"Le monde d'aujourd'hui devient de plus en plus dangereux et trompeur. De nos jours, les méthodes d'identification biométriques sont devenues monnaie courante. D'incroyables secrets sont gardés grâce à ces méthodes pourtant moins sûr qu'un mot de passe qu'il faut chercher dans l'histoire et le caractère de son créateur. De nos jours, un nom ne signifie plus rien, car des centaines d'autres personnes le portent, et d'autres centaines ont le même nom de famille. Les Caméléons, des spécialistes en déguisement, se multiplient et volent des secrets d'état, violent des coffre-fort à identification biométrique. Le monde d'aujourd'hui n'a plus de sens, car on ne peut plus être sûr que le vieillard qu'on croise dans la rue n'est pas un jeune espion déguisé ou un dangereux criminel. L'état tente d'enrayer le Chaos qu'il a mis en place avec ses méthodes de contrôle, mais même les caméras spécialisées dans la reconnaissance des visages sont incapables d'identifier avec certitude le premier passant venu..."
Alphéa saisit la télécommande et appuya rageusement sur le bouton de mise en veille de la télévision. L'écran s'éteint, empêchant du même coup les enceintes de débiter leurs paroles parasites que la jeune fille connaissait par cœur. Ce programme était diffusé sans arrêt ces derniers temps, à la télé, à la radio, même sur internet, une page s'affichait et débitait ce programme mal construit sans qu'on puisse l'arrêter autrement qu'en débranchant l'ordinateur. Et encore, elle, elle pouvait le faire. Dans d'autres maisons, il fallait couper le générateur, car depuis que les scientifiques avaient trouvé le moyen d'alimenter leur technologie sans fils ni branchement, tous le monde voulait faire pareil. Mais sa famille connaissait les atouts des anciennes méthodes. De toute la ville, voir même la région, Alphéa devait bien être la seule à non seulement posséder mais utiliser l'antiquité qu'était le magnétoscope, et d'autres anciennetés dans le genre. Elle avait même une connexion internet avec fil, pour éviter d'être percée de toutes parts d'ondes qui la ferait à coup sûr mourir avant ses 50 ans tant la dangerosité et le nombre de ces ondes avait augmenté ces dernières années.
L'adolescente était allongée sur son lit, en train de lire dans sa chambre. Le lit était grand, assez pour deux personnes, et il possédait une planche en bois pour poser un livre et une lampe de chevet. Ce lit était posé sur des piliers de bois, et son bureau était en-dessous avec une étagère. Du coup, elle se cognait parfois la tête en se levant, car le toit montait du mur jusqu'au mur opposé qui finissait plus haut. Mais elle aimait bien cet emplacement quand même, il formait comme un nid. Son nid.
Alphéa descendit l'échelle pour aller s'asseoir à son bureau. Elle sourit pour la centième fois au moins devant l'indication de l'année que donnait son ordinateur. 2012. Il n'y en avait pas qui avaient prédit la fin du monde à cette date? En tout cas, elle n'était pas prévue pour le premier mois, car on était déjà début février. La lycéenne s'assit et commença à pianoter sur son ordinateur. Une page internet affichant les dernières actualités l'informa que le centre de données américain venait d'être percé et détruit. Ce n'était pas une surprise. Les américains amassaient depuis des années un maximum d'informations sur chaque personne de cette planète par les nombreux moyens de contrôles mis en place. Depuis que la population c'était soudainement soulevée, il y a quelques mois, tout était parti en vrille à une vitesse phénoménale. Des villes comme Paris voyaient souvent une maison, voir un de leur quartier disparaître à cause d'un attentat, et si les forces armées faisaient parfois des entrées en force dans des maisons et patrouillaient dans la rue en embarquant la première personne venue un peu louche, voir la première personne qui passait près d'eux tout court, la plupart du temps, on ne les voyait pas, trop occupés à protéger les anciens dirigeants. Pourtant, malgré ces agitations, la Terre ne tournait pas si mal que ça. Au contraire, Alphéa aimait bien cette situation. Elle n'allait plus à l'école, c'était ses parents qui faisaient office de professeurs en lui apprenant un peu plus de choses chaque jours. Et puis il y avait les médias (les libres, bien sûr, les autres étaient remplis de discours politiques et de séries niaises, tout deux d'une débilités à mourir), internet, les livres et les amis. C'était quand même plus sympa d'apprendre avec et par des copains que par un prof qui en réalité criait pendant les trois quart du cours.
- Phé, descend!Phé. Son surnom. Un peu bizarre, mais, va savoir pourquoi, personne ne l'avait jamais appelée Al. L'intéressée poussa un grognement, ferma la fenêtre internet et quitta sa chambre. Elle n'aimait pas être tirée de sa chambre, même quand elle ne faisait rien de particulier. Ou plutôt si, elle était toujours en train de faire quelque chose. De rêvasser, plus précisément.
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Beren m'attendait en bas. Beren, c'est un copain à moi. On se connait du lycée. Je souris en le voyant et dévalait ce qui me restait de marches pour le rejoindre.
- Salut! Qu'est-ce que tu fais ici?
Entre nous, Beren est un beau gosse. Pourtant, je vous assure que je ne suis pas du genre à mater les garçons ou quoi, mais même moi, je ne peux pas nier qu'il est mignon. Et en plus, il est sympa. Le top quoi. Mais n'allez pas vous faire des idées, c'est un copain. Juste un copain. Vraiment.
- C'est Ana, elle nous propose un cours.
Il souriait quand je suis arrivée, mais maintenant, il ne souriant plus. Ana est une amie à moi. Une très bonne amie même. On se connaît depuis le collège. Le truc, c'est qu'elle est une intello. Elle sera scientifique plus tard, c'est obligé. Un métier dans le style en tout cas. Elle adore les maths, les équations compliqués, les mystères, tout ça la rend cinglée. Le reste, on dirait que ça la laisse indifférente, mais dès qu'il s'agit de se creuser la tête, c'est toujours la première volontaire. Or, moi, ça dépend franchement du contexte, je n'aime pas particulièrement les prises de tête, ça me donne la migraine. Mais évidemment, quand c'est elle qui nous donne un cours, c'est toujours un trucs de maths hyper compliqué, un système de cryptage ou n'importe quoi d'autre, mais toujours un truc compliqué. Bon, en sortant, on a compris en général, parce que, jeune ou pas, elle est plutôt bonne prof, mais même, c'est pas ce que je préfère. Pour autant, on aurait fait pareil à l'école, j'aurais carrément séché.
En réponse à cette annonce, vous l'aurez compris, peu joyeuse, je poussais un soupir déçu. Mais au même moment, Beren m'annonça en reprenant un grand sourire :
- C'est pour aujourd'hui, le cours spécial!
- Yes!
Ouais, en fait, il y a une autre raison qui me pousse à assister à chacun de ses cours. Ana est une pro en informatique. Mais pro de chez pro. Je suis sûr qu'elle serait capable de pirater l'ordi du président en personne si elle voulait. Et du coup, parfois, on a droit à un cours dit spécial. Et là, c'est intéressant.
- On doit prendre quelqu'un?
J'étais déjà sortie de notre maison après avoir salué ma mère qui regardait le foot - oui, chez moi, c'est ma mère qui adore, mon père s'en fiche complètement - et comme on avait coutume d'aller chez les autres pour faire le chemin ensemble selon nos horaires...
- On doit prendre Mel. Les autres vont venir plus tard.
Mel, c'est Mélissa. Je ne la connais pas vraiment, on se dit juste bonjour dans les couloirs. Mais bon, c'est une possible future amie. Je me frottais les mains de satisfaction. Arriver en avance, ça veut dire qu'on aurait droit à quelque trucs et astuces supplémentaires. Je me dis alors que j'étais trop omnibulée par ça.
- Au fait, et toi, quoi de neuf? Ça va?
Beren était en train de taper à toute vitesse sur l'écran tactile de son portable. Vous le verriez, il est dans un état déplorable, mais il marche toujours. Je ne sais pas par quel miracle, ni comment Beren arrive à voir grand chose dessus, mais après tout, c'est le sien. En m'entendant, il prit encore quelques secondes pour finir ce qu'il faisait puis il rangea son portable pour me répondre. Mais au même moment, il leva la tête et s'arrêta net.
- Oh merde, jura-t-il.
Je suivis du regard et m'arrêtais à mon tour en me retenant de répéter son juron.
En effet. Mince, pour être polie.
Devant nous, j'ai reconnu un véhicule avec le signe des armées de l'état.
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A.N.O.N.Y.M.E
Science FictionQue se passerait-il si le monde partait en vrille, que les gouvernements perdaient le contrôle, et que l'informatique dépassait tout ce que vous connaissiez? C'est une vieille histoire qui date de 2011 (je l'ai postée sur un blog perso de l'époque l...