Derrière le Miroir

Prologue

  Il y eut un soir, il y eut une nuit. Et à l'aube du commencement du temps, il y eut la guerre. Les cieux s'ouvrirent dans un hurlement qui un jour formerait le tonnerre, le sang imbiba les nuages de roses écarlates. Les épées s'entrechoquaient, assourdissantes, marquant les corps endoloris. Maudits furent-ils, ceux qui amenèrent le vice en les cieux azurs, maudits furent ceux qui s'opposèrent à cette créature vile venue corrompre une Terre neuve et saine.
  Pourtant, la cause pour laquelle ils offraient tout ce qu'ils avaient n'eut pu être plus juste. Bientôt, ces cœurs meurtris propageraient-ils l'innommable souffrance qu'est la vie, tentant désespérément d'obtenir la seule chose qu'ils n'étaient pas capable de créer eux-mêmes : le bonheur.
Alors les anges prirent les armes, s'engagèrent contre leurs frères, risquant plus qu'eux-mêmes. Ils savaient que le combat était perdu d'avance, mais un espoir fou les poussait au-devant de leur malheur. Ils tenteraient tout pour arracher à ce monde le malheur qu'on venait d'y implanter. Les lames se croisèrent, les âmes se déchirèrent.
Et ils chutèrent. Celui qui avait été au-devant, celui qui avait porté la lumière, celui qui les avait amenés à leur propre misère, sentant le mal le ronger jusqu'aux os, le dévorer, promit alors qu'il panserait les plaies béantes que les hommes créaient à chaque instant. Il soignerait ce monde, son monde, à sa manière, peu importe le prix qu'il lui en coûterait.
Le temps n'était pas né, mais les mots et les promesses si. Une promesse nouée à l'éternité qu'avait durée le néant et qui reprendrait si rapidement. La promesse se noua aux fils du temps, forma des nœuds indénouables, perdus sur l'infinité si brève que durerait la vie. Des étoiles chutèrent, le sang marquant leur passage...