La Nuit mystérieuse de l'Âme

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          À la fois majestueuse et mystérieuse, insaisissable et incroyable, mélancolique et magique, il suffit de l'observer pour succomber au torrent somptueux de l'âme. Elle nous enivre : certains se sentent vivre, d'autres se sentent colériques, d'autres encore ressentent tristesse et nostalgie. Vous l'aurez compris, la magnificence de cette atmosphère est capable à la fois de guérir mais également de détruire. Elle a le pouvoir ultime d'entrer dans nos esprits et d'y mélanger nos pensées, d'accroitre nos émotions, de développer nos ressentis. Elle se cache derrière sa douceur, trompeuse et malicieuse, elle connaît plus que n'importe qui d'autre les failles de l'âme. Puis un jour, elle sera illuminée par la lueur de ses étoiles tandis que le suivant, elle pleurera le mal-être de ses tourments.

           Avez-vous déjà ressenti, au beau milieu de la pénombre, toutes ces pensées traversant votre esprit et prenant vie, comme si elles devenaient réelles, comme si tout à coup il n'y avait plus qu'elles ? Vous ont-elles déjà submergées ? Ou peut-être vous ont-elles déjà noyées dans un torrent de larmes, vous plongeant jusqu'au gouffre des ténèbres de l'âme ? Sinon, vous ont-elles déjà hypnotisées, vous faisant rêver de la vie que vous souhaitez mener ?


          Elle était assise là, regardant le ciel étoilé, laissant ses larmes coulées le long de ses joues rosées. Plongée dans la noirceur de la nuit, toutefois éclairée par la lune et ses amies, Elle adorait déposer son corps sur ce petit muret en sortant de son travail. Cet espace, elle se l'était approprié depuis des années. Elle avait fait de lui son refuge, lorsque la ville s'éteignait après que les douze coups de minuit aient sonné. Ce muret connaissait toutes ses peines, toute sa souffrance, toute sa colère. Depuis qu'elle eut le devoir d'assurer sa survie, son seul instant de répit, elle le partageait avec ce petit mur de pierre et ce ciel endormi. Ainsi, elle pouvait désormais laisser son sourire retomber, elle pouvait laisser son corps exprimer la douleur de son être dont personne ne prêtait attention. Pourtant, si on écoutait plus attentivement ce que son regard essayait de nous dire, on aurait compris la détresse de son âme. Cependant, cet instant où le temps semblait s'arrêter, elle le vivait comme une libération. Certes ses larmes coulaient, mais son être vivait et rêvait, sans quoi, elle n'aurait jamais pu se relever.

          Habituellement solitaire, elle avait pour coutume de parler à la Terre. Lorsqu'un jour un être volant tomba devant ses yeux ébahis, qu'elle le prit de ses petites mains et qu'elle essaya de soigner le membre casser de ce fragile être, elle comprit la nature de son âme. Elle comprit son essence même, celle capable de l'animer, capable de lui donner foi en la vie. Alors elle s'accrocha à toutes ses pensées que cet instant de répit lui permettait de créer, et elle avança pas à pas vers son objectif. Ce qu'elle n'avait pas encore saisit, c'était qu'elle venait de s'auto-régénérer. Elle venait de comprendre, grâce à ce cadeau des étoiles, son potentiel. En voyant ce doux animal reprendre son envole, après s'être occupé de lui durant sa convalescence, elle le fixa jusqu'à ne plus le voir. Elle se dit alors qu'un jour, elle aussi ses ailes seront réparées et qu'elle pourra voler, jusqu'à disparaitre dans l'horizon. Elle ne savait juste pas comment, mais elle savait que ça allait arriver.

