CHAPITRE VINGT-SEPT

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 Seattle. M'y voilà enfin.

Après de longues négociations avec Tommy et près de quatre de vol, je suis finalement là où je suis censée être. Je me sens bien plus sereine maintenant que je suis près de la rejoindre. Je n'ai cessé de trépigner sur mon siège durant tout le vol, je n'en pouvais plus d'attendre bien sagement. J'ai quasiment bondi de mon siège de comme une forcené quand les hôtesses ont annoncé notre descente vers l'aéroport de Seattle.

A présent, je suis plus proche du but que jamais. J'observe la ville à travers la vitre du taxis. Le chauffeur n'est pas très bavard mais ça me va très bien. Je n'ai pas particulièrement envie de discuter. J'envoie simplement un message à Tommy, Violet et Josh pour les prévenir de mon arrivée. Je m'occuperai d'appeler mes artistes et Whitney quand j'aurai un moment et je les informerai de la situation.

Pour l'instant, je ne veux rien d'autre que voir ma mère et la prendre dans mes bras. J'ai besoin d'être sûre qu'elle va bien. Je veux la rassurer et lui dire que je serai là, qu'elle n'aura pas à combattre cette foutue maladie toute seule. Je resterai ici tant qu'il le faudra. Je suis capable d'organiser ma vie différemment s'il faut que je reste un moment à Seattle pour l'aider. Je n'ai pas peur des imprévus. Je suis seulement inquiète pour ma mère. J'espère que tout ira bien. Un cancer n'est pas quelque chose à prendre à la légère.

Jamais je n'aurai imaginé que je reviendrai un jour à Seattle pour une raison pareille. J'avais pourtant rêvé de ce jour où je poserai de nouveau le pied dans cette ville que j'ai tant adoré. Je voulais à tout prix revenir mais certainement pas dans ce genre de circonstances.

Je croyais que ma mère était à New-York et pas ici depuis plusieurs semaines. Je l'ai eu quelques fois au téléphone mais elle ne m'a rien dit. Elle m'a caché sa maladie pendant trop longtemps. Je sais qu'elle voulait surtout me protéger mais je suis contente qu'elle ait changé d'avis. Je n'aurai pas voulu apprendre la nouvelle trop tard. Je veux être là quand elle se fera opéré et je veux être à ses côtés pour lui tenir la main durant toute sa rémission.

Je savoure alors ces dernières minutes de solitude dans ce taxi qui me conduit vers elle. J'observe tranquillement les grands buildings qui se dessinent au loin et la mer qui compose la toile de fond de ce tableau parfait. De l'autre côté, j'aperçois les hauteurs de la ville où nous nous dirigeons. Je me souviens de ce panorama comme si je l'avais vu encore hier. Au loin, la Space Needle s'élève fièrement vers le ciel. Tout est aussi grand et beau que dans mon souvenir.

Quand mes yeux sont ainsi posés sur la ville, je comprends pourquoi Cameron a décidé de refaire sa vie ici. Si j'avais dû prendre un nouveau départ, j'aurai sûrement choisi Seattle. C'est la ville idéale pour prendre une bonne bouffée d'air frais. Je suppose que Cam a trouvé ici ce dont il avait besoin il y a cinq ans. Il s'est construit une vie loin de Denver et j'aime croire qu'il est bien plus heureux ici qu'ailleurs. Je pourrais facilement le comprendre. J'avais ce rêve de vivre ici moi aussi.

Seulement, je ne l'aurai pas fait sans lui...

Ce n'est pas le moment de penser à lui ou à ce qu'aurait été notre vie si on avait quitté Denver pour s'installer ici tous les deux. Je ne suis pas venu jusqu'ici pour le retrouver. J'ai fait tout ce chemin pour ma mère et personne d'autre. Je ne nie pas le fait que la nuit que j'ai passé avec Cameron semble avoir changé la donne mais cela n'intervient en rien avec la maladie de ma mère. Je ne suis même pas sûr que nous nous croiserons un jour. Seattle n'est pas une petite ville. Je peux très bien faire comme s'il n'était même pas là quelque part. Nous pouvons très bien faire comme si j'étais toujours à Denver et lui à des milliers de kilomètres de moi.

Après une bonne demi-heure de route, nous atteignons enfin les hauteurs de la ville et nous approchons de la maison de ma mère. Je ne suis venue ici qu'une seule fois il y a longtemps mais je reconnais certains endroits devant lesquels nous passons rapidement. Je me souviens de quelques éléments qui nous croisons sur notre chemin. Ces routes pentues bordées de grands arbres verts ne me sont pas inconnus. J'ai de bons souvenirs de cette banlieue tranquille et verdoyante.

THE WAY - LE DILEMMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant