- JORDAN -
Les jours qui changent votre vie commencent comme tous les autres.
Ce matin-là, Jordan se réveilla au côté de sa femme comme tous les matins. Il était 6h30, mais le réveil ne s'était pas encore déclenché. Il s'était éveillé trente minutes trop tôt et décida d'attendre le moment opportun pour se lever et abandonner son lit.
Le soleil avait copié sa cadence et déjà les premiers rayons traversaient les rideaux voilés blancs de la chambre pour éclairer le visage endormi de sa femme Lisa.
Jordan s'amusa de la situation. Ces rideaux, c'était Lisa elle-même qui les avait réclamés. Prétextant que les anciens trop épais, retenaient le soleil et empêchaient ses merveilleuses plantes de pousser. Désormais les hortensias, les fougères et les roses disséminées un peu partout dans la pièce regagnaient en vigueur. En contrepartie Lisa se réveillait chaque matin avec un fichu mal de crâne causé par la chaleur. Elle allait encore bougonner, se plaindre, mais n'admettrait jamais qu'elle avait fait une erreur. Elle allait continuer, têtue comme elle était à conserver les rideaux. Prétextant que son idée était la bonne au détriment de la qualité de son sommeil. Elle avait eu trente-deux ans en juin. Cela ne l'avait pas empêchée de conserver le caractère têtu d'une enfant.
Jordan regarda la frimousse endormie de sa femme.
Comme elle était belle.
Il détailla chaque parcelle de son visage afin de se l'imprégner une dernière fois dans sa mémoire. Il commença par son front, son délicat front sur lequel il déposait nombre de caresses avec ses lèvres. Puis descendit progressivement : il y avait ses sourcils, ses cils, ses magnifique yeux fermés. Son nez droit, ses joues creuses, sa mâchoire carrée et son menton. Le tout enseveli sous une nuée de cheveux brun désorganisés. Elle ressemblait à un fantôme dans cet état. Jordan se remémora les anciens films d'horreur japonais où les fantômes portaient de longues robes blanches et une chevelure noir décousue. Il ne lui manquait plus que l'énorme poignard à la main pour être prise pour le rôle.
Pas si jolie en fin de compte...
Il s'amusa de sa blague en regrettant de ne pouvoir la partager avec les gosses. C'était la parfaite référence à coller au visage de sa femme pour le garder en mémoire. Jamais plus il n'oublierait cette vision. J'avais plus il ne pourrait oublié ce visage qui durant 6 années avait éblouit sa vie. Et c'était ce qu'il voulait. C'était un peu comme s'il prenait une photo. Une photo intime indisponible que nul ne saurait trouver ou effacer à par lui. Il venait de se créer un souvenir
Son dernier souvenir d'elle.
Subtilement, il passa son bras droit au-dessus du corps recroquevillé. Elle ne remarqua rien. Il remonta le décompte du réveil de vingt nouvelles minutes. Elle le méritait. Lisa travaillait trop ces derniers temps. Heureusement aujourd'hui elle pourrait faire une pause. Elle ne travaillerait pas et c'était les vacances scolaires. Elle et les enfants profiteraient de cette accalmie pour aller voir les grands-parents. Jordan, lui, avait prétendu travailler aujourd'hui, pour avoir quartier libre.
Il sortit de leur lit et alla se chercher un verre d'eau dans le frigo. Il était encore en caleçon. Son ventre se remplit à mesure que l'eau glacée était assimilée par son corps. Sa bedaine, qu'il entretenait depuis son mariage dénonçait le manque d'entrainement militaire de ces dernières années. Il avait été trop longtemps au repos. Sous couverture comme on dit dans le jargon. Une femme, mais aussi deux enfants s'étaient incrustés dans sa vie. Ses priorités avaient changées. C'était normal.
Il avait essayé de se mentir, de se faire croire que le mariage faisait parti de l'imposture. Mais la vie de famille lui avait beaucoup trop plus. Il ne voulait plus obéir à l'ordre, après tout c'était leur faute s'ils avaient mis autant de temps à revenir. Comme s'ils l'avaient oublié qu'ils s'étaient souvenu de lui, après dix années d'absence.
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Dissociés
ParanormalIls voulaient vivre leurs rêves, mais la société les en a empêchée. Aujourd'hui ils ont une nouvelle chance. Mais ce sera sans doute la dernière... (Une nouvelle page chaque semaine.)