☆| 14. Changement de programme

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Bobbie Sue

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Bobbie Sue

Compté de Sullivan (New York) – USA – Août 1969

— Mais qu'est-ce qui se passe ? m'écrié-je, en passant la tête hors de la vitre.

Je crois bien que cet embouteillage, qui semble s'étendre sur plusieurs kilomètres, fera à jamais de nous, des prisonniers. Le sentiment d'incompréhension qui s'empare de moi s'intensifie quand j'aperçois plusieurs conducteurs abandonner leurs véhicules et prendre une direction identique. Intrigué par ce curieux mouvement de masse et exaspéré par l'immobilisation éternelle des voitures, Billy Joe interpelle un jeune homme aux longs cheveux châtains, sans doute plus vieux que nous, portant une guitare acoustique sur le dos.

— Excusez-moi, mais où vont tous ces gens ?

Le jeune s'approche de nous, laissant une forte odeur de cannabis emplir l'intérieur de la coccinelle rouge.

Papa va me tuer si cette émanation reste jusqu'à notre retour !

La réaction de l'étranger est de nous rire au nez, comme si la réponse était une évidence. Si Billy Joe conserve un calme olympien, je sens une démangeaison désagréable qui est de lui faire goûter mon poing en l'envoyant dans sa face de hippie.

— Ça se voit que vous n'êtes pas du coin, vous !

Non, en effet. Billy Joe et moi sommes de simples habitants de Rosanky qui parcourent un road trip pendant nos vacances d'été, avant notre dernière année de lycée.

— Demain, commence un festival incroyable où les plus grosses têtes du rock vont se partager la scène !

Un éclat d'ébahissement scintille dans mes yeux, Billy Joe tourna la tête dans ma direction, aussi excité que je le suis. Je sais alors qu'une idée similaire a germé dans nos esprits. Faire un détour sur notre trajet pour assister à cet événement qui semble hors du commun.

L'étranger a repris sa route en compagnie de ses amis – je le suppose – qui avancent d'une démarche chaloupée.

— Ça pourrait être sympa. Tu en penses quoi ?

Sa main chaude se pose sur ma cuisse. Ce contact réchauffe mon cœur. Depuis notre premier baiser survenu un mois plus tôt, Billy Joe multiplie les marques d'affection à mon encontre, comme passer un bras protecteur autour de ma taille, m'offrir des bisous suscitant ma surprise. Ces petits gestes me comblent de bonheur. Ils renforcent la profonde affection que j'éprouve à son égard. Je pose à mon tour, ma paume sur le dos de sa main et lui porte un regard empli d'amour, de réjouissance.

— J'en pense qu'on devrait foncer ! Ce genre de chose n'arrive qu'une fois dans une vie !

Billy Joe laisse un sourire satisfait incurver ses lèvres. D'un geste hâtif, il arrache la clé de contact de la voiture et ouvre la portière. Ma main se pose sur son épaule, le coupe abruptement de son élan. Il s'immobilise et m'adresse une expression perdue.

▪︎ Prends l'argent... Et tire-toi ! ▪︎ TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant