Moon Children (Namjoon)

Incognito

Sous les rayons du soleil de ce début de crépuscule, la Loire répandait ses roses, ses orangés et gris bleu sur Amboise. Cette lumière douce et chaude pénétrait par la grande fenêtre de bois blanc. Il l'enveloppa de ses bras, collant son visage au sien, pour admirer le couchant sur ce fleuve sauvage. Everybody's got to learn sometime laissait la voix chaleureuse de Zucchero emplir la chambre du manoir des Minimes.

— C'est plus beau qu'un Turner, n'est-ce pas ? murmura-t-elle.

Il acquiesça doucement en l'attirant vers leur lit.

— Tout est si nouveau et beau pour moi ici. Je ne pensais pas non plus pouvoir être traité comme une personne lambda... tout ça est si dépaysant !

*

   Quelques heures plus tôt, Camille avait ressenti un sentiment de fierté légèrement teinté de gêne quand elle avait dû présenter ses trois compagnons de voyage.

   Tout d'abord, présenter son petit ami à ses parents avait toujours été une épreuve pour elle. Et, depuis Nicolas, c'était devenu un sujet particulièrement sensible entre la mère et sa fille. Camille s'était entendu dire qu'il ne fallait plus "présenter quelqu'un comme ça ; qu'on finissait par s'y attacher...".

  Ensuite, la fonction de M. Min avait dû être éclairée très rapidement car il avait été invité aux festivités mais ce dernier ne tenait pas à y assister. Si Camille avait bien dit que Namjoon et Jimin étaient chanteurs, que c'était leur métier, elle n'avait jamais précisé l'ampleur de leur notoriété. A tort, visiblement, vu l'embarras flagrant que la révélation avait déclenché.

   Toutefois, l'accueil avait été très jovial. Mme Dampierre avait claqué la bise aux jeunes gens qui ne comprirent pas tout de suite ce qui leur arrivait. C'était d'un comique ravissant !

   En sortant de la gare, Camille avait signé les papiers pour la location d'une voiture qui leur permettrait de se promener librement sans dépendre de ses parents qui, de toute façon, selon leur expression, détestaient "faire le taxi".

— Maman ? dit Camille en jouant avec la clef de la voiture, alors que ces messieurs mettaient les bagages dans le coffre.

— Oui ?

— Je meurs de faim !

— Vous n'avez pas déjeuné ou pris un sandwich ? Mais enfin, ma puce...

Cette question toute simple, familière, et cet air préoccupé fit bêtement plaisir à Camille.
"Je suis un gros bébé ! A peine arrivée, je cherche à me faire cajoler !"

— Écoutez, on peut laisser les voitures au parking de la Fnac et manger un bout place Plume. On fait ça ?

   La mère de Camille s'adressa au groupe de jeunes gens entier en oubliant que seule Camille pouvait comprendre. Cette dernière s'empressa de traduire la proposition qui fut accueillie par un concert de grognements approbateurs !

— Alors, en route belle troupe ! Tu me suis ?

— Ne t'inquiète pas ! Je connais bien le chemin. On se retrouve dans le parking.

   M. Min pensait conduire. Mais Camille n'avait pas l'intention de lui laisser le volant. La bataille de regards fut assez épique. Il n'eut pas le cran d'extraire la jeune femme du siège du conducteur quand elle s'y assit d'un air de défi. Jimin se tenait les côtes tant il riait. C'est dans cette ambiance joyeuse qu'ils firent le petit quart d'heure de trajet.

  Mme Dampierre visait un restaurant dans le vieux Tours. L'hôtel Goüin, les maisons à colombages, les boutiques... tout était l'occasion de s'arrêter pour prendre des photos, s'exclamer, admirer, poser mille-et-une questions. Camille avait l'estomac dans les talons et tirait Namjoon par la manche en le suppliant.