CHAPITRE DIX-NEUF

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CAMERON


Assis sur l'un des vieux sièges de la salle d'attente de l'hôpital, je grogne tout mon mécontentement et pousse une série de jurons qui ne manquent pas d'agacer Maddie. Elle se renfrogne sur son siège et ose lever les yeux au ciel alors que c'est à cause d'elle si nous sommes ici.

-Du skate sans protection ? bougonne-je, les dents serrées. Sérieusement ?

-Tu comptes me faire la leçon encore longtemps ?

-Je te ferai la leçon aussi longtemps que j'en aurai envie. Estime-toi heureuse que je n'aille pas trouver tes abrutis de copains pour leur faire la même chose.

-Ils n'ont rien à voir là-dedans.

Amusé par l'ironie de la situation, je pousse un ricanement qui l'énerve encore plus.

-Ah non, vraiment ? rétorque-je. Alors ce ne sont pas eux qui ont eu l'idée de te mettre un skate dans les mains en oubliant de te donner le casque et les protections qui vont avec ?

-On voulait seulement s'amuser, c'est tout. Et puis, les protections c'est pour les enfants. Le casque aussi. Surtout le casque, en fait.

-Rappelle-moi ton âge, s'il te plaît.

-Tais-toi, grogne-t-elle en retour.

Parfois je me surprend à espérer qu'une machine à remonter le temps pourrait me ramener à cette époque où Maddie n'était encore qu'un bébé ou une petite fille, ce temps où elle ne faisait que sourire à tout va et jouer sagement dans notre jardin. Ma petite sœur de huit ans me manque énormément dans ce genre de situation. Cette petite fille-là ne faisait pas de cabrioles et ne prenait pas autant de risque avec son propre corps. Elle se tenait bien et ne finissait pas à l'hôpital après chaque sortie avec ses copains.

-Maman va être folle, reprend-je. Tu ne crois pas qu'elle a déjà assez de choses à penser pour avoir à s'inquiéter sans arrêt pour toi ?

-Je ne suis pas morte non plus.

-Encore heureux, Maddie. Et lâche ce foutu téléphone ! Je te parle, je te signale.

Poussant un lourd soupir, elle range son portable dans sa poche et croise fermement les bras sur sa poitrine. A la voir ainsi, on dirait le parfait cliché de l'adolescente en crise. Elle ne daigne pas sourire ou paraître sympathique mais se contente d'afficher sa mauvaise humeur au monde entier.

-Ce serait sympa si tu essayais de m'écouter de temps en temps.

-Pas quand tu me disputes comme si j'étais une gamine.

-Tu es une gamine, réplique-je. Une gamine qui a plutôt intérêt à faire attention à elle dans les prochains jours si elle ne veut pas que son grand frère s'arrange pour qu'elle soit privée de sortie.

-Je suis blessée, je te rappelle. Je ne mérite pas d'être punie.

-Au contraire, tu le mérites amplement, déclare-je plus sûr de moi que jamais. Alors, ne me tente pas. Maman craque peut-être pour tes petits yeux de biche mais tu sais que je n'aurai pas de mal à la convaincre de te priver de sortie une semaine ou deux.

-Tu n'es pas cool.

J'ai l'impression d'entendre cette phrase bien trop souvent en ce moment. Maddie peut être un vrai petit monstre quand elle est d'humeur à être contre moi. D'un seul coup, je ne suis plus son grand frère adoré et elle veut me faire la peau comme si j'étais tout à coup devenu son ennemi.

THE WAY - LE DILEMMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant