Sourire avec le cœur [BXB]

Chapitre 36

Je regarde Enzo faire à manger, encore une fois. Il ne veut vraiment rien me laisser faire... Ce n'est pas pour me déplaire, au moins ça m'évite de cuisiner, mais bon... Ça me dérange quand même, qu'il fasse tout. On a décidé de faire un peu de ménage en fin de matinée, et c'est lui qui a presque tout fait. La seule chose qu'il m'a laissé faire, c'est la poussière. Il s'est occupé de l'aspirateur, de la serpillière et de tout le reste...

- C'est bientôt prêt !, s'exclame-t-il.

- D'accord, je lui réponds, en hochant la tête, je vais prévenir ma sœur.

- Tu veux que j'aille prévenir ta mère ?, me demande-t-il.

Je hoche la tête, et lui dis bien de la laisser tranquille si jamais elle dort, puis je monte pour aller toquer à la porte de la chambre de Lilou.

- Le repas est prêt, je dis, toujours sans recevoir aucune réponse. Tu peux venir manger avec nous, pour une fois...

Aucun signe de vie, comme d'habitude. Je retoque et insiste un peu, en essayant de ne pas m'agacer.

- Il faut que tu manges, Lilou ! T'es même pas venue prendre ton assiette hier soir...

Évidemment, je n'ai toujours aucune réponse.

- Elle ne veut toujours pas sortir ?, me demande Enzo en arrivant derrière moi.

- Non...

Il fait la moue, et me prend dans ses bras...

- Elle n'a même pas mangé hier soir, reprend-il.

- Je sais...

- Peut-être qu'elle a encore fugué ?

Je secoue la tête. On l'aurait entendu sortir de sa chambre, si ça avait été le cas. Et en plus, la porte ne se verrouille de l'intérieur. Je lui dis, et il se mord la lèvre inférieure.

- Elle est peut-être passée par la fenêtre ?, insiste-t-il.

- On est à l'étage, elle se serait fait mal en tombant...

- Tu penses que ça l'aurait arrêté ?

Cette fois, c'est à mon tour de me mordre la lèvre. C'est vrai qu'avec elle, il faut s'attendre à tout...

- Lilou, je la rappelle, tu es là ?

- Si tu ne sors pas, je défonce la porte !, lui crie mon petit ami.

Il attend un petit moment, mais comme elle ne nous répond pas, il me demande s'il peut casser la porte. Ça va nous coûter cher à réparer... Mais en même temps, il a peut être raison, peut être qu'elle est partie. Ça expliquerait pourquoi on ne l'entend plus et pourquoi on n'a plus aucun signe de vie d'elle. Et le seul moyen d'en être sûr, c'est d'aller dans sa chambre.

- Vas y, je soupire, tu peux essayer de défoncer la porte. Mais ne te fais pas mal...

- Non, ne t'en fais pas, j'ai déjà vu mon frère le faire.

Je fronce les sourcils. Je vois bien Jules défoncer une porte, mais je vois mal les raisons qu'il aurait à faire ça.

- Recule un peu, me dit-il.

Je m'éloigne de la porte, et il donne un coup d'épaule dedans. Sauf que la porte ne bouge pas.

- Mais aïe, ça fait mal, marmonne-t-il en fronçant les sourcils.

Je ne peux pas m'empêcher de sourire, et il me dit que c'est méchant de ma part de me moquer.

- Pardon, mais c'était drôle...

- Je vais recommencer.

Il prend un peu d'élan avant de se jeter dessus, dans un grand BOUM, avant de tomber par terre en poussant un petit couinement, ce qui me fait grimacer. La porte à craquer, mais elle ne s'est pas ouverte pour autant...

- Arrête, je lui dis, tu vas te faire mal...

- Mais non, t'inquiète. Je vais réessayer avec plus d'él-...

Il se coupe en plein milieu de sa phrase, et ouvre grand les yeux.

- Merde, les pâtes !

- J'y vais, je lui dis.

Je descends dans la cuisine pour éteindre le feu sous la casserole, en l'entendant dire à Lilou de ne pas rester derrière la porte. J'entends un gros BOUM quelques secondes après, et vu le bruit, je pense que la porte est tombée.

- MATTHIEU !, crie Enzo.

Je sursaute, et me dépêche de remonter pour le rejoindre dans la chambre de ma sœur. Il est debout devant l'entrée de sa chambre, la bouche et les yeux grands ouverts.

- T-Ta sœur...

Il essaye de me dire quelque chose, mais je n'arrive même pas à l'écouter. Ma sœur est allongée par terre, et il y a des boîtes de médicaments à côté d'elle. Et elle ne bouge pas. Son torse ne se soulève pas. Ça veut dire que... qu'elle...

Je commence à paniquer, sauf que je ne sais pas quoi faire. Enfin si, je sais quoi faire, je sais qu'il faut que j'appelle les secours, mais... Je suis paralysé, je n'arrive même plus à bouger...

Enzo sort de la pièce en courant, et je l'entends parler au téléphone même pas une minute après. Il a appelé les secours... Il leur explique la situation, et s'occupe de tout, pendant que je reste là à fixer le corps de ma sœur allongé par terre. J'essaie de respirer correctement, mais jai vraiment du mal... J'ai l'impression que je vais m'évanouir.

- Calme toi, ça va aller, me dit mon petit ami en revenant auprès de moi et me voyant dans cet état.

Je ne lui réponds pas, et ne bouge pas d'un pouce. J'ai l'impression d'être dans un rêve. Enfin là, ce serait plutôt un cauchemar.

- Je vais prévenir ta mère ?, me demande-t-il.

J'ouvre la bouche pour lui répondre, mais rien, aucun son, absolument rien ne veut sortir. La seule chose que j'arrive à murmurer avant de m'écrouler, c'est "Lilou".