Une rencontre sous les étoiles
Plongée dans son roman depuis plusieurs heures, la jeune femme ne vit l'heure tardive que lorsqu'une camarade de chambre lui demanda ce qu'elle faisait encore debout, une lampe à huile allumée. « Je lisais. Excuse-moi, je vais éteindre. » La blonde ne dit pas un mot de plus –amabilité des Serpentard – et se recoucha en vitesse.
Dans son lit, la pauvre lectrice dut se résigner à fermer son livre et le poser sur son bureau. Et alors qu'elle s'apprêtait à s'allonger à son tour, ses yeux rencontrèrent les aiguilles en mouvement sur sa montre. Ses prunelles s'élargirent en voyant qu'il était minuit passé, et qu'elle avait complètement oublié le rendez-vous que Jedusor lui avait donné. Il va me tuer.
En alerte, elle vérifia que ses camarades de chambre dormaient à point fermé et se hâta d'attraper sa baguette avant de filer en vitesse hors des dortoirs. Ses pas discrets la menèrent rapidement à l'extérieur du château, son esprit anxieux à l'idée d'énerver le préfet. Il était connu pour se montrer particulièrement cynique avec les personnes qui le décevaient. Or la jeune Serpentard n'avait aucunement envie de supporter des remarques en plein milieu de la nuit de la part d'un garçon égoïste et arrogant. Elle avait beau respecter son intelligence sans limite, il n'en restait pas moins insupportable.
Bientôt, la Tour d'Astronomie se dessina dans son champ de vision et elle prit conscience de son accoutrement. Stressée à l'idée d'agacer son aîné, elle était sortie rapidement des dortoirs sans penser à se changer. Et elle n'avait pas envie de se révéler à lui dans son pyjama à l'effigie d'un groupe de musique.
Passant une main lasse dans ses cheveux, elle agita doucement sa baguette au dessus de sa poitrine et son pyjama se vit remplacer par son uniforme scolaire, propre et parfaitement repassé. Maintenant prête à se confronter aux attentes du noiraud, elle entama sa montée des escaliers, non sans échapper un chapelet de jurons lorsque la brise de Septembre lui chatouilla la nuque. Déjà qu'elle manquait de sommeil, il ne manquait plus qu'elle tombe malade à cause de ce préfet capricieux.
En haut de la tour, accoudé au rebord d'une fenêtre, Tom réfléchissait. Il savait que sa camarade n'avait pas oublié leur rendez-vous. Elle n'oubliait jamais rien. D'après lui, elle avait simplement dû s'endormir en lisant un livre, comme elle l'avait fait une fois sur le canapé de la Salle Commune. Il se souvient encore de sa surprise lorsqu'il l'avait pour la première fois vu s'assoupir en cours. Cela ne lui ressemblait pas, mais il avait échappé un sourire mutin, attendri. Pourquoi ne quitte-t-elle jamais mes pensées ? Passant une main fatiguée entre ses mèches brunes, le préfet soupira. Il commençait à douter qu'elle se montre aussi tard, elle qui mettait un point d'honneur à être ponctuelle en toute circonstance. Il devait se faire à l'idée qu'elle lui avait posé un lapin.
Abattu et légèrement agacé, Tom se détourna du Lac Noir et s'avança vers les escaliers. Il avait du mal à mettre des mots sur ce qu'il se passait dans sa tête et c'était pour cela qu'il avait demandé à la plus petite devenir, mais comment allait-il lui faire face alors qu'elle ne voulait même pas le voir ? Un nouveau soupir échappa au sorcier. Décidément, elle le mettait dans tous ses états. « ... je vais devenir fou. » Mais avant qu'il n'ait pu franchir l'alcôve qui menait aux marches, une voix féminine lui répondit avec incertitude. « Pourquoi cela ? » Il leva les yeux et rencontra le regard fatigué de la jeune femme qu'il attendait depuis plusieurs minutes déjà. Surpris, il mit un temps avant de répondre comme il put. « ... r-rien. Pour rien. Oublie ça. » Et voilà qu'il se mettait à bégayer. Vraiment quelque chose ne tournait pas rond chez lui. « D'accord. Si tu le dis. » La voix absente de la plus petite se perdit rapidement dans le silence qui suivit. La jeune sorcière ignorait quoi dire pour continuer la conversation – une part d'elle lui intimant que ce n'était pas à elle de commencer à parler, elle était l'invitée dans cette histoire, non l'hôte.
Le noiraud, lui, était parfaitement conscient qu'il se devait de parler le premier. Il l'avait invité à le rejoindre de son propre chef, mais il n'avait jamais mené de conversation de la sorte. Ce n'était pas son domaine. Lui, lorsqu'il parlait, c'était pour rapporter des faits ou expliquer ses sombres desseins à ses partisans. Sinon, il n'aimait adresser pas la parole à quelqu'un juste parler.
Or maintenant qu'il se trouvait face à elle, il ignorait quels mots choisir pour obtenir les informations qu'il cherchait à avoir. Par la barbe de Merlin, il ignorait même ce qu'il cherchait à savoir. Son roman préféré ? Ses goûts alimentaires ? En quoi ça pouvait lui servir ?
