Skin vs Sweet Poison - let's rock !

Chapitre 81

Vendredi 27 octobre 17h34

MATT – chanteur de SKIN

Je confesse avoir ri au retour de Sweet Poison. L'eyeliner marqué de Gis Genêt, son blouson à imprimés graffitis, son collier clouté et ses doigts repliés en signe des cornes ont eu raison de mon impassibilité. Telle une reine, l'aïeule a déambulé la tête haute dans le hall de l'hôtel pour vous faire admirer sa métamorphose opérée par Lukas et Bec. On aurait dit un enfant fier de sa bêtise et j'ai été pris au jeu.

— Matthieu, tu ne trouves pas qu'on se ressemble un peu à présent ? a-t-elle lancé.

J'ai suivi son regard sur ma chemise sombre et la chaînette argentée suspendue à mon jean.

— C'est vrai, ai-je ri. Il y a quelque chose.

Cependant, ce retour en fanfare signifiait aussi l'heure du départ. L'aïeule Genêt a récupéré ses bagages dans la chambre d'Arthur et Gwendal avant de revenir nous faire ses adieux dans le hall. Ainsi réunis, chaque fois qu'un client de l'hôtel passe près de nous, la tenue de Gis déclenche des yeux confus, un rire médusé et parfois, un urgent besoin de vérifier la date d'Halloween. Mais la principale intéressée, elle, ne prête aucune attention à l'extérieur :

— Vos albums vont être fantastiques, assure Gis avec fermeté. Les grands-mères sentent ces choses-là et j'ai un excellent pressentiment.

— Tu n'en sais rien du tout, rétorque Gwen.

— Si je te dis que je le sais, c'est que je le sais, Gwendal. Cesse donc de ronchonner après les bonnes nouvelles, rabroue-t-elle en lui pinçant la joue.

Le bassiste grommelle et shoote dans une irrégularité du carrelage. Gis reprend son discours :

— Quoi qu'il en soit, merci à tous les huit pour ce moment ! J'ai passé une journée merveilleuse. Et encore un merci à Lukas et Bec pour cette séance de relooking.

— C'est nous qui te remercions d'être venue ! s'exclame Lukas en la prenant dans ses bras pour la serrer. C'était tellement chouette les essayages avec toi !

Amusée, Bec croise les bras.

— La diva n'a pas tort. On s'est bien marré.

Lukas acquiesce vigoureusement.

— Euh Mamie ? interrompt Arthur, gêné. Il va falloir qu'on y aille.

— Hélas... dit-elle en ramenant son sac à main contre elle. Quelqu'un nous accompagne à la gare ?

— Oui, Marie vient avec nous.

— Blondie ? Qu'est-ce que tu vas foutre à Montparnasse un vendredi soir ?

— Pourrais-tu arrêter d'être vulgaire de temps à autre, Grance ?

Bec claque du talon, clairement agacée.

— Me cherche pas, Hegelson. Tu pourrais me trouver.

— Je vais chez ma demi-sœur, explique Skinny.

— Pour la soirée entre filles dont tu parlais hier, c'est ça ? rebondit Kwan. J'ai toujours voulu savoir de quoi vous pouviez parlez pendant ces soirées...

— Pas de ton cul déjà, réplique Bec.

Nouveau regard courroucé d'Hadrien.

— Top Bec, raille Kwan. Tu fais vraiment une super informatrice, toi. Heureusement que personne ne comptait pas sur toi pour organiser ce soir.

— Ce soir ?

— L'activité de cohésion.

— Parce que cette ânerie n'est pas annulée ?

— Pourquoi ce serait annulé ? rétorque Lukas. C'est génial comme idée !

— Et Agathe m'a envoyé tout ce qu'il fallait dans l'après-midi, ajoute Kwan par mesquinerie. Aucune raison de t'inquiéter.

— Merveilleux...

Je souris. Même si Bec joue les ourses mal léchées, elle est trop maligne pour contester les règles de son groupe. Qu'aurait donné la même idée avec SKIN ?

— Mamie ? insiste Arthur. Si on ne part pas maintenant, on risque vraiment de rater le train.

— Pardon mon chéri, j'arrive !

Elle claque ses coudes contre ses côtes pour se donner de l'élan.

— En route !

— À demain Skinny, souhaité-je. Passe le bonjour à Juliette.

— Bien sûr, à demain !

Je les suis du regard alors que la porte vitrée claque derrière eux et qu'ils se mettent en file indienne pour progresser sur l'étroit trottoir. Dans la rue autour d'eux, les passants n'ont d'yeux que pour Gis Genêt.

— Quelle heure la soirée de collégiennes ? soupire Bec.

— 21 heures chez toi, répond Kwan.

— Ok. Alors veuillez m'excuser : je vais me préparer pour ce moment d'anthologie.

— Boude pas Bec, rit Lukas en glissant son bras sur ses épaules. Je suis sûre que ça va te plaire, au final.

— C'est ça.

Gwen se tourne vers Hadrien d'un air suspicieux pendant qu'elle s'éloigne.

— Comment ça se fait qu'on échappe au truc de cohésion, nous ?

— On se côtoie a minima trois jours par semaine depuis deux ans et demi. Ça ne te suffit pas pour faire connaissance, Gwendal ?

— Si, si. Maintenant que tu le fais remarquer, je crois même c'est un peu trop.

Lukas se mord la lèvre.

— Tu ne veux pas leur prêter Agathe ? souffle-t-il à Kwan. Ils ont l'air d'en avoir besoin.

— Pour qu'elle mette une raclée à Hadrien ? rit Kwan. C'est tentant, j'avoue... 

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Prenez soin de vous 🖤

Anne