Elle

29 3 3
                                    

(PDV Chifuyu) 

Je suis Baji dans la rue silencieuse. Mains dans les poches, sucette dans la bouche, il a la classe. Toujours.  

- On va rejoindre Draken et Mikey au resto ? J'ai envie de bouffer des ramen. Lance-t-il alors. 

Je soupire. J'aurais bien voulu rentrer chez moi, me reposer un peu. Je suis fatigué ces derniers temps. J'ai l'impression de m'être battu contre trop de gens, d'avoir d'enchaîner baston sur baston. Casser le nez de types arrogants c'est un peu lassant à force. Mais encore une fois je n'ai pas réussi à ne pas suivre Baji. 

La fraicheur de l'automne me glisse dans le cou, me donnant un peu la chair de poule. Je frissonne. C'est pas si désagréable. J'aime bien l'automne, ce mélange entre deux saisons, avec une touche d'orangé sur les feuilles. C'est à cette période que j'aime le plus me promener dans les parcs, regarder les arbres, tout en me blottissant dans un gros pull bien chaud. Un petit paradis silencieux et rempli de magie. 

On traverse un petit pont que je n'ai jamais empruntée avant. Je ne connaissais même pas son existence. Ce n'est pas une rue que j'utilise souvent, je reste normalement plus dans le centre.

J'aperçois une fille nous foncer droit dessus. Elle porte un gros sacs et à le nez sur sont téléphone. Je n'ai pas le temps de tirer Baji -qui ne la pas vu, évidemment, tellement il est grand- par la manche, pour qu'il ne lui fonce pas dedans, mais c'est déjà trop tard.

 Un simple coup d'épaule de la part de Keisuke à suffit a la déstabiliser. Elle vacille mais reprend vite l'équilibre. Elle s'empresse de s'excuser et reprend sa route. Baji la regarde partir, ses yeux de chats la fixant jusqu'à ce qu'elle disparaisse de son champ de vision. 

- Elle est jolie, commente-il. 

Et il continu de marcher sans un mot de plus. Je le suis, sans rien ajouter d'autre, sentant un rayon de soleil me réchauffer le visage. 





Je rentre encore une fois très tard ce soir.  Ma mère est déjà couchée et je ne la réveille pas pour la prévenir de ma présence. Elle manque trop d'heures de sommeil pour ça. Elle travaille beaucoup, et surtout ces temps-ci. 

Je vais prendre une douche bien froide. Je retiens de gémir de douleur quand je passe le savon sur mes plaies. Ça picote, alors j'arrête. Je sort de la douche, et vais vite chercher du désinfectant et des pansements, voyant qu'une de mes plaies a recommencée à saigner. 

Je me pose sur ma chaise de bureau et soulève mon tee-shirt, laissant entrevoir un gros bleu. C'est pas beau à voir. Mais j'ai finit pas m'habituer à ce genre de blessures, après tout je fais parti du Tokyo Manjikai, et si je me plaignais à la moindre petite plaie, je n'aurais pas ma place auprès des autres. 

Mais ne pas me plaindre n'enlève pas la douleur.

Je me demande parfois pourquoi je continue tout ça. Peut-être juste pour le plaisir d'être au côté de Baji et tout le groupe, pour savourer encore et encore ces sorties en moto après avoir   tabassé un autre clan. Mais le côté "baston",  ne me procure plus tant de plaisir que ça. C'est vrai que j'ai le sang chaud et surtout les années précédentes quand mon activité principale était de frapper les losers de mon collège qui se croyais plus fort que tout le monde. Mais maintenant ? Maintenant, je pense que je veux surtout protéger les personnes qui me sont chères. 

Ma joue est enflée à cause d'un mauvais coup de poing que je me suis pris. Bien fait pour moi, j'aurais du mieux protéger mon visage. Je désinfecte ensuite plusieurs entailles qui se sont infectés durant la journée, c'est dégoutant, il y a de grosse croutes et ça saigne de tous les côtés. 