          Elle, si introvertie de jour, s'était approprié l'ambivalence de minuit, sûrement inconsciemment, mais celui qu'elle ressentait auprès d'elle à chaque fois qu'elle s'asseyait sur ce muret, l'avait bien compris. Il aimait la regarder dans sa magnificence. Il était le seul à connaître cette nuance, et il en était tombé fou amoureux. Cet amour est né de la noirceur la plus profonde. Elle, ne l'a vu qu'une fois, mais cette fois-là, ils ont tous deux choisis de vivre. Cette jeune femme, auparavant à peine jeune fille, fut plongée dans la descente de l'âme. Elle fut emprisonnée dans cette chute infinie dans laquelle il semble impossible de sortir. Assise contre le muret, elle n'avait même plus la force de regarder le ciel. Arrachée à son enfance et accablée par sa réalité, une seule solution lui venait à l'esprit, Elle devait s'éteindre. C'était ce ciel souffrant qui lui avait soufflé l'idée à l'oreille. Cette atmosphère transcendante l'avait emporté dans son désespoir. Alors elle se laissa tomber. Pendant quelques secondes, la lumière des lampadaires disparue. Un frisson parcouru son corps et avec le peu de conscience qui lui restait, elle put ressentir cette présence, comme si quelqu'un venait de s'asseoir à ses côtés. La peur prit soudain le dessus, les yeux gonflés imbibés de larmes, l'hématome formé sur sa joue la veille laissait ruisseler encore des gouttes de sang, et ses longs cheveux s'entremêlaient dans la plaie. Quelques instants plus tard elle ouvrit à nouveau les yeux. Elle le vit alors sous un être fantomatique qui ne semblait pas avoir remarqué sa présence. Il semblait lui aussi être un adolescent au regard vidé. Comme elle, il ne regardait plus que le sol, et comme elle, il tenait une lame à la main. Elle comprit qu'il allait lui aussi attenter à sa vie. Plongée dans le noir profond, son sang ruisselant le long de ses fins bras, une lueur se mit à rayonner dans son être. Elle ne pouvait pas. C'était plus fort qu'elle. Elle ne pouvait pas s'éteindre et elle pouvait encore moins laisser ce garçon se faire piéger par le désespoir comme elle. Alors sa main fit lentement le chemin vers lui avant de se déposer sur le manche de la lame, et d'entrelacer ses doigts avec ceux de cet inconnu fantomatique. Le reste de son corps ne pouvait pas bouger – cet effort étant déjà de trop – mais son regard lui, vint se déposer sur le visage de ce beau jeune homme exprimant désormais la surprise. Comme Elle, il venait d'apercevoir cette petite lueur. Il tourna alors sa tête vers celle de la douce comme s'il ressentait enfin sa présence. Ni l'un ni l'autre ne comprirent comment, mais leur regard s'entremêla. Elle ressentit alors à nouveau son cœur battre et son ventre brûler de passion. Dans un souffle douloureux, elle lui prononça quelques mots « Merci. Tu viens de me sauver la vie. Ne te fais pas de mal ». Cette âme si innocente avait retrouvé la foi de vivre en voulant sauver le désespoir de cette ce garçon qui disparaissait peu à peu. Depuis, le muret n'était pas qu'une simple échappatoire comme j'ai pu vous le faire penser. Il était devenu son objectif. Elle avait juré devant la grandeur du ciel étoilé, au pied de ce petit mur en pierre, de tout faire pour s'en sortir et être capable de tendre la main aux autres. Alors quand elle venait pleurer, c'était non plus de tristesse, mais de joie, elle venait remercier la Nuit, de lui avoir transmis sa magie, et de lui avoir offert l'occasion nécessaire à sa grandeur.


          La Nuit n'est pas qu'un simple instant, il est le moment le plus important d'une journée. Il suffit d'écouter ses paroles, de voir sa grandeur et de ressentir sa magie. Là où le noir règne, réside un univers bien plus majestueux, un univers capable d'anéantir mais également capable de donner vie. Embrassez cet instant, abandonnés vos émotions à la Nuit et laissez-la vous guider vers votre lueur, vers votre essence propre mais surtout, laissez-la vous guider vers votre pouvoir intérieur, vers votre gloire. La Nuit, bien qu'ambivalente, saura vous guider. Elle ne vous laissera pas vous éteindre. Il faut juste apprendre à l'écouter.


Lya.

À suivre...

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