Sous l'eau

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Noyée, dans une eau glacée, j'avais cessé de respirer. Ma peau était devenue pâle, aussi blanche que le marbre. Les cheveux inondés, les yeux vides, les lèvres bleues. J'avais cessé d'être. Les larmes qui autrefois me coulaient le long des joues avaient, malgré leur présence, disparues, noyées elles aussi.

J'étais tombée trop profond pour pouvoir remonter à la surface. La glace semblait recouvrir de plus en plus ma seule et dernière échappatoire. J'étais piégée. J'étais tombée dans ces moment-là où l'on ne s'y attend pas. Comme frappée d'un coup de faux de la mort elle-même, de son irrévocable autorité. Comme si l'on portait sur nos épaules d'un seul instant tout le poids des malheurs du monde, du malheur des autres.

Se laissant emporter par le courant, on oublie. On oublie pourquoi on est tombé, pourquoi on s'est laissé tomber. Cela nous revient aux derniers moments, aux derniers battements de cœur, aux dernières lueurs du soir. Alors, on se bat, on se relève, on relâche la pression et on apprend à nager.

Oui, maintenant nage. Nage par plaisir, par envie, par amour. Ne t'arrête pas. Et si un jour le destin te frappe à nouveau, rappelle-toi pourquoi tu te bats et continue. Jusqu'au dernier souffle, nage.

Décembre 2019

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