Ayant finit ma petite séance "d'analyse des blessures", je me sèche les cheveux et vais me coucher. Quand je tombe dans mon lit, quand mon corps s'enfonce dans le matelas, je sens tous mes muscles se décontracter. Je soupire de satisfaction, et en moins de deux je suis plongé dans un sommeil profond. 





Je balance mes pieds pour me donner de l'élan. La balançoire bouge faiblement et je dois les lever pour qu'ils ne touchent pas le sol. L'éclate. 

Takemichi et Hinata parle bien depuis 15 minutes. Je suis presque inexistant. Évidemment, Hanagaki la regarde plus qu'il ne parle. Et elle, elle se plaint. 

- La danse c'est vraiment trop compliqué. Je ne sais même pas pourquoi j'ai pris des cours. En plus ça fait mal ! gémit-elle en lançant un regard haineux à ses pointes dans son sac. Mais heureusement, je ne suis pas la seul à galérer, on est un peu tous des débutants dans mon cours. Mais t'aurais vu le cours d'à côté... Il n'est fait que de danseuses qui visent les grandes écoles. Elles sont super fortes ! Ça se voit qu'elles en font depuis petites.. Surtout une, les filles m'ont dit qu'elle est prête à tout pour avoir le premier rôle, quel qu'il soit. 

Je rit doucement. 

J'ai toujours trouvé ça ridicule. De vouer tout à quelque chose, à en devenir malade. Tu deviens dépendant, et quand on te l'enlèves, tu n'es plus rien. Stupide. Et la danse classique c'est un peu ça. 

- D'ailleurs, lance Hinata en regardant sa montre, je dois y aller. Le cours commence dans 15 minutes, oulalala... Je vais être en retard...

- Attend, on t'accompagne ! répond du tac au tac Hanagaki, un sourire niais pendu aux lèvres. 

Je lui lance un regard haineux. Comment ça "on" ? Je n'ai aucune envie de traverser tout Tokyo pour accompagner sa copine à son cours de tutus sur patte, moi. Hanagaki me jette lui aussi un regard de mort, et je sais que je n'ai pas le choix. Je soupire et acquiesce. 



Après bien 10 minutes de marche, on arrive enfin. C'est un bâtiment très traditionnel, au milieu d'un quartier qui craint un peu. Comme si cet immeuble n'était pas bien à sa place. 

Hinata se dépêche d'entrer, toute stressée d'être en retard. On la suis sans rien dire. 

On passe le hall, puis on monte des escaliers qui paraissent sans fin, on passe ensuite devant une infinité de portes, fermées. Arrivé devant les vestiaires, Hinata nous demande de l'attendre et elle va se changer. 

- Et matte ça ! lance Takemichi en me faisant signe d'approcher. 

Une des portes est mal fermée, et si on tend l'oreille on peut entendre sortir de la pièce, une douce mélodie. Je pousse Hanagaki pour regarder à mon tour dans l'entrebâillement d'où des rayons de lumière émanent. Je penche ma tête pour voir, et mes yeux se posent tout de suite sur elle.

C'est comme si chaque mouvements qu'elle fait efface un peu plus le monde autour. Elle paraît, elle même, pas vraiment ici. Elle tournoie dans la pièce à une vitesse folle que j'ai peur qu'elle s'envole. Elle est au centre et captive toute l'attention. On dirait presque qu'elle brille. Son chignon est toujours parfait quand elle finit sa pirouette. Elle ne montre aucune once de fatigue ou d'épuisement, s'en est flippant. 

Je sent quelques choses se serrer contre mon épaule. Je tourne la tête, me coupant dans ma contemplation, et voit Hinata en juste-corps, le regard brillant et les yeux fixés sur la fille . 

- C'est elle, la fille dont je vous parlais tout à l'heure, Ito Aiichiro. 

Rᴇɢᴀʀᴅᴇ ᴍᴏɪ ᴇ̂ᴛʀᴇ ʟᴇ s̶i̶g̶n̶e̶ ̶ ᴄʏɢɴᴇOù les histoires vivent. Découvrez maintenant