C'est au creux du ventre que se nichent, les plus grosses plaies qui nous salissent, qui nous dévorent avec délice, étant avides de nos supplices. On s'était dit qu'elles partiraient, que par leur âge elles sombreraient, mais tu vois moi je les connais, et ce bien trop pour être vrai ; l'admettre est difficile mais elles ne partiront jamais.
Bien trop ancrées, nourries, logées, faut dire que de la douleur elles en auront à volonté, servie sur un plateau d'argent elle me dévorent, me faisant voir en un instant les abymes de la mort. C'est à cet instant dans un dernier espoir, que les breuvages brûlants qui empêchent de se mouvoir, m'ont fait comprendre de par l'excès, que la douleur pourrait disparaitre le temps d'une soirée.
Mais les plaies, si fortes et si denses, ne craignent pas le brouillard de mon esprit embué. En résonance et toujours plus fortes, elles nous rappellent ce qui nous fait sombrer.
C'était donc la goutte d'eau, faisant déborder mon âme, qui abrégea mes souffrances.
Elles ont gagné.
Voilà un des premiers poèmes que j'ai écris. Et oui, tu as bien compris, je suis alcoolique. Pourquoi ? Ce serait trop long à expliquer. Je pense même que si j'expliquais toutes les solutions que j'ai trouvé pour combler mon mal-être, nous n'en finirions pas.
A vrai dire, je trouve ça triste que du haut de mes 20 ans je sois si pessimiste à propos de ma vie. En tous cas, pendant mon enfance, j'aurai dû compter le nombre de personnes ne savant rien de ma vie m'ayant dit que je n'étais pas la plus à plaindre, que beaucoup étaient comme moi, Hailey, tu es déjà en vie et c'est déjà pas mal.
Mais vois-tu, si nous sommes beaucoup comme moi, je trouve cela inquiétant. La vie est-elle si cruelle pour nous faire vivre des attouchements dans l'enfance, des histoires de famille bien trop graves pour être citées, la perte d'amis suite à un amour toxique, des manipulations toutes autour de nous, une dépression naissante et une exigence particulière des membres de notre famille ?
Non. Je ne peux pas y croire. Du moins, je me cache la vérité. Nous sommes beaucoup comme cela. Mais pourquoi suis-je alors si mal ? Qu'est-ce qui m'empêche d'avancer comme toutes les personnes qui ont pu le vivre ?
Je crois que ce que j'éprouve s'appelle l'anhédonie. Je ne ressens plus le plaisir. Peut-être parce que j'en ai eu trop au delà de ça ?
J'ai vraiment trop de questions qui me viennent mais je suis fatiguée. Demain j'ai cours, j'écrirais sûrement demain si je n'ai pas trop de fatigue. Ca m'a fait du bien quand même.
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Cueillir l'espoir
Poetry"J'aurai beau vouloir l'évolution, c'est malgré tout mon être qui se bloque avec intention." On aura beau vouloir être heureux, comment l'être après avoir vécu le pire ? Hailey n'a que 20 ans, et c'est pourtant une survivante. Survivre à cette époq...