||Et après ... ||

Prologue : Rennaissance

Un matin comme les autres. Le réveil sonnait inlassablement dans la grande chambre. Une main titubante s'abattit sur l'appareil, faisant cesser ce bruit incessant. Dans un grommellement sans forme, une tignasse blonde émergea de sous les draps. Passant sa main dans ses cheveux pour les plaquer en arrière, le regard émeraude fixait le rideau encore fermer au travers duquel filtrait la lumière du jour.

Encore un jour sans saveur, se dit-il.

Alors que le jeune homme se lovait de nouveau dans ses draps, quelqu'un toqua à la porte avant de s'empresser d'entrer sans attendre de réponse.

- Bonjour Adrien, tu n'es pas encore debout ?

Nathalie venait de pénétrer dans la grande chambre. Elle traversa la pièce rapidement et ouvrit les rideaux d'un coup sec, éblouissant le jeune homme qui se recroquevilla un peu plus sous sa couette.

- Adrien, il faut que tu te lèves, soupira-t -elle, tu as un emploi du temps charger aujourd'hui.

- Comme tous les jours.

Son ton était mou, fatigué. Les journées s'enchaînaient, se ressemblant toutes : séances photo, cours de piano au conservatoire, tutorat de chinois à l'université, escrime. Rien n'avait vraiment changé depuis son adolescence. Enfin presque. Il se massait l'annulaire, à présent nu, alors qu'il se redressait de nouveau. Il avait perdu son exutoire, son amour de jeunesse, un ami, sa mère, sa Lady. Pas un jour ne passait sans qu'il ne revoie sa mère enfermée dans ce cercueil. Pas un jour sans qu'il ne pense à cette fille qu'il avait tant aimée sans jamais savoir qui elle était. Cette même fille qui après avoir combattu tant de temps à ses côtés, partager tellement de rire, de larmes, l'avait abandonné. Il soupira avant de mettre pied à terre. Cela faisait maintenant dix ans.

- Ton père nous attend pour le petit déjeuner, ne traine pas trop.

Elle s'arrêta à sa hauteur, et dans un geste hésitant lui embrassa le crâne, avant de tourner les talons. Ça aussi ça avait changé. Après le combat final contre son père, ce dernier changea du tout au tout, comme s'il s'était réveillé d'un long cauchemar. Laisser partir Emilie fut la chose là plus dure qu'il eut à faire de toute sa vie, mais d'une certaine manière, cela le libéra d'un poids incommensurable. Il recommença à vivre, et ouvrit les yeux sur beaucoup de choses. Ses sentiments pour Nathalie en firent partie. Cependant ses relations avec son fils se dégradèrent : si Gabriel était prêt à s'adoucir, Adrien n'était pas prêt à pardonner.

Savoir que son père était l'homme qu'il avait combattu aux côtés de Ladybug, lui rappelait trop tous ce qu'il avait perdu au quotidien. À la suite de leur victoire, les deux héros furent dans l'obligation de rendre les miraculous à Maître Fu, mettant fin à leur collaboration. Si Ladybug avait tout de suite accepté la chose, lui avais été beaucoup plus réticent. Allait-ce vraiment se terminer ainsi ? Étais-ce la fin de leur duo mythique ? Pour lui il en était hors de question, cela ne pouvait être le cas. Et alors qu'il décida de se déclarer en tant que lui-même à Ladybug, il essuya un refus. Et c'est alors que sans savoir qui se cachait derrière le masque, elle disparue de sa vie. Repenser à tout cela, lui donnait une intense sensation de malaise. Ce jour-là son cœur fut brisé une nouvelle fois.

Il finit par se lever, attachant ses cheveux devenus mi-long en un chignon négligé. Il enfila un jean qui traînait, et sortit enfin de son antre. Traversant le grand hall froid de cette immense bâtisse afin de rejoindre la salle à manger. Chaque pas lui donnait l'impression de marcher nu dans la neige. C'était tout l'effet que lui faisait cette maison. Un endroit vide de toute vie, et de tout sentiment. Et pourtant pour une raison qu'il lui était impossible à expliquer. Il ne pouvait partir de cet endroit. Il avait à présent 26 ans, était totalement libre de partir. Son père, lui avait même proposé de lui prendre un appartement en ville. Mais il avait refusé. Comme s'il était lui-même devenue son geôlier. Il se confortait en se disant qu'obliger son père à devoir l'affronter chaque jour, était probablement la meilleure punition qu'il puisse lui infliger.