CHAPITRE SEIZE

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Bon sang, qu'est-ce qui m'arrive ? 

     Paniquée au plus haut point, je tourne en rond comme un lion en cage dans la salle de réception désormais vide. 

     Après l'épisode de la piscine, je me suis dépêchée de venir me réfugier ici. Je ne pouvais pas décidément pas remonter dans ma chambre dans cet état-là. Je ne suis pas suffisamment calme pour retourner m'allonger auprès de Tommy. Il se rendrait forcément compte qu'il y a un problème et il me poserait des questions auxquelles je ne peux pas répondre. Il faut absolument que je parvienne à me recentrer avant de le rejoindre. 

     Seulement, plus j'y pense plus je me dis que je n'y arriverai pas. Je ne fais que ressasser ce  qu'il s'est passé dans la piscine et surtout ce qui a failli s'y produire. Je ne me voile pas la face. J'ai vu le regard que Cameron portait sur moi et je ne peux pas affirmer que je ne le regardai pas de la même façon que lui. Ses yeux étaient encrés à mes lèvres et les miens aux siennes. Je n'arrivai pas à m'en détacher et c'est justement ce qui m'a fait si peur. 

     On passait un bon moment tous les deux. On discutait de nos vies, de ce qu'on avait vécu pendant que l'autre était à des milliers de kilomètres. J'ai adoré l'entendre me raconter la nouvelle vie de Maddie et Jules et j'ai vu la façon dont ses yeux brillaient quand je lui ai parlé du mariage de mon père et de l'évolution fulgurante de Charlie. On était si bien, lui et moi. 

     Au début de ce séjour, j'aurai jamais imaginé qu'on puisse passer un moment de ce genre tous les deux, qu'on serait capable de discuter aussi facilement ensemble. Il y a eu un léger instant de malaise mais nous avons réussi à dépasser ça. On était seuls mais tout se passait parfaitement bien. 

     En fait, je suis même surprise d'avoir été assez à l'aise pour me livrer à lui. Je n'ai pas eu peur une seule seconde quand je lui ai avoué les regrets que je pouvais avoir. Je me sentais écoutée. Quand on sortait ensemble, je disais tout à Cameron. Il m'a aidé à me libérer de nombreux tourments pendant notre relation. Je pouvais lui parler de tout ce qui me tracassait et j'ai retrouvé ce confort avec lui sans que ça ne me demande aucun effort. 

     Et puis, il y a eu cette minute de flottement où nous avons failli...nous embrasser. 

     NON. N'y repense pas.

     Trop tard. 

     Je ne peux pas oublier son regard sur mes lèvres, son torse moulé dans son t-shirt mouillé frôlant ma poitrine ni son visage d'ange ténébreux. Je ne peux pas repousser cette image de mon esprit. 

     Pire encore, je n'arrive pas à faire taire cette délicieuse sensation que j'ai ressenti quand nous nous sommes retrouvés dans la piscine. J'ai refais connaissance avec cette sensation de folie pure que je côtoyai tout le temps lorsqu'on était ensemble et amoureux. Je n'avais pas ressenti une euphorie pareille depuis cinq ans. 

     Et, mon Dieu, ce que ça m'avait manqué. 

     C'est cette vague de folie unique qui me met dans un état pareil. Je n'arrive pas à la faire partir, à l'extraire de mon corps et de ma tête. Elle coule dans mes veines, je la sens. Cette sorte d'excitation incontrôlable est pire qu'une drogue. Je me demande comment j'ai pu survivre à ces dernières années sans plus la ressentir au creux de mon ventre. J'ai vécu pour elle tout au long de ma relation avec Cameron. Chaque fois qu'elle s'en allait, je brûlais d'impatience jusqu'à ce qu'elle revienne me bouleverser. 

     Je suis littéralement en état de choc. Je ne pense qu'à la retrouver. Je veux me sentir vivante encore une fois et ne surtout pas retomber dans ce coma dans lequel j'étais prisonnière depuis si longtemps. Cette dose de folie est comme une raison de respirer à présent. J'ai besoin de la ressentir de nouveau pour ne pas me laisser engloutir par cette avalanche de regrets qui me menace. Elle a laissé un vide en moi que je suis incapable de supporter. 

THE WAY - LE DILEMMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant