[L.1] LOVE & ART

Chapitre quatorze : Peter

Ça fait deux jours qu'elle n'est pas sortie depuis ce que j'appelle, l'écart sexuel. Elle mange, c'est déjà une avancée historique dans le fonctionnement Eryne Jones mais elle refuse de sortir de sa chambre. Enfin manger est un bien grand mot... Elle prend un repas par jour. C'est toujours mieux qu'aucun. Je suis allé la voir mais elle est toujours blottie au sol dans la couette et face à la cheminée. Nate a essayé d'aller la voir mais il n'en a rien tiré à part des insultes et des reproches. Je crois que son cas est pire que nous tous. Elle a vraiment une dent contre lui. Kate et ma mère ont également fait une tentative chacune. Si elle est restée muette avec Kate, elle a fondu en larmes quand ma mère est entrée. Il ne faut pas être un génie pour voir qu'elle est en deuil. Je ne sais pas vraiment comment je réagirai si ma mère était morte mais sûrement plus violemment qu'elle. Bon, d'un autre côté, il faut se l'avouer, elle est séquestrée dans cette maison, sans avoir la possibilité de faire ses adieux à sa mère. Le monde est cruel et j'ai ma part de cruauté mais Eryne est plus en danger à l'extérieur de cette maison qu'à l'intérieur.

Voilà, c'est tout ce qu'il se passe avec Eryne. J'entre dans sa chambre et elle a les yeux fermés, allongée par terre. Je ne sais pas pourquoi elle ne dort pas dans le lit, ni même pourquoi elle refuse de sortir de la chambre. Ce n'est pas l'espace qu'il manque dans cette maison. Kate la regarde à côté de moi, elle penche sa tête vers le côté.

- Tu crois qu'elle dort ?

- Non.

J'en suis même certain. Je tire sur la couette et je peux la voir en culotte avec mon tee-shirt.

Putain... Elle est sacrément... Concentre-toi Peter. On n'est pas là pour ça.

Il est d'ailleurs hors de question que je couche à nouveau avec elle. Si en neuf ans de mariage, on s'est envoyé deux fois en l'air c'est bien pour une raison. La première, elle était complètement bourré le lendemain de notre mariage, la deuxième, la frustration avait pris le dessus. Bon, on s'est permis quelques écarts au cours de notre mariage. Elle semble adorer ma main et ma main l'adore mais un mariage ne doit-il pas être consommé ? Bordel, je joue au gros con en me donnant des excuses.

Cette fille est complètement détruite de l'intérieur. J'ai bien cru qu'elle voulait se donner la mort après avoir fracassé la chaise. Elle tournait les menottes sans cesse autour de son poignet, si bien que maintenant sa peau est brûlée et qu'elle refuse de se soigner. Puis c'est sans compter ses paroles qui parlaient de partir et de donner le tableau à Nate. Il est hors de question qu'elle cède. Si ça lui permet de la maintenir un minimum en vie, alors elle ne lui donnera rien. Pas même un centime pour rembourser l'argent qu'il a perdu dans cette vente.

Je la prends dans mes bras et la dépose sur le lit. Bizarrement, elle se laisse faire. J'ouvre la fenêtre. Elle va finir par s'intoxiquer avec la fumée. Elle grogne, signe qu'elle est bien réveillée.

- Allez, debout, tu dois te préparer.

- Je ne vais pas à ta soirée de pervers.

- Non, on va manger chez Nate.

- A une condition. Tu me dis qui il est.

Ouais, celle-là je m'y attendais. Je ne comprends pas qu'elle n'ait toujours pas compris le lien. Tout le monde le connaît. Même le mafieu perdu au fin fond du pays. Kate me regarde avec les yeux écarquillés, étonnée par sa demande.

- Ok mais je ne te le dirai quand tu seras prête.

Il vaut mieux qu'on soit déjà chez lui quand elle l'apprendra. Elle ne pourra pas s'échapper parce que c'est ce qu'elle va chercher à faire. Ca ou envoyer tout valser autour de nous. Cette femme est un ouragan. Il peut faire beau et la seconde suivante elle retourne le monde.