Les Diamants du Destin

Chapitre 2 : Un délicat bracelet

(Pascaline m'a fait remarqué que la taille de Lyre portait à confusion, du coup j'ai modifié. De plus, je pensais qu'avec le tirer ( - ) j'aurais bien marquer la séparation d'avec Anny, mais bug. En tout cas, la remarque a été pris en compte et la phrase consolidée par un {mètre soixante-dix, pour sa part}. Sur ce, bonne lecture.)

En descendant précautionneusement le marchepied du carrosse commun, Lyre soupira silencieusement, soulagé d'enfin quitter l'habitacle confiné. Le voyage dans ces véhicules magiques était certes désagréable, mais à la portée des petites bourses. L'inconvénient était la lenteur des trajets, la proximité des passagers qui empiétait allégrement dans son intimité, et les cahotages permanents qui bousculaient les clients déjà bringuebalés à l'origine. Cependant, grâce aux différentes haltes destinés à reposer le moteur surchauffer, Lyre avait pu se dégourdir les jambes et respirer un peu d'air pure... Néanmoins, le jeune homme n'était pas fâché de retrouver le délicieux planché des vaches.

Dix-huit heures de routes, c'était long !

Le carrosse commun avait conduit Lyre à l'entrée de la cité de Llorys, l'unique ville sur Volgrim à être gangrenée par un Marcher Noir exclusivement concentré sur des sorciers et des mages peu scrupuleux, vantent les mérites de divers sortilèges et artefacts illégaux. C'était dans cette cité que Lyre était né. Du moins dans le quartier le plus calme où sa grand-mère résidait également, comme sa mère y avait autrefois vécu, en haut d'un petit café cossu nommé "Mél'usie".

Cela faisait longtemps qu'il avait définitivement quitté Llorys, et cinq ans depuis sa dernière visite. Lyre ne mettait que rarement les pieds dans ce lieu, où juste pour prendre des nouvelles de sa grand-mère. Bien que Llorys fut la patrie de la contrebande et des trafics magiques, elle était aussi infestée par les soldats, qui était plus à la recherche du prince qu'à l'arrestation des activités frauduleuses.

Alors qu'il sillonnait les avenues larges, pas aussi encombrées qu'Estry mais tout aussi bordéliques, Lyre cogita sur cette étrange réaction. C'était comme si l'Empereur Noir avait su - par un moyen ou un autre - que Lyre et sa mère avaient vécu à Llorys, même si cette connaissance semblait depuis longtemps périmée. C'était d'ailleurs l'une des raisons de l'anxiété perpétuelle de sa mère... Des inquiétudes dont elle n'avait plus à se souciées, désormais.

Le jeune homme sentit une vive colère montée en lui, faisant briller ses yeux bleus et serrer si fort les poings que l'on put voir blanchir les jointures. Il ne se rappelait que trop bien les tristes événements survenus dix ans plus tôt.

Peu de temps après son départ de Llorys, sa mère avait été capturée par les soldats de l'Empereur Noir et emmenée au Palais de Wanxirys, la capitale de Volgrim. N'ayant rien voulu divulguer sur son fils, pas même une vague indication sur sa localisation, elle avait été exécutée... Le seul acte de bienveillance que l'Empereur Noir avait offert à sa mémoire - maigre consolation pour l'enfant affligé que Lyre était jadis - avait été le bûcher funéraire, les offrandes sommaires et les prières offertes pour la paix de l'âme de la défunte. Un geste magnanime qui perturbait toujours Lyre, car ce geste ne collait pas avec la personnalité de son ennemi juré. Il avait fait assassiner sa mère et l'avait ensuite traité avec respect et égard ? C'était si inconcevable que le prince n'en comprenait pas le sens.

Bref, Lyre n'avait pu assistée au bûcher que de loin, craignant trop de tomber dans un guet-happant. Pour pouvoir rendre ce seul hommage à sa mère, il avait dû difficilement fausser compagnie aux rebelles. Une action qu'il n'avait pu produire que grâce à son esprit rusé et la bienveillance protectrice de sa grand-mère.

Lyre se secoua, le passé devait rester au passé. Il était inutile de se le remémorer, à moins de vouloir souffrir. S'il devait faire remonter des souvenirs à la surface, ce ne devait être que des bons.