Speranza Liberta, tome 1

                                    Chapitre 1, SL-International-Company

Ce vendredi 11 juillet 2014, la chaleur du torride été d'Espagne écrasait la populeuse Costa-Brava. Le soleil intense brillait et cognait fort sur les plages de Palamos.

En cette fin de chaude après-midi, Nadège, ma petite amie de 25 ans, me rejoignit sur la grande terrasse enluminée au troisième étage du SL Hotel en bord de mer. Elle venait de prendre sa douche et sortait à peine de la magnifique salle de bains marbrée de notre luxueuse suite. Elle avançait vers moi, juste vêtue d'un paréo coloré ondulant le long de son corps haché de sirène. Elle avait noué une serviette blanche autour de sa tête pour essorer ses longs et superbes cheveux blonds tirant sur le roux.

Moi, Sylvain Mondineau, j'allais avoir 28 ans le 16 novembre et me tenais en maillot de bain sur le transat en teck, installé tel un pacha, sirotant tranquille un grand verre de sangria et lisant une brochure en version française. Je l'avais prise au hasard sur la pile du comptoir de l'accueil tout à l'heure, à notre retour de la ville de Gérone située à une cinquantaine de kilomètres d'ici. Le magazine était entièrement consacré à l'historique de ce palais, dans lequel mon espiègle compagnie et moi passions nos vacances.

Nadège m'embrassa en hâte et prit place sur la chaise longue à côté de moi. Elle s'exprimait toujours avec un petit accent pointu et demanda, curieuse en me voyant ainsi captivé par ma lecture :

— C'est intéressant ce que tu lis, mon cœur ? Ça parle de quoi ?

Je répondis d'une voix enthousiaste :

— Tu te rends compte que l'hôtel où on est fait partie d'une chaîne de 182 palaces cinq étoiles, particulièrement dans un tas de villes sur les cinq continents ? New York, Londres, Paris, Cannes, Agadir, Sydney, etc. Tout ça, ça appartient à la SL-International-Company ! C'est l'une des plus grandes et plus prestigieuses multinationales américaines au monde ! Y'a un quart de million de salariés qui bossent pour cette boîte !

Mais cette petite peste de Nadège produit l'air de s'en foutre royalement ! De ses mains fines, elle étalait une huile hydratante au parfum frais sur ses belles et longues jambes un peu bronzées par le soleil ibérique. En guise de réponse, elle me balance juste :

— Ah ouais ! C'est cool... C'était bien aujourd'hui, à Gérone ! Mais putain qu'est-ce qu'il a fait chaud encore !

Ce désintérêt m'agaçait ! Je haussai les épaules et me replongeai à l'intérieur du texte.

Je découvre que la SL comprend ses origines d'un jeune Américain, prénommé Tom. Ce dernier avait commencé de façon modeste, en 1910, par l'organisateur des visites de tourisme en petites vedettes dans les eaux de la baie de Coney-Island, à New York. Sa petite entreprise prospère à un point tel qu'en cinq ans, le garçonpa une flotte de paquebots de croisières de grand luxe et crée en parallèle cette chaîne hôtelière qui contribue à sa fortune. Il se retrouve ainsi à la tête d'un véritable empire financier et accéda au statut de milliardaire ! Au cours des années cinquante, Tom, devenu âgé, se retire des affaires. Son plus jeune fils, Duncan, reprit le flambeau familial et fonda une importante compagnie aérienne. La société a pris une ampleur considérable !

Lire ceci accentuait l'impression bizarre que je ressentais depuis notre arrivée ici ! Je n'aurais pas su expliquer ce phénomène, qui me rappellerait un peu la sensation de ces rêves dont on se réveille avec le sentiment étrange d'y avoir vécu une existence entière et dont il ne reste qu'une sorte de vague réminiscence. Ma petite diablesse remarque ma préoccupation et se manifeste :