout, c'était comprendre l'être brisé et torturé qu'il était alors qu'elle se l'était déjà interdit auparavant. Le fait était que plus ils passaient du temps ensemble plus l'envie de le découvrir se faisait omniprésente, et ce, en dépit de son caractère d'ours mal léché qui l'avait mis hors d'elle, un nombre incalculable de fois.
— T'as pas le droit ! s'admonesta-t-elle.
Elle ferma les yeux pendant un bref instant, le temps pour elle d'inspirer puis d'expirer tout l'air contenu dans ses poumons. Lorsqu'elle les rouvrit, elle eut la mauvaise surprise de croiser le reflet du Soldat dans le miroir. La mine reposée, il ébouriffa ses cheveux tandis qu'elle se retournait tout doucement vers lui, réprimant au fond d'elle le cri de peur qu'elle avait été sur le point de pousser.
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Gia et Le Soldat
RomanceÀ vingt-trois ans à peine, Giana Bertolini se retrouve veuve et enceinte de six mois de son défunt mari Dario, mort, au combat en Irak. Après deux mois de deuil et une dépression qui ont failli lui coûter la vie à elle et son bébé, elle décide de se...