Chapitre 14 - Regard de Pierre, Cœur de Verre

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--- Professeur Beauchamp ---

Traversant les plaines sur le dos de Fae, j'inspectais les environs avec beaucoup d'attention. Malgré que ça ne soit pas très vivant, c'était plutôt beau ... C'était aussi très différent de la surface. Je me demandais comment toute cette faune pouvait survivre dans un environnement aussi sec, par contre. Et alors que je me posais des questions, Fae accélérera d'un coup et partit se cacher derrière un arbre avec les Eye Pods et moi. Surpris, je jetai un œil aux alentours et vis, en train de battre ses immenses ailes, une géante silhouette enflammée voler dans le ciel.  Heureusement pour nous, elle ne nous a pas remarqué. Elle passa au dessus de nos têtes, continuant son chemin. Après un court moment de réflexion, je reconnus SCP-457 ... Mais que faisait-il en liberté ? Michaud s'occupait de lui ... Oh non ... Vite ! Je sifflai d'un coup en ordonnant :

- FAE, RETROUVE FRÉDÉRIC !

Aussitôt, mon compagnon se remit en route tandis que je m'accrochais à lui. Les Eye Pods nous suivirent tout aussi rapidement, s'amusant même à décoller du sol grâce aux bosses sur le chemin. Nous nous dépêchâmes, pressé de savoir si Frédéric et les autres allaient bien, et, tout à coup, Fae s'arrêta en reniflant. En reprenant mes esprits, comme ma monture s'était arrêtée nette, je secouai doucement la tête et regardai autour de moi. C'était une véritable hécatombe. Corps brûlés, armes fondues et une odeur nauséabonde de cadavres calcinés. Je n'avais jamais senti une chose aussi horrible, malgré mes années au sein de la Fondation. Pour mieux investiguer la scène, je descendis du dos de Fae pour inspecter les cadavres. En scrutant un corps, j'aperçus le signe de l'unité Blink Of An Eye. Pauvres hommes, je les plains tellement ... Nous aurions dû prévoir une telle éventualité, nous aurions dû nous préparer à l'avance ... Et Michaud, nom de dieu, que s'est-il passé avec SCP-457 ? Nous avons perdu tellement d'hommes à cause de ce facteur pourtant si important. Tout doucement, alors que je vérifiais les corps, j'entendis une petite voix plaintive m'interpeller :

- Professeur ... Beauchamp ... ? ... Est-ce bien vous ... ? 

- C'est bien moi, m'écriais-je en me tournant vers la voix, comment all- .. Oh ..

Allongée sur un de ses collègues, la visage brulé et avec des cheveux en moins à cause de brûlures, Iris peinait à lever sa main tenant son arme à feu pour me la tendre. Je ne pouvais pas y croire, elle qui était si rapide et s'adaptait vite ... Elle n'était pas parvenu à fuir aux rafales flamboyantes de SCP-457 ? Impossible, quelque chose ne tournait pas rond. En m'approchant doucement, et en évitant de lui dire comment l'homme de feu l'avait eu, je lui demandai en récupérant son arme :

- Comment vous sentez-vous, Miss Thompson ? ... 

- Extrêmement mal, gémissait-elle en se couchant complètement, ça me ... uhh ... je souffre ...

Alors que Fae essayait d'anesthésier Iris en crachant un peu de gaz, Iris poussa doucement la tête de mon compagnon en pleurant. Tristes de la voir dans cet état, les Eye Pods s'approchèrent d'elle et balbutièrent doucement. En me regardant, les joues remplies de larmes, Iris me demanda :

- J'vous en supplie, Professeur ... Tuez moi, s'il vous plait ... Je ne pourrais pas survivre plus longtemps et, même si ... Uhh ... Même si je n'abandonne jamais, faites moi ce plaisir ...

- Je redoutais ce moment, murmurais-je en regardant son arme de poing, mais ne vous en faites pas, Miss Thompson. Ce n'est pas grave d'abandonner, croyez-moi, vous avez tellement fait pour ce monde qu'il vous en est reconnaissant. Et, personnellement, je suis très fier de vous avoir vu grandir, Iris ... Vous ... Vous souvenez-vous de cette fameuse expérience avec les cinq Classes-D dans l'ancienne salle de sport du Site-02 ? Chacun essayait votre appareil photo et se ventait d'être plus doué que vous ... Et puis, vous utilisiez vos capacités pour les terrifier ! C'était le bon vieux temps, n'est-ce pas ?

- C'était vraiment bien, frémissait doucement la jeune femme blonde, je ne m'étais jamais sentie aussi bien ... Merci d'avoir été aussi gentille envers moi et ... Et de m'avoir laissé aller aussi loin ... De ... De m'avoir fait confiance ... Merci de ne pas m'avoir traité comme un monstre sans cervelle ... M- ... Merci, Professeur Beauchamp ...

- Je pense qu'on a passé ce temps du "Professeur Beauchamp", répondais-je avec une pointe au cœur, je t'en prie, appelle moi Tony ... 

- J'vous remercie de tout mon cœur, pleurait doucement Iris en me regardant, je vous remercie tellement, Tony ...

Elle se mit à sourire et ferma les yeux, elle semblait apaisée. Tremblant comme une jeune pousse en pleine tempête, j'eus beaucoup de mal à tenir mon arme droit et, au moment fatidique, j'abattis la jeune femme d'une balle dans la tête. Faire souffrir une personne aussi gentille était horrible, mais devoir abréger ses souffrances l'était encore plus. Ça me tordait de l'intérieur, je ne me serais imaginé dans une situation pareille ... Surtout avec une personne comme Iris. Autrefois, elle m'énervait à cause de son comportement d'enfant en manque t'attention et de ses blagues de mauvais gout ... Et maintenant, elle me faisait pleurer ... Je voulais rester auprès d'elle encore quelques minutes, mais je ne pouvais pas, je ne voulais pas perdre du temps ... Je me devais d'honorer sa mort, ainsi que celles de ses collègues, en survivant jusqu'à mener à bien cette opération. Encore fallait-il que ma chance soit exceptionnelle si je voulais survivre. 

Paix à ton âme, Iris ... 

[TOME 2] SCP Foundation : Opération "Doctoris Coemeterium" [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant