Chapitre 13 : Sortir vivant

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CRAC!

Severus s'étrangla dans un sanglot de douleur quand son épaule nue entra en contact avec le mur, émettant un craquement sinistre et inquiétant. Il se laissa retomber sur le sol, la tête entre les épaules et les jambes repliées. La respiration sifflante, le visage ruisselant de larmes qu'il n'avait plus pris la peine de retenir, le nez et la bouche en sang, il réprima une énième vague de nausée en déglutissant difficilement, supportant à grand peine le goût métallique de son sang.

Après l'avoir 'accueilli' à la gare, Tobias l'avait littéralement traîné par les cheveux jusqu'à l'appartement, sifflant des menaces avec une sorte de hâte malsaine. Arrivée au numéro treize de Spinner's End, il l'avait tiré jusqu'à la chambre noire, adressant à Eileen, qui se trouvait dans le salon, une suite d'injures et de moqueries que le Serpentard avait à peine écoutées, s'efforçant de toutes ses forces de se dégager. En vain.

La chambre noire, la première porte du sombre couloir, était une pièce totalement vide. Severus ne se rappelait pas l'avoir un jour nommée autrement. L'unique fenêtre de la pièce était barricadée de planches inégales, bloquant toute la lumière que le soleil pouvait apporter, d'où cette appellation.C'était dans cette même pièce que Tobias et ses amis avaient pour la première fois trouvé une 'utilité' à Severus, chose qui s'y était maintes fois reproduite avec les années. Parfois, souvent, le père du Serpentard prenait plaisir à l'y enfermer dans le noir pendant des heures et des heures, s'amusant à le terroriser. Des traces d'ongles sur le bois de la porte et des barricades de la fenêtres en attestaient, témoignant de la panique qui s'était emparée du jeune homme pendant ces longs moments.

Mais aujourd'hui, ce n'était apparemment pas pour rire que Tobias avait poussé le Serpentard dans la pièce. Jamais Severus n'avait vu son père dans un tel état. Les coups pleuvaient avec une violence qu'il avait rarement connue depuis ce qui semblait être une éternité. Il ne faisait aucun doute à présent aux yeux de l'adolescent qu'il allait bel et bien mourir sous peu.

Après un moment -Severus avait perdu la notion du temps-, il avait senti qu'on lui arrachait son T-shirt. À cet instant, il était si résigné et endolori qu'il n'avait même plus tenté de se débattre quand, quelque secondes plus tard... non, il ne voulait plus y penser... mais Merlin, là encore, les gestes avaient été d'une brutalité qu'il ne se rappelait pas avoir connue depuis longtemps. Jamais l'atroce sentiment d'être un simple objet, un simple défouloir, n'avait été si fort... La nausée l'avait envahi et une seconde plus tard, il avait vomi sur le sol. Et les coups avaient recommencé à pleuvoir. Encore. Et encore.

Il aurait pu être dans la chambre noire depuis vingt minutes comme il pouvait y être depuis des heures, des jours. À présent, la seule notion qui importait aux yeux du Serpentard, c'était la douleur qui surmontait tout son corps, qui indiquait peut-être qu'il allait enfin être délivré de...

On l'empoigna brusquement par les cheveux pour le forcer à relever la tête. Il laissa un gémissement de douleur passer ses lèvres, entrouvrant à peine suffisamment les yeux pour percevoir le visage, toujours aussi avide qu'enragé, de son père.

-C'est ça, pleure, dit l'autre avec un amusement un peu fou qui glaçait le sang. Pleure, espèce de petit crétin... tu vas en avoir, des raisons de pleurer, et cette fois, ce n'est pas ta mère qui va te sauver, tu comprends? Oui,je suis sûr que tu comprends, ne fais pas ton innocent. C'est entièrement de ta faute, toute cette situation. Je n'aurais pas à te frapper si tu savais te tenir convenablement. Je n'aurais pas eu à frapper ta mère si tu étais sagement resté ici. Tu..

Le Serpentard cessa d'écouter. Pourquoi se forcer à comprendre des mots qui le détruisaient aussi surement que les coups qu'il recevait? Il n'eut aucun mal à se désintéresser des paroles de Tobias. Sa tête tournait, tournait, il n'arrivait pas à se fixer sur les mots qu'il entendait... oh Merlin, il se sentait si mal... et sa nausée revenait... Se concentrer sur autre chose... ne surtout pas vomir...

I need some helpOù les histoires vivent. Découvrez maintenant