Panne généralisée

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- Phil ! Pourrais tu m'envoyer le dossier de construction du centre commercial Starcourt ? Cria Edouard à son officier, tandis qu'il jaillissait dans l'open space avec un document en main. 

Le jeune homme aux lunettes rondes sursauta de sa chaise et se mit à tapoter sur le clavier de son IBM. Il chercha une poignée de minutes ou plutôt, fit mine de chercher dans toutes les bases de données numérisées. Edouard s'appuya contre la porte de son bureau qu'il avait en commun avec Hopper, pour montrer son ennui. Devant la perte de patience de son supérieur, Calvin leva les yeux de ses rapports et s'intéressa à la demande d'Edouard.

- Phil, c'est normal que tu ne le trouves pas ici... Déclara-t-il en se levant de sa chaise dont les petites roues auraient bien eues besoin d'huile.

L'agent à la peau noire se dirigea dans le petit local qui contenait toutes les archives papier. La proactivité de Calvin plaisait beaucoup à Edouard qui aimait que les choses soient vites faites et bien faites. Calvin revint dans l'open space deux minutes après être parti. Il avait un petit dossier d'une douzaine de pages remplies d'encre noire dans ses mains. Toutes les feuilles tenaient entre elles grâce à deux petites agrafes grossièrement crochetées, sur le bord gauche du dossier. Le titre du dossier était équivoque : dossier de construction du centre commercial Starcourt. Calvin céda la pile de feuilles à son supérieur qui le remercia d'un hochement de tête.

- Je viens de perdre trois minutes à attendre ce document, vous savez à quoi ça équivaut ? Une perte de temps de trois minutes sur un autre dossier. A l'avenir, j'aimerais que tout soit numérisé. Cet amas de papier me file la nausée. Demanda Edouard à Phil Calahan d'une voix claire.

Calvin déglutit avec difficulté. 

- Capitaine, notre journée se termine dans à peine un quart d'heure. Je ne voudrais pas paraître paresseux mais...

- Je sais. Tant que tout est numérisé d'ici la semaine prochaine, ça ne me pose aucun problème. Les rassura Edouard en refermant délicatement la porte de son bureau.

- Il m'a pas refait le portrait... Entendit Edouard à travers sa porte. 

Il se mit à faire le tour de son bureau de 2mètres sur 1 mètre, en passant inévitablement devant une grande vitre qui donnait sur l'open space. L'utilité de cet vitre, c'était que l'occupant du bureau pouvaient avoir un œil sur la productivité des officiers. Par contre, depuis l'open space, il était impossible de voir dans le bureau. C'était du double vitrage blindé, au cas où ils auraient à faire à une agression démesurée. Après avoir balayé l'open space du regard à travers les stores, le téléphone positionné sur son bureau se mis à sonner. Il décrocha d'un tour de bras.

- Police d'Hawkins, capitaine Nacash à l'appareil, j'écoute ? 

- Oui bonjour, j'aimerais vous rencontrer concernant un litige avec mon voisin, pourrais-je passer d'ici peu ? Demanda un homme à la voix enrouée.

- Passez demain, mes hommes vous recevront. Lui indiqua Edouard.

- Merci capitaine, à demain peut-être. 

Il lui fallut une dizaine de secondes pour se rappeler ce qu'il allait faire. Edouard lança le dossier juste devant son ordinateur et alluma sa radio disposée sur l'appui de fenêtre, juste à côté d'un cactus planté dans un pot orangé. Il s'installa ensuite sur sa chaise de bureau et prit connaissance du dossier. Il se devait d'être concentré pour qu'aucun détail ne lui échappe. Edouard se munit alors d'un surligneur rouge et d'un surligneur jaune pour faire ressortir les éléments qui suscitaient son attention dans le dossier. Le premier détail qui lui sauta aux yeux, c'était le fait que la filiale Starcourt Industries était détenue par un groupe russe. C'était toujours intéressant pour les membres du FBI d'avoir un œil sur les opérations russes, quelles qu'elles soient. Le deuxième détail, c'était le nom du cosignataire du bail, un prénom et un nom à consonance russe. Edouard fut tout à coup extirpé de sa lecture lorsque la porte de son bureau s'ouvrit à la volée. Non sans surprise, il constata qu'il s'agissait de Hopper. Il portait une tasse de café dans chacune de ses mains.

- C'était 2 sucres que tu prenais toi non ? Demanda Hopper, comme s'ils n'avaient pas eu d'échange tendu il y avait de cela deux bonnes heures.

Il déposa sa veste bleue imperméable sur un petit crochet planté sur le dos de la porte.

- Et beaucoup de lait. Continua Edouard, amusé et déjà prêt à laisser leurs différents de côté.

Hopper, toujours avec un air illisible, déposa la tasse de café sur le bureau d'Edouard.

- Tu as quelque chose à te faire pardonner ? S'amusa-t-il encore en se levant et en attrapant la tasse de café en porcelaine d'un revers de manche. 

Il appuya son fessier contre le bord de son bureau. Hopper fit de même contre son propre bureau. Ils se trouvaient maintenant à un mètre de distance chacun, face à face. Hopper avait volontairement pris la décision de rester silencieux à l'entente de cette question.

- J'ai été con. Un renfort tel que le tien ne peut que m'être utile. Avoua-t-il finalement.

- Ca me touche, Jim. Confia Edouard.

Leur échange prit fin très rapidement car leur attention fut reportée sur les lampes du commissariat. Elles s'étaient mises à clignoter violement. La radio d'Edouard changeait de poste automatiquement. Les écrans d'ordinateur s'allumaient et s'éteignaient tour à tour.

- Qu'est-ce que c'est que ce bordel. Jura Edouard en sortant du bureau tout en ouvrant la porte à la volée et en regardant toutes les lampes de l'open space qui clignotaient. 

Jim avait le teint livide. Tout à coup, le commissariat fut plongé dans le noir complet. Plus aucune source de lumière autour d'eux. Jim eut l'étrange réflexe de se rendre sur le perron du commissariat en courant et en ouvrant brusquement toutes les portes. Edouard avait prit la décision de le suivre dans son sillage. Ils furent alors témoins d'un spectacle étrange. Toutes les lumières de la ville s'éteignaient, quartiers après quartiers.

- Je n'avais jamais vu une coupure de courant aussi énorme. Souligna Calvin, qui était en retrait.

- J'étais en train de me faire la même réflexion... Concéda Edouard, la bouche grande ouverte.

Le phénomène était très étrange, d'autant plus qu'il avait aperçut la pâleur du visage d'Hopper, avant que l'entièreté de la ville ne soit plongée dans le noir complet.

L'upside downOù les histoires vivent. Découvrez maintenant