Bly - Un d'eux avait un flingue.
Elle prit l'arme sur elle,
Ed fumait une indus à l'extérieur, juste à côté de la porte. Il portait sa grande veste en toile noire, couverte de quelques signes brodés. Ladite veste contenait de très nombreux paquets d'allumettes, une de ses lubies.
Ses cheveux crépus étaient, comme souvent, mal arrangés. Ses yeux fixaient le vide, loin de la lumière du feu. Une longue cicatrice coupait son visage fin au niveau de la joue. Les doigts de sa main gauche s'agitaient quelque peu. Celui qu'il attendait arrivait enfin. Agneau sortait de l'ombre d'un vieil ensemble de bâtiments bardés de tuyauteries et de tuiles à l'aspect quasi antique.
La chose drôle avec Agneau, c'est qu'on avait beau le regarder, personne n'arrivait vraiment à voir à quoi son visage ressemblait. C'était comme déchiffrer une image du coin le plus loin de l'oeil, on croit voir mais en fait c'est le cerveau qui invente pour pas laisser un flou perturbant. Personne ne comprenait mais vu qu'il était très gentil ça ne posait pas vraiment de problème. Agneau était un peu plus grand qu'Ed, vêtu de sa chemise bleutée fermée jusqu'au col - très bien mis - et sur le dos de laquelle était écrit en grosses lettres : "À BAS LE MONDE".
Agneau - Où en est Bly ?
Ed - Toujours dedans. Ça fait une bonne heure je pense.
Agneau - Et pourquoi tu restes là aussi longtemps ? Je ne suis pas sûr qu'elle ait besoin de toi, sans offense.
Un sourire vint à Ed.
Ed - Je fais l'homme de main, on sait jamais. Et toi, qu'est-ce que tu faisais ? Et puis on va faire quoi ce soir ?
Agneau - Il y a des petits concerts dans la ville et la commune à côté, ça peut être un bon départ. On proposera à Bly une fois qu'elle sera sortie.
Il était un peu plus de minuit, une voiture s'arrêta au départ de l'impasse à quelques mètres d'eux. Ils étaient immobiles, assez bien cachés par l'ombre, et regardaient la voiture se garer. Ed chercha une allumette. Tandis qu'il était affairé, Agneau regardait distraitement la voiture - pour chasser l'ennui qui allait probablement s'installer.
Un des hommes sortis de la voiture donnait des ordres aux autres. Des mots issus d'un langage bureaucratique et cryptique, qu'Ed et Agneau ne comprenait pas du tout. Ils virent par contre des caisses de métal trimballées par les voyageurs hors du coffre. Un d'eux fit tomber sa caisse, qui se renversa partiellement. Agneau vit d'étranges objets métalliques noyés dans un liquide fumant, tombés par terre.
Son réflexe de surprise - un léger sursaut - alerta les hommes de sa présence, qui oscillaient entre la boite et lui, sans probablement savoir qu'est-ce qui était le plus important.
Le maladroit ramassait sa marchandise, et les autres vinrent très vite contre Agneau et Ed. Ceux-ci n'attendirent pas pour reculer, et rentrer dans le bâtiment en vitesse. Ils claquèrent la porte au nez de leurs poursuivants.
Ed - Merde merde merde !!
Il détalait comme un lapin à travers les escaliers, suivi d'Agneau qui respirait bruyamment. Les deux avaient eu des déconvenues avec la police à de multiple reprises, mais s'il y avait des gens à ne pas faire chier, ce sont ceux qui font des déménagements bizarres en plein milieu de la nuit au milieu de nul part. Ed s'imaginait déjà un trafic d'humains ou de technologies militaires secrètes. Quoi qu'il en était, ils avaient vu quelque chose de trop.
Soudainement, Bly apparut dans les escaliers, et les arrêta net. Elle avait toujours quelque chose de vaguement agressif dans le regard, même avec ses ami.es. Ses cheveux blonds étaient rèches, ses boucles d'oreilles très rondes et grandes, ses vêtements gris plissés, et ses bottes militaires toujours aux pieds.
Bly - Vous foutez quoi encore ?
Ed - On est suivis par des mecs louches dehors ! Faut qu'on se casse !
Bly - Mais pourquoi vous montez ? Abrutis, y'a pas d'issue là !
Agneau - On a pas bien réfléchis...
Plus bas, le boucan des hommes qui prenaient les escaliers également les pressèrent encore davantage.
Bly - Bon... (elle prit le temps de jauger un peu la situation) Ils ont des flingues ?
Ed - J'en ai pas vu, mais impossible à dire comme ça
Bly - Je vais utiliser mon don, rester derrière.
Ils savaient que le don de Bly, absolument unique à leur connaissance, lui permettait d'épuiser quiconque du regard. Elle appelait cette propriété Old Horse en référence à une vieille chanson.
Les poursuivants arrivèrent rapidement à eux. Bly les regarda intensément, chacun d'eux. Ils tombèrent immédiatement à genoux, puis chutèrent un à un dans l'escalier. Ils étaient probablement blessés et hors d'état de nuire. Bly descendit les marches et chercha dans leurs affaires.
Bly - Un d'eux avait un flingue.
Elle prit l'arme sur elle, et s'assit à terre, l'air fatigué.
Ed - Ça n'a pas fait trop ?
Bly - Ça va, t'inquiète. Faut juste que je me repose et qu'aucun autre mec vienne, j'espère que vous avez rien vu d'autre parce que je suis finie pour la soirée moi.
Ed craqua une allumette, et commença à fumer, affalé lui aussi sur les marches. Agneau respirait encore bruyamment, inquiété par ce qu'il s'était passé.
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À BAS LE MONDE
General FictionTrois jeunes désœuvré.es avec une maniement approximatif des armes, des allumettes et de la suggestion psychologique. Histoire rédigée sans trame générale