Chapitre 6 : Un retour à la raison grâce à l'amour

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 La mère se sentit tout d'un coup soulagée et dans un élan de désespoir mêlé d'espérance, elle prit la main de l'aubergiste.

- Vous rappelez-vous, le jour de votre mariage ? Ma fille avait cette poupée dans ses bras, elle était tellement heureuse et semblait si ravie que ma sœur lui ait offert ce jouet le jour de ses cinq ans qu'elle vous l'avait présentée fièrement, lui dit-elle.

L'homme, étrangement, écouta attentivement ce que la femme disait sans se plaindre ni être violent envers elle et relâcha son arme qui tomba sur le sol, avec elle, sa folie qui disparut aussitôt de la lueur de ses yeux marrons.

- Il y quelque chose que vous pouvez faire pour racheter vos péchés !, reprit la mère.

L'aubergiste ne comprenait pas le comportement de la jeune femme. Il venait de l'envoyer tout droit sur le chemin de la mort, et pourtant elle ne voulait en aucun cas le lui faire payer, même pas par vengeance ou par instinct.

- Je viens de vous poignarder, aucune punition au monde ne pourrait me faire pardonner aux yeux de Dieu, mon acte si terrible et inhumain, même si j'étais aveuglé par la haine et la folie.

- Ce n'est pas vous, seul, qui êtes responsable de cela. Tout le monde sur ce champ de bataille qui en est responsable, tous ont été transformés en des personnes complétement différentes. Ce n'est pas vous, non plus, qui avez causé cette horrible guerre, et puis vous venez de perdre votre épouse dans d'effroyables circonstances, ce qui vous a conduit à faire ce que vous avez fait ! Alors pardonnez vous puisque, moi, je vous ai pardonné !, argumenta la jeune femme avec l'une de ses dernières forces que son corps possédait encore.

L'homme tomba à genoux, comme envoûté par les sages paroles de la mère.

- Que ... Que puis-je faire pour vous ?, capitula-t-il avec, cette fois-ci, de l'espoir dans les yeux.

Un faible sourire se dessina sur le visage plein de suie de la femme.

- Amenez-moi auprès de mon enfant pour que je lui redonne sa tendre poupée, puis conduisez-la auprès de sa tante, ma sœur Elisabeth à Paris. Tel est mon dernier souhait avant que je quitte ce monde, suggéra doucement la mère.

L'aubergiste prit la femme dans ses bras sans toutefois lui adresse un seul regard et revint sur ses pas. Les bombardements avaient cessé depuis peu, les tirs aussi. Il ne restait plus que des âmes désespérées perdues au milieux des cadavres et des ruines.


Une tendre promesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant