CHAPITRE VINGT

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 Bien que la gueule de bois n'est plus aucun secret pour moi, je ne suis toujours pas habituée à ce genre de réveil. Je ne me ferai jamais à cette migraine si intense que j'ai l'impression que ma tête s'est transformée en caisse de résonance pendant la nuit. Mon estomac ne fait jamais le fier lui non plus. L'alcool dévaste tout sur son passage et fait généralement naître une tonne de regrets vis-à-vis de la soirée de la veille.

Je n'ai pas l'esprit clair mais j'ai malgré tout quelques bons souvenirs de la veille. Je me rappelle avoir bu beaucoup de cocktails mais aussi plusieurs shots de tequila. Je me souviens également de cette discussion houleuse que j'ai eu avec les filles. Elles m'ont agacé sur le moment mais je peux comprendre leur inquiétude. J'ai fait beaucoup d'excès ces derniers temps.

Tout a commencé quelques jours après mon retour à Denver. Je me suis complètement laissée aller. J'étais prisonnière de mon secret et de mes angoisses. Je ne voulais en parler à personne et j'ai donc fait le choix de ne rien dire à Tommy et de vivre avec.

Seulement, je ne suis pas très douée pour gérer une culpabilité pareille. Je suis obligée de me venger sur l'alcool pour faire taire cette petite voix dans ma tête qui me dit que je suis un vrai monstre. Rien a fonctionné aussi bien qu'un verre de vodka ou un shot de tequila. Je suis tombée dans un cercle vicieux infernal. Je ne sais plus quoi faire pour me libérer de cette culpabilité qui me ronge. Je m'en veux tellement que j'en suis malade.

Ce matin, j'ai terriblement honte de moi. J'avais promis une soirée d'enfer avec mes amies et nous avons fini par nous disputer car elles ont vu clair dans mon jeu. Elles savent que quelque chose cloche. Je ne suis pas une bonne menteuse. Je n'ai pas réussi à les convaincre du contraire. J'ai préféré opter pour la fuite mais je n'ai fait que repousser le problème. Je suis persuadée que Violet n'est pas prête de lâcher le morceau.

Tiens, en parlant du loup !

-Tu es réveillée ?

Ma meilleure amie approche du canapé où je suis avachie comme une crêpe en tenant deux tasses fumantes. L'odeur du café me réconforte aussitôt. Mon corps est complètement endolori par cette nuit passée sur le canapé de Violet. Il a beau être confortable, ce n'est pas à la hauteur d'un bon lit douillet.

-Comme tu peux le voir, oui, réponds-je.

-Je nous ai fait du café. J'ai pensé que ça te ferait du bien. Ça devrait t'aider à soulager la gueule de bois.

Étouffant un grognement, je repousse la couverture qu'on a mise sur moi et me redresse. Violet vient s'asseoir tout prêt de moi et me tend une tasse chaude et délicieusement odorante. Je la saisis des deux mains et respire le doux parfum qui s'en dégage.

-Merci, murmure-je en ne sachant pas trop quoi faire ni quoi dire.

-Alors, comment tu te sens ?

-Ben, comme quelqu'un qui a trop abusé de la tequila hier soir.

-On t'avait prévenu pourtant, Norah et moi. Tu aurais dû te calmer sur l'alcool dès le deuxième cocktail.

-Je sais.

-J'ai laissé de l'aspirine sur la table basse si tu as trop mal à la tête. Quand on t'a ramené ici hier soir, je me suis dis que ça te serait sûrement utile. Tu tenais à peine debout quand on est rentrés. Norah m'a aidé à te coucher. Tu étais complètement ailleurs.

A vrai dire, je ne me souviens pas très bien de comment je suis arrivée ici. Je me doute que Norah et Violet se sont occupées de moi. Je ne suis pas arrivée jusqu'ici par mes propres moyens. Le fait que j'en ai déjà très peu de souvenirs est révélateur. Je n'étais plus en état de m'occuper de moi-même.

THE WAY - LE DILEMMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant