chapitre 30 : sentiments primaires

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— Tu me reçois ?

La voix grave du Soldat grésilla dans l'oreillette de Pietra. Perchée sur le toit de l'immeuble en face du café dans lequel se trouvait Giana qu'elle avait dans son viseur, elle veillait au grain, ne lâchant pas la prisonnière de son frère d'une semelle.

— Cinq sur cinq frérot ! J'ai ta petite chose en visuel !

— Et Émilio ?

— Ce gros con est assis derrière un muret. J'ai aucune fenêtre de tir pour l'instant !

— Bien. Ne lâche pas Giana des yeux.

Elle laissa échapper un petit rire qui rendit Le Soldat nerveux.

Garé dans sa camionnette en contrebas de la rue qui abritait le point de rendez-vous d'Émilio, il scrutait la petite limousine noire de ce dernier où deux gros bras -les hommes de mains d'Émilio de toute évidence- discutaient sans grand enthousiasme de quelque chose que Le Soldat ne parvenait à entendre. De là où il se trouvait, il pouvait voir que leur lèvres remuaient, sans plus.

— Je peux savoir ce qui te fait marrer ?

— Tu y tiens, pas vrai ?

— À quoi ?

— À qui, tu veux dire.

Le Soldat jeta un coup d'œil dans son rétroviseur, l'air de rien. Feignant l'indifférence comme si sa sœur pouvait le voir. Il haussa les sourcils et ne releva pas.

— Concentre toi tu veux !

— Change pas de sujet ! Je suis concentrée et rassure toi, je raterai pas ma cible.

— Dès que t'as ce gros fumier dans ta ligne de mire, éclate lui la cervelle !

— Je n'attends que ça !

— Et le môme ? T'arrive à le voir ?

— Difficile à dire. Émilio tient quelque chose dans ses bras, mais j'arrive pas à savoir quoi. Oh... attends une petite minute !

Le Soldat se redressa sur son siège et crispa ses doigts sur le guidon, se retenant de sortir de la camionnette pour aller rejoindre Giana. Il changea de position une énième fois pour tenter de calmer les battements incessants de son cœur. Les avant bras repliés sur le volant et tout son corps penché vers l'avant, il grogna intérieurement, l'esprit pas tranquille de savoir Giana toute seule en compagnie de ce type.

— Calme toi, j'entends tes grognements à des kilomètres ! Tito viens d'arriver sur place !

— Qu'est-ce qu'il dit ?

— Fausse alerte ! Émilio n'a pas le bébé !

— Avec plus de chance il doit se trouver dans la voiture ou il ne l'a pas emmené avec lui.

— Qu'est-ce qu'on fait ?

— On passe à l'action ! tonna-t-il en ouvrant sa portière. Dispersez vous les gars !

Muni de son silencieux, il prit soin de claquer la portière afin d'attirer l'attention des gardes sur lui. Ces deux derniers se tournèrent de concert vers Le Soldat qui marchait avec désinvolture dans leur direction. La vue de son arme à feu les firent réagir, mais beaucoup trop tard. À peine eurent-ils saisi la crosse de leurs armes accrochées à leurs ceintures qu'ils tombèrent lourdement sur le sol, abattus chacun d'une balle dans la tête.

Le Soldat courut vers la voiture et en fit de même avec le chauffeur avant de s'engouffrer dans l'habitacle où reposait sagement sur la banquette arrière, un siège auto recouvert d'une couverture bleu ciel.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant