Prisonnier de tes yeux

Chapitre 1 - ISAAC

— Isaac, bouge-toi putain ! 


J'ignore mon débile de pote qui me loge dans sa grande maison de riche et qui s'angoisse encore parce qu'il sait qu'après la fête de ce soir, la belle maison de ses parents va être irrécupérable. Comme à chaque fois.



— Sérieux Isaac, il reste encore des tableaux accrochés aux murs. Mon père va me tuer si on en bousille un.



Je relève les yeux de mon téléphone, agacé par ses plaintes incessantes.



— Ton père tu ne l'as pas vu depuis cinq ans, je pense qu'il s'en fout de toi et de ces merdes, dis-je en montrant d'un coup de tête les tableaux qui ornent les murs du salon. 


Quiconque entendrait ma remarque pourrait penser que je suis un con de parler comme ça à mon pote, mais Thomas pense la même chose de son père, c'est un foutu riche qui passe son temps à voyager avec sa femme en laissant son fils unique dans une grande maison. Moi ça me convient, ça me permet de vivre avec lui sans rendre de compte à personne. Je reporte à nouveau mon attention sur mon téléphone laissant Thomas gérer les tableaux. 


*Tu viens ce soir ?*



J'envoie un SMS simple à une fille banale qui m'amusera si la fête est à chier. Comme toujours, la réponse ne tarde pas à arriver.



*Oui on fait comme d'habitude.*



Ça me va, je tire mon coup et elle s'en va. Je range mon téléphone dans ma poche et me lève pour aider Thomas qui s'est perché sur un tabouret pour attraper un tableau représentant des gens à poil autour d'un feu. Faut vraiment être complètement défoncé pour trouver quelque chose d'intéressant à ce genre de dessins. 


Après le quinzième tableau que l'on range dans une des chambres de la maison, Thomas ferme enfin la pièce à clé, m'indiquant qu'on a enfin dégagé tous ces dessins qui étaient accrochés aux murs. Il jette un coup d'œil à son téléphone et fronce les sourcils.


— Putain. Ce soir, il y aura Bryan. 


Bryan est un abruti qui ne parle que de lui et qui aime un peu trop le conflit à mon goût. Il est l'un des types que j'aime le moins, et c'est sûrement réciproque. 


— Dis-lui de ne pas venir, suggéré-je. 


Thomas me regarde, hésitant. Il n'est pas comme moi, il est trop gentil. Même si le fait que Bryan se pointe dans sa maison le fait chier, il ne dira rien.


— Laisse tomber, il n'a qu'à venir. Il y aura tellement de monde qu'on ne le verra pas, dit-il en rangeant son téléphone.

Si j'y réfléchis bien, ce n'est pas si mal qu'il vienne. Il me doit de l'argent et je ne vais pas le lâcher avec ça. Il me déteste mais il est toujours partant pour m'acheter de la drogue ou des conneries dans le genre. Ce mec est vraiment un cas désespéré. 


— Pas de bagarre, Isaac...



Thomas me regarde comme s'il attendait que j'approuve, mais je n'en fais rien. Je ne suis pas comme lui, du genre à rester calme dans toutes les situations. Je me barre dans le couloir et il me suit.


— Vraiment Isaac, j'ai pas envie de me battre ce soir. 


Il a raison, je sais que si je me bats, il n'hésitera pas à me rejoindre. Mais il n'a qu'à me laisser dans la merde pour une fois. Sans lui répondre, je vais reposer mon cul dans le canapé en attendant que la maison se remplisse. Si l'un des connards que Thomas ramène ici m'emmerde, je ne vois pas pourquoi je perdrais mon temps à discuter avec lui. S'il y a bien une chose que j'ai compris, c'est qu'on résout finalement pas mal de choses avec la violence. Je regarde le dernier message que j'ai reçu de la part de la fille que je fréquente en ce moment. Emy, blonde, un joli corps mais surtout idiote. Elle s'est habituée à me voir le temps d'une nuit et à se faire jeter le lendemain, ça ne semble pas l'embêter et ça m'arrange. C'est plus simple comme ça.