Aristée descendit avec grâce les escaliers, à la recherche de sa cavalière. Les invités s'écartaient promptement, s'inclinant sur son passage comme si le moindre contact du prince leur aurait coûté la vie.
Il était attiré par une force inexplicable vers quelque chose, où plutôt vers quelqu'un.
Les musiciens se turent et une atmosphère tendue presque palpable se fit ressentir dans la salle. Les danseurs arrêtèrent leur danse effrénée et chacun retint son souffle. Il s'agissait d'un moment crucial. Qui serait l'heureuse élue ?
Le prince se sentait opprimé par le regard pesant et pressant des nombreuses prétendantes qu'il dépassait et leur déception ne faisait que le rendre plus nerveux.
Pourtant, ses yeux ne pouvaient plus se détacher de cette femme dont il se rapprochait de plus en plus à chaque instant. Il était comme hypnotisé, ensorcelé. Aristée n'était plus maître de son corps. A sa grande surprise il se dirigeait sans hésitation comme si le chemin qu'il suivait inconsciemment était évident et déjà tracé.
Des murmures fusèrent dans l'assemblée.
Il s'arrêta net devant celle qu'il désirait ardemment, qui n'était autre qu'Inaya. Puis, avec délicatesse lui souleva le menton l'obligeant ainsi à le regarder en face. Il la dominait de quelques centimètres si bien qu'il dû baisser la tête pour admirer son visage.
Stupéfait, il découvrit que celle-ci le défiait du regard, les sourcils froncés et cette expression lui rappela vaguement quelque chose. Des images floues défilèrent dans sa tête, faisant ressurgir le même regard effronté que celui dans lequel il plongeait autrefois son âme, sans parvenir à identifier cette personne. Mais un sentiment surpassait tous les autres. Une colère fulgurante ressorti des ténèbres et vînt s'ancrer au plus profond de son être. Il essaya d'en faire abstraction puis tendit son bras droit à la jeune fille.
Comme le voulait la tradition, le futur couple devait danser ensemble trois danses successives afin de sceller leur union.
Il s'élancèrent donc sur la piste de danse bientôt rejoint par d'autres duos de danseurs et la musique reprit un air enjoué.
Il la tint par la taille, sentant toute la finesse de la peau de son dos nu écaillée sous ses doigts, puis de l'autre main il enlaçait sa main chaude dans la sienne.
Elle virevoltait, souple dans les airs déployant ses longues ailes chaque fois qu'il la portait dans les airs et tournoyait avec habilité dans sa robe de soie autour de lui, telle la brise insaisissable se faufilant dans les branchages.
Sa nervosité l'avait quitté. Il se sentait désormais léger comme une plume et réalisa en même temps qu'ils étaient en train de léviter à une dizaine de mètres du sol.
Lors de la deuxième danse, il eut réellement l'impression de connaître déjà cette personne et de s'adresser à son double. Les froncement de sourcils de sa cavalière, sa démarche gracieuse et la capacité de celle-ci à anticiper ses mouvements ne cessaient d'accroître la confusion d'Aristée. Il avait l'esprit embrouillé et se demandait si ce n'était pas justement cette raison qui l'avait poussé à la choisir. Il voulait savoir qui elle était réellement.
Le problème était qu'elle n'avait toujours rien dit depuis le début de leur valse et il hésitait entre s'inquiéter sérieusement au vu de son air troublé ou bien de mettre son silence sur le compte de son intimidation. Après tout, qui était plus prestigieux et plus digne d'admiration que lui ? Il obtenait tout ce qu'il désirait, quand il le voulait et où il décidait, alors jamais l'idée qu'elle refuse cette union ne lui avait jamais traversé l'esprit.
Mais la Vie n'est qu'une illusion destinée à nous tromper, elle détient les cartes du jeu et nulle ne peut lutter contre elle. Nous nous contentons d'être ses pantins qu'elle prend plaisir à manipuler à sa guise. Une douce voix le sorti de ses réflexions.—Excusez moi, monseigneur mais je ne puis vous accompagner lors de cette troisième danse, je dois me retirer veuillez m'excuser.
—Comment ? Attendez ! Revenez ! Pourquoi partez-vous ? cria Aristée encore sous le choc tandis qu'elle se dirigeait vers la sortie.
Elle fit volte-face :
—Vous connaissez parfaitement la tradition n'est ce pas prince Aristée ? Je refuse d'être votre femme. Je-je ne peux résister contre cette attraction et cela me fait peur. Qui sait ce qui se passera si j'ose révéler mes véritables sentiments à votre égard ? je n'arrive pas à les cerner correctement et j'ai bien peur qu'ils ne correspondent pas à votre attente.
—Je comprend votre inquiétude mais je ne partage pas votre avis. Vous êtes ravissante et j'ai l'impression de vous connaître par cœur, vous pourriez passer à mes côtés des jours heureux. Devenir reine bientôt ne vous tente-t-il pas ? Je vous en prie réfléchissez à tout ce dont vous pourrez profiter.
-Ici n'est pas la question. Votre charme n'est pas ce qui me retiens le plus de partir. En revanche savourer votre faiblesse et votre vulnérabilité en cet instant est un moment que j'affectionne particulièrement, répliqua-t-elle sèchement.
Elle ne retenait plus ses mots et Aristée en resta bouche bée. Il devait admettre que le culot de cette femme lui plaisait particulièrement. Il était tiraillé entre l'envie de la détester et celle de l'embrasser. La provocation l'irritait et l'amusait toute à la fois. Il savait ce qu'il voulait et savait comment l'obtenir. Il la suivit dans le couloir, à l'abris des regards indiscrets.
—Quant à moi j'affectionne beaucoup votre aplomb. Mais peut-être haïrait vous un peu plus votre audace vis à vis d'un membre de la famille royale si je vous disais que votre vie ne tient qu'entre mes mains à l'instar de votre sœur ?
—Q-Quoi ?
Inaya n'arrivait plus à cacher le tremblement qui agitait ses lèvres mais se forçait à se méfier de ce loup. Elle haussa un sourcil.
—Que voulez vous dire ?
Aristée le sourire narquois avait vu juste.
Il s'approcha d'elle par derrière, entortilla une mèche de cheveux roux autour de son doigts et déposa ses lèvres sur sa nuque. La jeune fille tressaillit.—Et bien, disons qu'un phénomène assez étrange s'est produit ce soir. Quelque chose nous lie, que nous le voulons ou non. L'effet que vous avez sur moi n'est pas anodin. La haine est l'amour qui a sombré comme on dit, n'est ce pas ?
Il se trouve qu'en cherchant la cause de ce mystère, j'ai probablement découvert votre face cachée. Ainsi, votre masque ne vous protégera plus très longtemps ma chère. Je préfère vous prévenir que si vous tenter d'appeler quiconque votre sœur en subira les conséquences. Je ne veux qu'une seule chose...Il plaqua brusquement la lame en métal brûlant de son couteau sur la gorge de la jeune fille, lui arrachant un cri de douleur.
-Vous détruire Diane.
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Le temps des Révoltes
FantasíaComment une guerre a-t-elle pu déchirer deux peuples ? Comment trouver un juste équilibre entre deux grands ennemis depuis la nuit des temps ? Découvrez bien avant notre apparition, un monde gouverné par les Anges tyranniques, avides de pouvoir, a...