Chapitre 2

6 1 0
                                    

 La fumée de sa cigarette se mélangeait au vent. Un jour s'était écoulé depuis que Lyna et lui se sont adressés la parole pour la première fois. Mais il n'y pensait même pas. Il écrivait des paroles assis sur la chaise posée sur son balcon. Sa guitare électrique à la main, il tapotait dessus sans grande conviction. Puis, au bout d'une dizaine de minutes, il soupira. Il n'en pouvait plus. Page blanche. Rien ne lui venait à l'esprit. Il reprit sa cigarette sur son cendrier et continua à fumer lourdement. Il était épuisé. Encore un samedi qui ne sera pas productif. Le soleil commençait à se lever, et ses yeux se dirigeaient vers les lueurs qui s'en dégageaient. Après une petite réflexion devant ce beau spectacle, il écrasa sa cigarette et se dirigea à l'intérieur de son appartement. Il releva la tête, regarda son intérieur et soupira.

On pourrait attendre des bruits venant de la cuisine, ou du salon. Une phrase attendue, venant d'une mère, un père, peu importe. Mais rien. Juste le son d'une musique légère, du piano, ou de la guitare, quelque chose de simple qui lui réveillait le cerveau. Malheureusement, cette nuit, il n'avait pas dormi. il s'assit sur son lit, puis s'y allongea à moitié, les pieds sur le sol. Ses mains passaient sur son visage, son corps tremblait. Il avait sommeil, mais impossible de fermer l'œil. L'un de ses pieds commençait à taper de plus en plus vite sur le parquet. Il était en colère. Le silence lui brouille le cerveau. Et surtout, lui faisait apparaître des images. Même le son du piano en fond n'y faisait rien. Son esprit était épuisé. Les larmes commençaient à arriver.

Il écrasait ses paupières pour stopper la tristesse salée qui coulait sur ses joues. Sa respiration se coupe. Andrew sursaute. Il avait cette impression incessante que son corps mourrait. Il avait froid. Très froid. Tout se contractait en lui et son cœur était comme bloqué dans sa poitrine. Il serrait les draps dans ses mains. Ses oreilles ne captaient plus aucun son. Et pourtant, il n'avait jamais entendu un si gros bruit de toute sa vie. La musique avait disparu de ses oreilles, et malgré tout, son cerveau captait des bruits lourds qui tapaient sur ses tympans. Il avait l'impression que tout le poids du monde s'était posé violemment sur lui. Il ne respirait plus. Il tremblait et à la fois il était figé dans du ciment.

La sensation de bousculade déclenchée par une vague lui assena un énorme coup au beau milieu de sa crise. La peur de s'étouffer fit s'exciter son cœur et le réveilla. Il soupira avant de laisser ses bras de chaque côté de son corps, en position étoile sur son matelas. Il se releva lentement avant de prendre son téléphone et de monter un peu le son de sa musique. De la guitare acoustique envahissait l'appartement. Et sa peur disparut aussitôt. Il mordit très fort sa lèvre. Il en avait marre de cet effet qu'il ressentait au plus profond de ses poumons. Son cœur était creux. Il transpirait. Ses vêtements étaient trempés. Les lueurs de l'aurore traversaient ses vitres et illuminaient le sol face à lui. Le reste de la pièce était encore dans l'ombre.

Il retira son t-shirt, le mit dans la corbeille de linge et alluma l'eau de la douche. Ses yeux regardaient le régleur de température. Il indiquait une eau à trente degrés. Il appuya sur l'écran et entra le nombre "dix-huit". Une douche froide lui fera le plus grand bien. Il retira le reste de ses vêtements et se mit sous l'eau. Il se mordit la lèvre. La fraîcheur lui gelait le dos et le torse. Son corps sentait chaque goutte frapper sur sa peau. Tous ses poils étaient hérissés. Il avait de plus en plus froid. Mais ça le réveillait. Le liquide qui coulait sur ses épaules lui rappelait les vagues qui l'avaient trainé au plus profond de leurs ténèbres.


Quand enfin il sortit, enroulé de sa serviette, il séchait ses cheveux en regardant autour de lui. Il n'avait rien d'important à faire. Et après cette énième crise il n'avait qu'une seule envie. Compléter son mur d'autres dessins sans réel sens. C'était un peu comme sa thérapie contre cette phobie qui le rongeait. Il s'assit à son bureau et commença à griffonner. Il arrondissait ses traits pour former un visage, un corps, et répétait le mot "fear" au centre.

A last night aliveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant