Ninlam dévalait les escaliers de la Tour, en compagnie de Marlyssa, d'Alex, des deux jumelles et de la princesse.
— Il est descendu tout seul dans les souterrains, répéta pour la énième fois le Mécène. Mais qu'avait-il donc dans la tête ?
— C'est un garçon, il n'avait probablement rien, souffla la princesse sarcastique.
Mais un spectateur attentif aurait pu déceler un soupçon d'admiration dans ses grands yeux bleus. Marlyssa ne releva pas la remarque, tout simplement parce qu'elle n'en pensait pas moins. Les actes de Tristan étaient totalement inconsidérés depuis leur arrivée en Adalante. Mais d'une certaine manière, c'était déjà le cas auparavant. Les sentiments de Marlyssa oscillaient entre la colère brûlante et la peur croissante. En somme, elle ne savait plus quoi faire. Par exemple, pourquoi n'était-elle par aller avertir l'inspecteur et sa mère, pourtant beaucoup plus proche de l'entrée des souterrains que Ninlam ?
D'une certaine manière, elle connaissait déjà la réponse. Elle lui faisait confiance, trop peut-être. Était-ce parce qu'ils étaient jumeaux ou bien à cause de son caractère ? Elle n'aurait su le dire, mais pour le moment, cela n'avait que peu d'importance.
Le groupe traversait le parc à toute vitesse. Alex claquait des dents, mais ce n'était pas à cause de la fraîcheur ambiante et de l'humidité qu'accompagne toute venue de l'aube.
— Et vous, vous vouliez l'accompagner ! Non d'un chien, mais pourquoi ne l'avez-vous pas fait ? intervint brutalement le Mécène.
— C'est Tristan qui détenait la clé pour ouvrir le passage secret, avoua Marlyssa en se mordant la lèvre inférieure. Le mur s'est refermé derrière lui, avant que nous n'ayons pu le rejoindre.
— Prudence et réflexion sont pourtant les maîtres mots des Protecteurs, bon sang ! Et puis, Marlyssa, tu aurais pu faire écrouler cette paroi si tu l'avais voulu ! s'exclama Ninlam alors qu'ils sortaient du parc.
— Je n'y ai pas songé une seule minute...
— Tu accordes bien trop de crédit à ton frère, remarqua Elena.
— Peut-être parce qu'il le mérite, rétorqua-t-elle avec un regard noir.
La princesse lui jeta un regard amusé. Marlyssa ne l'avait rencontré que peu de temps auparavant et la détestait déjà. Ce port royal, cette démarche raide et provocante, sans parler de ces yeux qui semblaient vous dévisager de l'intérieur, tout cela contribuait à accroître sa fureur présente.
— Oh, je vois ! Ton frère est certainement l'un de ces personnages de conte de fées qui sauve les jouvencelles en détresse, combat les dragons et met à genoux les plus noirs tyrans...
À la plus grande surprise de Marlyssa, son cousin ne put retenir le rire grondant qui embrasait sa gorge.
— Tristan, un héros de conte de fées ?...
— Qui y a-t-il de si drôle ? s'offusqua Sidonie.
— Et bien, tu étais avec nous, non dernièrement ? Tu devrais le savoir.
Les autres l'observèrent sans comprendre.
— Le héros de conte de fées ne montre jamais un seul signe de faiblesse : il est droit, fier, dur et fort. Il claque des doigts et la première jouvencelle venue tombe à ses pieds. Son cheval parle, ses bottes chantent et son épée tranche les murs. Il a toutes les armes pour abattre le méchant et étale sa bravoure par monts et par vaux. N'est-ce pas là un peu facile ?
— Où veux-tu en venir ? demanda Marlyssa, qui n'avait pas l'habitude de voir son cousin parler autant.
— Tristan aime la difficulté. Princesse, vous vous trompez sur son compte. Il est le jouvenceau de l'histoire. Et pour seule force, il a des lunettes noires inutiles et un bâton magique illuminé qui ne lui permet même pas d'infliger des dégâts conséquents à ses adversaires. Pourtant, certains de ses ennemis sont morts sans même qu'il ait eu à les toucher... Et il a pleuré pour eux.
VOUS LISEZ
Les Protecteurs d'Andalénia / La Danse du Lys tome 1 la Dame en Blanc
Novela JuvenilLorsqu'on est né jumeaux, de surcroît fille et fils de Protecteur et de Chasseuse, la paix ne dure jamais que le temps de l'enfance. Mais même adolescents, Tristan et Marlyssa ne semblent pas encore prêts à affronter les ténèbres. Leur mère et d'aut...