« Tom ? Tu as l'air ailleurs depuis ce matin.. » De nouveau soutiré à ses pensées, le jeune sorcier décida de reprendre place devant la fenêtre. Il s'y accouda encore, son regard perdu sur l'immensité du Lac Noir. « ... je ne sais pas pourquoi. Mais c'est vrai... j'ai l'esprit occupé. » Inquiète, la jeune femme s'approcha de lui et posa une main légère sur son épaule. Ce contact raidit le plus grand, mais il ne dit rien. « C'est pour me parler de ça que tu m'as demandé de venir ? » Tom hocha négativement la tête. Elle avait en partie raison. Il ne comprenait pas ses sentiments, et il espérait qu'une présence féminine l'éclairerait un temps soit peu, mais il voulait avant tout savoir autre chose. Quelque chose dont il n'était en rien concerné. Il croisa les doigts, réfléchissant de nouveau. Comment était-il supposé aborder le sujet avec elle ? Elle était la seule personne qu'il considérait comme son égal. Lui qui choisissait toujours ses mots en fonction de son vis-à-vis et de ce qu'il souhaitait obtenir, cette situation ne rentrait pas dans ses habitudes. Il se montrait ou condescendant avec ses partisans et les autres élèves, ou trop courtois avec les professeurs. Alors comment devait-il s'adresser à quelqu'un qui était comme lui ? Décidément, parler n'était pas son fort.
La jeune sorcière laissa son regard planer sur les étoiles, attendant patiemment que son vis-à-vis se mette à parler. Elle savait qu'il n'aimait pas tourner autour du pot, alors elle le laissa à ses pensées aussi longtemps qu'il le souhaitait.
Ce furent après de longues minutes de débat intérieur que Tom se décida à se lancer. De toutes manières, il ne pouvait qu'espérer qu'elle comprendrait son message. « J'aimerai savoir pourquoi tu es à Serpentard. » Il tourna son regard bleuté vers la jeune femme, un instant époustouflé par sa beauté au clair de lune, et reprit. « Tu dois être au courant des rumeurs qui circulent à ton sujet au sein de notre maison. Et je dois avouer que tu m'intrigues. » Il se redressa de sa position et s'accota contre le rebord de fenêtre pour faire complètement face à la source de ses interrogations. « Tu es intelligente, bien élevée, mature et agréable auprès des autres. Ce qui, ne m'en veux pas, ne correspond pas vraiment à la conduite de Salazar Serpentard. » Le sourire qui germa sur les croissants de lune de la plus petite le fit sourire à son tour sans qu'il ne s'en aperçoive. « Alors j'aimerai apprendre à te connaître pour connaître la vérité. Pourquoi es-tu à Serpentard, toi, une âme si douce et innocente ? » La jeune sorcière joua un peu avec ses doigts, un rire nerveux s'échappant de ses poumons. « Que veux-tu que je fasse dans ce cas ? Ce n'est pas comme si j'avais quelque chose à cacher. » Le noiraud pouffa à son tour, replaçant son regard sur le Lac Noir. « Ça, c'est à moi d'en juger. » La plus petite leva un sourcil, intriguée. « Et qu'est-ce que tu proposes alors ? »
Son sourire charmeur accroché aux lèvres, Tom laissa ses yeux bleus glisser sur le visage de poupée de sa camarade. « Que dirais-tu de passer un peu de temps en ma compagnie ? Rien que toi et moi ? » La pauvre ne put empêcher la surprise de peindre son visage. Elle pensa presque qu'elle avait mal entendu. « ... quoi ? » Décontenancée, elle observa son aîné pour s'assurer qu'il ne plaisantait pas, mais non, il était tout à fait sérieux. « On peut juste réviser ensemble, ou se balader à Pré-au-Lard si tu préfères. » Alors là, la pauvre commença même à s'inquiéter pour la santé du préfet. Quelqu'un devait l'avoir ensorcelé pour qu'il se mette à agir de la sorte, il n'y avait pas d'autre explication. Il n'était tout bonnement plus lui-même !
Pour vérifier qu'il ne délirait pas, elle glissa ses doigts fins sur son front, vérifiant sa température. Tom leva un sourcil amusé, elle ne le prenait pas au sérieux. Mais il la comprenait, il agissait vraiment étrangement depuis ce matin. Avec un léger rire, il attrapa les doigts posés sur son front et les garda précieusement entre ses grandes mains. « Je ne suis pas malade. Et personne ne m'a jeté de sort. » Il embrassa le dos de sa main tel un gentleman et retrouva son sourire charmeur. « Je veux juste percer le mystère qui t'entoure. » Son sourire s'agrandit encore lorsqu'il détailla du regard les joues rosies de son vis-à-vis. Et alors, il souffla ces derniers mots. « Acceptes-tu d'accéder à ma demande, toi qui es si aimable ? » La pauvre sixième ne put qu'acquiescer, ne faisant pas confiance à ses lèvres pour prononcer le moindre mot.
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Angel of Death | Tom E. Jedusor
Fanfiction[histoire terminée] 》Lorsque Tom revit l'un de ses tous premiers souvenirs de Poudlard en sentant de l'Armotentia, il se questionne. 》Sentir l'odeur de quelqu'un dans la potion signifie qu'il est amoureux. Or il n'est pas censé pouvoir ressentir la...